Politique agricole commune : Le Massif central défend le choix des hommes
Alors que la Commission européenne devrait rendre ses premiers arbitrages sur la Politique Agricole Commune (PAC), le 16 juillet prochain, la profession agricole du Massif central rappelle ses ambitions qui place l'actif agricole au cœur des enjeux.
Alors que la Commission européenne devrait rendre ses premiers arbitrages sur la Politique Agricole Commune (PAC), le 16 juillet prochain, la profession agricole du Massif central rappelle ses ambitions qui place l'actif agricole au cœur des enjeux.

L'actif agricole au centre de la feuille de route du Massif central pour la PAC post 2027
En prévision de chaque nouvelle réforme de la PAC, la profession agricole du Massif central, réunie autour de la Copamac-Sidam, a pris l'habitude de formuler des propositions. Dans ce vaste territoire d'élevage herbager et de polyculture élevage, l'agriculture joue en effet un rôle pivot. Les prochaines annonces de la Commission européenne sur le canevas de la prochaine programmation de la PAC post-2027 seront scrutées avec attention.
En attendant, les élus du Massif central plaident d'abord pour une PAC ambitieuse, autrement dit dotée d'un budget suffisant, qui tienne compte de l'inflation, qui dispose d'un budget autonome et structuré en deux piliers.
Une politique forte donc, soutenant les prix, centrée sur les agriculteurs actifs, reconnaissant la spécificité des territoires à handicaps naturels, apportant une juste rémunération des services rendus par l’élevage ruminant et sécurisant les revenus face aux risques. Actuellement, c'est sur ces cinq axes forts que les responsables professionnels communiquent auprès d'élus, chefs de cabinets, conseillers… en France et en Europe.
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Politique agricole commune : Pourquoi le calendrier de la Commission européenne inquiète ?
« Nous appelons les dirigeants de l’UE à faire en sorte que la prochaine PAC et le futur Cadre Financier Pluriannuel (CFP) donnent aux agriculteurs les moyens d’agir, protègent notre environnement et maintiennent la vie dans les zones rurales européennes », s'est voulu rassurant le commissaire européen à l'agriculture Christophe Hansen. Pour l'heure, la menace semble pourtant venir davantage de la Commission que du Conseil ou du Parlement. Le fait que la première ait prévu de présenter, le 16 juillet prochain, à la fois le projet de CFP et la proposition de la future PAC n'est pas sans inquiéter. À tel point que la présidente de la commission « Agriculture » du Parlement européen, « soutenue par la grande majorité des groupes politiques de la commission », a pris la plume le 12 juin pour rappeler à la Commission « que les propositions législatives sur la future PAC devraient suivre, et non coïncider, avec la présentation du prochain CFP ».
Flécher les aides de la PAC en direction des agriculteurs qui produisent vraiment
« Pour relever les défis économiques, climatiques et démographiques, la future Politique agricole commune doit impérativement favoriser la présence d’actifs agricoles sur tous les territoires et l’installation de nombreux jeunes agriculteurs ; enjeux clés pour garantir un niveau de production en quantité et en qualité, la vie économique des zones rurales, la diversité des systèmes agricoles et des filières agroalimentaires et les services écosystémiques rendus par l’agriculture », explique Yannick Fialip, président du Sidam.
Dans le détail, il s'agit :
- d'attribuer les aides de la PAC seulement aux exploitants qui produisent effectivement, à partir d’une définition précise de l'actif agricole ;
- favoriser les actifs dans les modalités d’application des aides versées à l’hectare, via le plafonnement, la dégressivité des aides et le paiement redistributif ;
et encourager l'installation des jeunes agriculteurs en mettant en place des dispositifs incitatifs pour favoriser le renouvellement des générations.
Pas d'agriculture, ni d'installation sans prix rémunérateurs
Pour les élus du Massif central, cela passe par :
- des mesures sur les prix (acter, par la révision du règlement OCM, les principes de contractualisation du prix de la matière première agricole et du respect de l’utilisation dans les contrats des indicateurs de prix de revient de référence tels que définis dans les États membres ; et rendre impossible la vente à perte des produits agricoles),
- sur la concurrence (réintégrer dans l’application du droit de la concurrence l’exemption agricole sur la base de spécificité structurelle de l’activité primaire ; lutter contre toutes les pratiques commerciales déloyales, y compris celles au sein d’alliances européennes ou internationales),
- sur l'origine (renforcer l’information claire aux consommateurs de l’origine de tous les produits agricoles ; encadrer et protéger la dénomination des viandes vis-à-vis des produits végétaux),
- et défendre la réciprocité des normes pour s’assurer du respect par les produits importés des normes européennes et ne pas exposer les agriculteurs à une concurrence déloyale.
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ICHN = élevage
Sur le volet compensation des handicaps naturels, le Massif central persiste et signe : l'ICHN doit être préservée et cibler exclusivement l'élevage.
« L’ICHN doit être un moteur de redynamisation de l’élevage dans les zones défavorisées. Elle doit devenir une politique d’orientations stratégiques pour les territoires et une condition clé pour lutter contre l’agrandissement, la désertification et l’appauvrissement des sols », estime Patrick Bénézit, président de la Copamac.
Dans la même veine, les responsables professionnels du Massif central défendent le principe d'une reconnaissance des services rendus par les prairies et les animaux qui pâturent ces prairies (capacité à ne pas déstocker le carbone dans les sols, biodiversité, eau, ...) et d'un accompagnement des éleveurs dans leurs démarches d’adaptation au changement climatique et de transition vers des systèmes plus durables et plus résilients.
Enfin, à l'heure où les crises se multiplient, qu'elles soient de nature économique ou sanitaire, il paraît indispensable pour l'Europe d'offrir à ses agriculteurs un filet de sécurité : déploiement d'une réserve de crise, d'une stratégie sanitaire ambitieuse, adaptation des réglementations, flexibilité des outils de gestion des risques climatiques, soutien des initiatives locales innovantes…
Le Massif central compte 42 % du cheptel bovin viande, 28 % du cheptel ovin et caprin et 20 % du cheptel bovin laitier français.