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Portraits de plantes indicatrices à surveiller

Ces plantes qui en disent long sur nos prairies : comprendre et agir face à leur développement

Quelles sont les plantes indicatrices ?

Pourquoi ces plantes se développent-elles plus qu’avant ?

Comment reprendre la main ?

Un travail de fond, mais des résultats durables

 

Quelles plantes repérer ?

Depuis deux années particulièrement humides, nombre d’éleveurs ont vu certaines plantes s’installer, voire exploser, dans leurs prairies. Renoncule, rumex, chardon ou encore jonc : ces espèces sont de précieux indicateurs du fonctionnement de la prairie… mais peuvent aussi vite devenir problématiques si elles prennent le dessus. Tour d’horizon de ces plantes révélatrices et des leviers concrets pour les maîtriser.

Le Rumex (Rumex obtusifolius, Rumex crispus)

Plante vivace à large feuillage, le rumex apprécie les sols riches, compacts et humides, souvent déséquilibrés en éléments fertilisants. Sa racine pivotante profonde lui permet de résister au piétinement et de revenir année après année. Son expansion rapide est souvent favorisée par un excès de fertilisation azotée ou un déséquilibre NPK, combiné à une gestion inadéquate du pâturage.

  • Risques : perte de valeur fourragère, difficultés de récolte.
  • Ce qu’il révèle : excès d’azote, compaction du sol, déficit de couverture végétale.

La Renoncule (Ranunculus)

Reconnaissable à ses petites fleurs jaunes et à ses feuilles découpées, la renoncule est un indicateur classique de prairies humides et mal portantes. Elle prolifère notamment dans les zones de stagnation d’eau ou lors de printemps particulièrement pluvieux. Peu consommée par les animaux, elle tend à dégrader la qualité globale du couvert.

  • Risques : baisse d’appétence des fourrages, concurrence le couvert végétal en place.
  • Ce qu’elle révèle : excès d’eau dans le sol, manque de portance, tassement et mauvaise structure.

Le Chardon (Cirsium arvense, Cirsium vulgare)

Plante piquante bien connue des éleveurs, le chardon signale souvent un sol perturbé, un déséquilibre de fertilisation ou un défaut de pâturage. Sa propagation est favorisée par les fauches tardives, les coupes répétées trop hautes, ou encore les sols dégradés.

  • Risques : gêne au pâturage, prolifération rapide par rhizomes.
  • Ce qu’il révèle : sol compacté, fauche ou pâturage inadaptés, fertilisation déséquilibrée.

Les Joncs (Juncus spp.)

Symbole des zones hydromorphes, les joncs s’installent durablement dans les prairies mal drainées. Leurs touffes dures sont souvent boudées par les animaux. Ils traduisent un véritable déséquilibre du milieu.

  • Risques : perte de surface pâturable, baisse de qualité fourragère.
  • Ce qu’ils révèlent : excès d’eau permanent, sol mal structuré ou non drainé, excès de matière organique.

Lire aussi : https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/la-plus-belle-encyclopedie-botanique-du-monde-est-desormais-accessible-gratuitement-en-ligne

Pourquoi ces plantes se développent-elles plus qu’avant ?

Les deux dernières années exceptionnellement humides ont joué un rôle central dans leur prolifération :

  • Allongement des périodes d’humidité du sol ➜ mauvaise portance ➜ sous-exploitation ou surpiétinement.
  • Retards de fauche ou impossibilité d’accès aux parcelles ➜ absence de gestion mécanique.
  • Fertilisations azotées non valorisées ➜ déséquilibres et stimulation d’espèces non désirées.

Autrement dit, ces plantes sont les symptômes visibles de prairies qui ne fonctionnent plus de manière optimale.

Comment reprendre la main ?

Régler les causes plutôt que les symptômes

La lutte chimique ou mécanique ne fait que repousser le problème si l’on ne s’attaque pas à la source. Une prairie en déséquilibre verra ces plantes revenir tôt ou tard. Voici les grands leviers d’action :

1. Maîtrise du pâturage

Un pâturage bien mené peut corriger à long terme la majorité des déséquilibres :

  • Temps de pâturage court : 5 à 7 jours maximum par parcelle.
  • Temps de repos suffisant : 30 jours minimum pour permettre la reconstitution des réserves des graminées.
  • Chargement adapté : environ 50 ares / UGB.

Cela limite le surpiétinement, favorise les espèces appétentes et régule naturellement les indésirables. En bonus : une pression parasitaire réduite.

2. Fertilisation équilibrée

  • Réaliser une analyse de sol pour connaître précisément la teneur en éléments nutritifs disponibles (azote, phosphore, potassium, calcium…) ainsi que le pH du sol, afin d’ajuster les apports de manière raisonnée.
  • Adapter les apports selon les besoins réels de la prairie.
  • Éviter les excès d’azote qui stimulent rumex et renoncule.
  • Favoriser un bon rapport N/P/K et un pH adapté (en général autour de 6 à 6,5).

3. Amendements et structure du sol

  • Réaliser des apports raisonnés de CaO ou de compost pour relancer la vie du sol.
  • Favoriser la portance avec un travail sur le drainage et/ou une rotation avec une culture structurante (ex : luzerne, trèfle, méteil).

4. Interventions mécaniques ciblées

  • Fauche basse et régulière sur les plantes à rosettes (rumex, chardon) dans leurs stades juvéniles.
  • Déchaumage ou scalpage possible sur les secteurs très infestés.
  • Fauche précoce des renoncules avant floraison pour éviter la dissémination.

Lire aussi : La gestion des prairies naturelles pour une meilleure productivité

Un travail de fond… mais des résultats durables

La reconquête de la prairie ne se fera pas en un an. Mais en combinant maîtrise du pâturage, fertilisation raisonnée, amélioration de la structure du sol et gestion ciblée, il est tout à fait possible d’inverser la tendance. En quelques années, les espèces prairiales adaptées peuvent reprendre le dessus et redonner à la prairie tout son potentiel productif… et appétant.

N’oublions pas que ces plantes, aussi envahissantes soient-elles, sont avant tout des indicateurs précieux. En les écoutants, on peut ajuster nos pratiques pour une prairie plus saine, plus durable et plus productive.

Article rédigé dans le cadre du PRDAR AE3 "Économies d'intrants et préservation de la biodiversité"

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