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Protection du pastoralisme : « il y a urgence ! »

Michèle Boudoin, présidente de la FNO.
Michèle Boudoin, présidente de la FNO.
© CR

Ces derniers jours, la FNO a adressé une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Quel en est le contenu ?

Cette lettre ouverte est un plaidoyer de la FNO pour trouver des solutions pour la filière en matière de défense des troupeaux. La surprotection du loup depuis plus de 30 ans et les mesures de protection mises en place sont un échec en matière de prévention des attaques, car là où il y en le plus, c’est là où il y a le plus de victimes ! Cela conduit par ailleurs à un gaspillage d’argent public et une modification des systèmes d’élevage entraînant une fragilisation des aménités positives rendus par l’élevage : perte de biodiversité, fermeture des paysages, perte d’économie rurale… Et pour les éleveurs des pertes économiques qui se transforment en perte de souveraineté alimentaire pour la France comme pour toute l’Europe : là où il y a le loup il n’y a plus d’agneaux ! « if wolf no lamb ! »

Que demandez-vous à Emmanuel Macron ?

Nous demandons très clairement que la protection du pastoralisme soit affirmée comme une grande cause agricole de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne. Le président Macron ne cesse de dire qu’il souhaite « défendre l’excellence de notre modèle agricole », il évoque même un « moment historique » et un « moment rare » pour agir en faveur de la mise en cohérence des politiques européennes. Alors allons-y ! C’est en effet le moment pour l’Union Européenne d’être cohérente dans ses choix. Peut-elle, plus longtemps, vanter les services rendus aux territoires et à l’environnement par le pastoralisme, tout en continuant de fermer les yeux sur la menace permanente qui pèse sur celles et ceux qui font perdurer cette activité ? Accepte-t-elle, vraiment, de laisser des femmes et des hommes qui travaillent depuis des années pour nourrir nos populations et façonner nos paysages, tout perdre du jour au lendemain ? Se résout-elle à assister, passivement, à l’abandon de l’élevage et à la disparition de nos prairies, au seul nom d’une idéologie ? Voilà les bonnes questions que le président français doit se poser. Car faire primer la stricte protection des grands carnivores comme le loup sur celle des éleveurs et du pastoralisme, c’est préférer le dogme à une réalité de terrain pourtant toute simple : le loup n’est plus une espèce en voie de disparition en Europe, sa population a dépassé les 17 000 individus !

Un projet de résolution ne doit-il pas être examiné au Parlement européen au cours des prochaines semaines ?

Lors d’un déplacement dans la Creuse le 24 janvier dernier, le ministre de l’Agriculture a clairement déclaré que la question du loup serait abordée dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne. On y est ! C’est le moment pour E. Macron d’ancrer la politique européenne dans cette réalité et d’insuffler un vent de pragmatisme dans la politique européenne de conservation des espèces. Il y a urgence financière car la mauvaise gestion des grands carnivores coûte chaque année plus de 30 M€ à la France et plus de 28 M€ aux contribuables européens, sans aucun résultat positif pour les éleveurs. Il y a aussi urgence écologique puisque la disparition de l’élevage ovin dans les territoires serait un véritable non-sens en matière de lutte contre le changement climatique, de protection de la biodiversité mais aussi de préservation de la qualité de l’eau, de lutte contre les érosions, de prévention des risques d’incendies, ...

Pour répondre à ces enjeux, quels devraient-être les chantiers prioritaires de la présidence française ?

Premier chantier : déclasser le loup de l’annexe IV de la Directive Habitat, car au regard de l’évolution de ses effectifs en Europe le loup doit être exclu de la liste des espèces nécessitant une protection stricte, pour passer à celle d’intérêt communautaire dont le prélèvement est susceptible de faire l’objet de mesures de gestion. Deuxième chantier : financer les mesures de protection par des fonds européens autres que ceux du second pilier de la Politique Agricole Commune qui doivent être dédiés aux éleveurs, à la modernisation de leur exploitation et à leur transition agro-écologique. En aucun cas ils ne doivent financer la politique de conservation des grands carnivores ! Enfin, supprimer les lignes directrices de la Commission européenne qui qualifient les indemnisations versées aux éleveurs au titre des dégâts causés par les grands prédateurs comme des aides d’État alors qu’elles réparent un préjudice ! Pour toutes ces raisons la protection du pastoralisme contre les grands prédateurs doit être une des priorités pour la Présidence française du Conseil de l’UE.

Propos recueillis par Charlotte Rolle

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