Aller au contenu principal

JA
« Pour une agriculture jeune, dynamique et durable »

Jeunes Agriculteurs vient de publier son rapport d’orientation pour l’année 2021. Un document orienté principalement en direction du renouvellement des générations, comme le détaille son président, Samuel Vandaele.

Samuel Vandaele, président de jeunes Agriculteurs.
Samuel Vandaele, président de jeunes Agriculteurs.
© JA

Samuel Vandaele, aujourd’hui seulement 6.5% des agriculteurs européens ont moins de 35 ans et ce pourcentage ne cesse de diminuer. Jeunes Agriculteurs défend une agriculture " jeune, dynamique et durable ". Pour parvenir à ce rajeunissement de la profession, vous souhaitez une politique d’installation réaliste. C'est-à-dire ?

S. V : Oui, une politique d’installation qui comprend réellement les enjeux démographiques de demain. On s’en rend compte encore plus aujourd’hui avec la Covid-19 et l’importance d’entretenir une souveraineté alimentaire forte en France et en Europe. Il est donc essentiel de prendre en compte l’installation des jeunes par plusieurs axes.
Déjà par l’axe européen au travers de la PAC en soutenant et en accompagnant ces jeunes avec une aide financière mais aussi par des politiques territoriales. Je pense, par exemple, au portage de foncier car nous savons très bien que lorsqu’un jeune s’installe, il n’a pas forcément la capacité financière d’acquérir l’ensemble des terres. Différentes collaborations existent pour l’y aider.
Le deuxième axe que nous portons, c’est celui de la transmission. Il est important aujourd’hui d’avoir un dispositif réel pour accompagner ceux qui partent à la retraite à céder leurs
exploitations à des jeunes. Nous travaillons avec Bercy et son ministre, Bruno Lemaire, pour mettre en place des systèmes incitatifs et, ainsi, mieux relever le défi des générations pour demain.

Création et partage de valeurs. C’est l’un des axes essentiels de votre programme. Comment encourager et faciliter la mise en place d’un système efficace en ce sens ?

S. V : Le partage de la valeur est un sujet qui nous anime depuis plusieurs années et sur lequel nous avons énormément contribué lors des états généraux de l’alimentation. Un sujet sur lequel Jeunes Agriculteurs a mis en place de nombreuses actions, entre autres, au sein de la grande distribution et chez les industriels.
Aujourd’hui c’est un ras-le-bol général de la ferme France et de toutes ses filières. Nous sommes la seule profession qui ne fixe pas ses prix, malheureusement déterminés, auprès de l’agriculteur, par l’industriel ou l’acheteur. Nous produisons des produits sains, de qualité que nous retrouvons dans les assiettes des consommateurs et nous souhaitons vivre dignement de notre métier. Le partage de la valeur doit être clair et suivre un schéma de transparence à mettre en place tout au long de la chaine alimentaire, aussi bien chez les intermédiaires, les grossistes ou la grande distribution. Nous connaîtrons ainsi les marges de l’ensemble des acteurs et nous pourrons enfin extraire une marge lors de la vente de nos productions. Si nous ne pouvons pas l’assurer, comment voulez-vous donner l’envie de devenir agriculteurs aux plus jeunes.
Il faut véritablement que tout le monde joue le jeu et cela passe aussi et surtout par les consommateurs qui doivent réaliser un véritable acte citoyen lorsqu’ils achètent des produits en privilégiant les produits d’origine française. Des produits qui respectent les normes de notre pays et son environnement, disposant de la meilleure traçabilité au monde. C’est de cette façon que nous pourrons relever le défi de la souveraineté alimentaire, et, de fait, celui d’une rémunération juste des agriculteurs et assurer le renouvellement des générations.

Les aléas climatiques s’enchainent et mettent en difficultés, chaque année, les trésoreries des exploitations. Comment assurer une sécurisation des revenus des agriculteurs ?

S. V : La gestion des risques est un grand sujet ! Un sujet d’actualité dans un département comme l’Allier et les départements voisins avec ces sécheresses qui sévissent d’année en année. Nous, chez Jeunes Agriculteurs, la gestion des risques, des aléas climatiques, nous la voyons de façon beaucoup plus large. L’idée est de sécuriser nos exploitations face aux risques économiques. Nos productions évoluant sur des marchés mondiaux, il est important de mettre en place des dispositifs de régulation pour en garantir un prix minimum.
Le second risque est humain car, oui, les agriculteurs ne sont pas des surhommes et doivent pouvoir bénéficier des services de remplacement nationaux et départementaux en cas de maladie. A cela s’ajoute la sécurisation financière de l’exploitant en lui permettant d’épargner les bonnes années afin d’avoir les ressources nécessaires pour vivre lors d’autres, plus mauvaises. Nous travaillons en ce sens avec le gouvernement autour de l’épargne de précaution.
Il y a, enfin, les risques climatiques que nous pouvons contrer grâce à l’assurance qu’il faut rénover afin de la rendre plus efficace sur le terrain. Je pense, entre autres, aux prairies pour lesquelles ce dispositif n’est pas réellement adapté. Il faut donc mieux accompagner les agriculteurs à s’assurer au travers de la PAC. Cela passe aussi par l’inventivité de l’agriculture ou l’adaptation de l’agriculteur au changement climatique à travers l’intégration d’espèces craignant un peu moins la sécheresse, le changement de ration pour les animaux ou de nouvelles techniques permettant ainsi de limiter l’impact du changement climatique sur nos exploitations.

Une agriculture qui doit s’adapter face à une évolution climatique rapide tout en respectant encore mieux l’environnement qui l’entoure et répondre aux attentes des consommateurs. Comment relever les défis environnementaux de demain ?

S. V : Nous sommes les premiers à en subir les conséquences, alors que, d’une manière globale, tout le monde en est responsable. Il est donc indispensable que, tous, nous en prenions conscience pour y faire face en changeant nos modes de consommation, nos méthodes de production. C’est un enjeu colossal qui se dresse devant nous et, nous les jeunes, nous sommes prêts à y répondre. Des actions doivent être mises en place à l’échelle des terroirs et pas uniquement à Paris. Ce n’est pas avec du normatif que cela se réglera, car, sinon, les agriculteurs le vivront comme une écologie punitive. Les agriculteurs, doivent, de manière volontariste, faire évoluer leurs systèmes de production. Des mesures de bons sens, développées par territoire, par filière avec lesquelles nous pourrons avancer. Il faut reconnecter l’économie à l’environnement, aux territoires, aux filières, et aux produits, pour que tout cela marche dans le bon sens et que tout le monde en ressorte gagnant.
 

Les plus lus

Pour les producteurs de lait, l'interprofession doit être une instance de dialogue  sur tous les sujets.
« Les industriels veulent-ils encore faire tourner leur usine avec du lait français ? »

Après la démission du président du Cniel, et alors que les producteurs de la zone Alpes Massif central alertaient depuis…

Deux hommes et une femme devant le panneau de l'hostellerie
La famille Rouchet redonne vie à Curebourse

Bien implantés à Aurillac, Mickaël et Audrey Rouchet ont racheté l’hostellerie Saint-Clément, avec l’ambition d’y accueillir…

Une attaque de loup sur brebis et agneau, le 24 octobre dernier à la Tour d’Auvergne, a été confirmée par l’OFB
Une première attaque de loup dans le Puy-de-Dôme

En octobre, 4 nouveaux signalements de constats de prédation avec suspicion de loup ont fait l'objet d'expertise par le…

Les coupures de journaux de 1983
20 octobre 1983 : quand la tondue de Saint-Flour sortait de l'ombre

Le film, “La recluse de Saint-Flour, contre-enquête” revient sur l’affaire Esther Albouy. 
Il déroule l’existence de “…

L'alimentation animale, la clé de performance productive des animaux

Une alimentation adaptée et une gestion optimisée des fourrages participent à garantir les performances du troupeau laitier et…

En présence d’Emmanuel Ferrand, conseiller régional, délégué au fonds Feader, Ludivine et Pierre Lot ont présenté leur exploitation agricole.
Garantir des prêts à l'installation en agriculture, c'est possible en Auvergne-Rhône-Alpes

Ludivine Lot s'est installée aux côtés de son conjoint, Pierre au Breuil dans l'Allier grâce notamment au fonds de garantie…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière