Planète, un outil de diagnostic énergétique
Les élèves de l’ISVT au Puy ont testé, en partenariat avec la Chambre d'Agriculture, le diagnostic énergétique en Haute-Loire sur un groupe de 9 exploitations. Ce diagnostic consiste à effectuer un bian sur une année des entrées et des sorties énergétiques d'une exploitation agricole. Il en ressort qu’il n’y a pas d’exploitation modèle économe en énergie, mais toutes disposent d’une marge de manœuvre permettant d’améliorer leur efficacité énergétique.

Ce jeudi 2 avril, les étudiants des sections Apprentissage et Formation initiale de 1ère année du BTS ACSE de l’ISVT ont présenté les résultats du travail qu’ils ont réalisé en partenariat avec la Chambre d’Agriculture. Une dizaine d’éleveurs laitiers se sont proposés pour être enquêtés par les étudiants afin de tester une méthode de diagnostic énergétique. Les jeunes se sont rendus dans les exploitations pour collecter les informations ; après saisie informatique et analyse des données, ils ont remis à chaque agriculteur un dossier récapitulant les résultats de leur bilan énergétique assortis de quelques commentaires et pistes de réflexion.
La 2è partie de l’après-midi a permis de comparer les résultats obtenus dans les différentes exploitations, entre elles et avec des références obtenues au niveau national.
Qu’est-ce que le diagnostic PLANETE ?
Il s’agit d’effectuer sur une année un bilan des entrées et sorties énergétiques d’une exploitation agricole. Les entrées prennent en compte d’une part les énergies directes : fioul, gaz, électricité… et d’autre part les énergies indirectes, c'est-à-dire celles qui ont été consommées pour la fabrication des intrants (engrais, aliments achetés, produits vétérinaires et phytosanitaires…) et des équipements (bâtiments, matériel…). Les produits agricoles vendus (lait, viande, céréales…) constituent la quantité d’énergie produite par l’activité de l’exploitation, c’est-à-dire les sorties de l’exploitation.
Afin de permettre des comparaisons entre postes de consommation énergétique, toutes les données énergétiques sont converties dans une même unité : l’EQF ou équivalent litre de fuel.
Le rapport Energie produite / Energie consommée permet de calculer l’Efficacité énergétique. Cette valeur, en général largement positive pour les exploitations de grandes cultures, est souvent inférieure à 1 chez les éleveurs. En effet, plus le produit vendu a subi de transformations intermédiaires (fromage par ex.) plus l’efficacité énergétique est faible (plus de consommations énergétiques pour 1000 l de lait transformés que pour 1000 l de lait bruts).
Les principaux postes de consommation énergétique
En exploitation laitière (moyenne de 201 élevages français), sur un total de près de 460 EQF / ha de SAU, les consommations d’énergies directes (fuel, électricité…) en représentent moins de la moitié (44 %) ; en ajoutant les achats d’aliments et d’engrais, on dépasse 75 % du total.
Des exploitations enquêtées relativement économes en énergie
Les principaux postes de consommation identifiés sur les exploitations enquêtées sont les mêmes que ceux relevés au niveau national (cf graphique).
Les consommations énergétiques relevées sont relativement modérées, alors que les contraintes (relief, climat, parcellaire éclaté) auraient pu faire craindre le contraire. L’ensemble des exploitations visitées obtient des chiffres inférieurs à la moyenne française des exploitations conventionnelles et proches de la moyenne des exploitations dites durables. Alors que le ministère de d’agriculture souhaite promouvoir l’agriculture durable, il semble que dès à présent de nombreuses exploitations de Haute-Loire correspondent à cette attente (peut-être sans le savoir !).
Une grande variabilité d’une exploitation à l’autre
Tant au niveau national que dans le groupe d’exploitations étudiées en Haute-Loire, on constate des différences importantes de consommation énergétique. Il semble qu’il n’y ait pas de lien entre les consommations d’énergie par ha de SAU et la taille de l’exploitation, la taille du troupeau laitier ou le rendement laitier de l’exploitation.
À la recherche d’une plus grande autonomie
Une fois le bilan réalisé, l’objectif est de diminuer les consommations énergétiques des postes les plus voraces en évitant les substitutions d’un poste vers l’autre et en évitant bien sûr de diminuer les sorties (vente de lait, de viande et de céréales) afin de maintenir une efficacité énergétique et des résultats économiques intéressants !
Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre de façon systématique afin de diminuer ces consommations d’énergie et de réaliser des économies :
Pour le fuel : faire contrôler et régler son tracteur (peut faire gagner 2 litres par heure) ; conduire de manière douce, bien adapter la puissance de travail à la charge à manipuler, réaliser des abreuvoirs dans les pâturages quand c’est possible…
Pour l’électricité : les marges de manœuvre sont plus limitées ; une fois chassés les éventuels gaspillages, peuvent être envisagés des investissements destinés à pré-refroidir le lait ou à récupérer la chaleur issue du tank à lait, voire l’utilisation d’énergies renouvelables (solaire, bois…)
Pour les engrais : en terme de consommations énergétiques, ce sont surtout les engrais azotés qu’il convient de maîtriser car ils comptent à eux seuls pour les ¾ de l’énergie contenue dans l’ensemble des engrais achetés. Il faut donc avant toute chose valoriser le mieux possible les engrais de ferme, ce qui implique de connaître leur valeur fertilisante et leur disponibilité. Les achats d’engrais minéraux devront ensuite être raisonnés en fonction de la fertilisation organique apportée disponible, des besoins des cultures et de la période d’apport optimale….
D’autres actions peuvent être mises en place en fonction du cas précis de chaque exploitation :
Augmenter la place des légumineuses dans l’assolement (trèfle, luzerne …) sera très bénéfique en termes d’achats d’engrais azotés (inutiles), de restitutions au sol et de qualité des fourrages récoltés. Les légumineuses montrent également leur intérêt pour limiter les achats de tourteaux.
Favoriser le pâturage : une proportion importante d’herbe dans la ration permet de réduire les achats de concentrés azotés, d’autant plus que l’herbe consommée aura un rapport PDI/UF élevé.
Le pâturage permet également d’économiser sur les consommations énergétiques liées à la récolte, à la distribution et au stockage des fourrages.
En conclusion, il ressort qu’il n’y a pas d’exploitation modèle économe en énergie, mais toutes disposent d’une marge de manœuvre permettant d’améliorer leur efficacité énergétique. Une chose est sûre : économie énergétique rime avec autonomie mais aussi la plupart du temps avec économie financière !
Plan de performance énergétique
Des aides financières sont prévues
Un « plan de performance énergétique » a vu le jour en février 2009. Il vise à faire réaliser 100 000 diagnostic énergétique de type Planète d’ici 2013 ; et traduit l’objectif du Grenelle d’atteindre un taux de 30% d’exploitations agricoles à faible dépendance énergétique en 2013.
Ce plan prévoit le financement des diagnostics énergétiques réalisés par un organisme compétent à hauteur de 50% (60% pour les JA).
Certains investissements aidés
De plus, certains investissements pourront être aidés au même taux, à condition qu’ait été réalisé au préalable un bilan énergétique de type Planète par un organisme compétent. Citons par exemple les équipements suivants : isolation des bâtiments agricoles, pré-refroidisseur de lait, récupérateurs de chaleur sur tanks à lait, séchage en grange solaire, chauffe-eau solaire, chaudières à biomasse, bancs d’essai moteur … Seuls seront pris en compte les investissements de plus de 2000 €, le coût plafond étant de 40 000 € (supérieur pour les GAEC et CUMA). Les fonds mobilisables pourront être des fonds européens, des fonds d’Etat ainsi que des fonds de collectivités. Le montage financier de ce dispositif et les modalités de sélection des dossiers sont en train d’être calés ; nous vous en tiendrons informés dans votre journal.
Comment faire réaliser un bilan énergétique ?
La Chambre d’Agriculture est officiellement compétente pour réaliser ces diagnostics énergétiques. Le tarif d’intervention est fixé à 800 €/diagnostic, ce qui comprend ½ journée de collecte des informations, 1 jour de saisie et traitement au bureau et ½ journée de restitution à l’exploitant. Pour toute demande, contacter Marie-Astrid Lombard
au 04 71 07 21 53.