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Lait
Plaine - montagne : les écarts se creusent

Une étude de l’Institut de l’élevage sur l’évolution des différents bassins laitiers de l’Hexagone entre 2000et 2010confirme un renforcement des contrastes entre zones.

© P.O.

Voilà un document de travail dont les producteurs de lait des zones de montagne aimeraient bien que le ministère de l’Agriculture en fasse son livre de chevet et s’en inspire à l’heure - prochaine - de trancher parmi les différents scénarii d’application nationale de l’accord européen fixant le cadre communautaire à la future Pac. Présentée il y a un an déjà à la Commission des comptes de l’agriculture, cette étude conduite par Christophe Perrot du département Économie de l’Institut de l’élevage, dévoile les dynamiques laitières territoriales à l’œuvre sur la décennie 2000-2010,soit entre les deux derniers recensements agricoles (RGA). Des dynamiques qui ont conduit à un accroissement des contrastes entre les bassins laitiers français, notamment entre zones de plaine et zones de montagne-piémont.

La moitié des moins de 200 000 litres en montagne

En amont, l’Institut de l’élevage (Idele) explique que le maintien d’une production laitière sur tout le territoire, objectif affiché par la profession, est encore une réalité avec une production présente dans 92%des petites régions agricoles de l’Hexagone pour un total de 76000exploitations laitières. Néanmoins, les densités les plus fortes se retrou­vent aujourd’hui dans deux croissants laitiers : celui du Nord-Ouest (du Pas-de-Calais à la Vendée) avec souvent plus sixexploitations laitières pour 10km2 et un second du Jura au sud Massif central avec des densités moyennes plus souvent proches des quatreexploitations/10 km2. Au-delà de cette distribution spatiale, l’étude révèle un phénomène a priori paradoxal : des développements d’exploitation (en progression de quotas moyens par exploitation) sensiblement plus forts dans les zones à plus faibles densités (Poitou-Charentes, Centre, Nord-Bourgogne, Champagne-Ardennes) avec des références qui dépassent largement les 400000litres par exploitation (chiffres 2009) contre 200 à 250000 l dix ans plus tôt. En revanche, dans les zones de montagne comme le Cantal, la Haute-Loire, les Savoie, les moyennes n’ont gagné que 100000l (autour de 150- 200000l en 2009). Dans le Grand Ouest, de 200à 250000 l/exploitation, les références moyennes ont augmenté jusqu’à 350000l voire 400000l en 2009. L’écart entre plaine et montagne s’est ainsi accru rapidement : “47%des exploitations disposant de moins de 200000litres de quotas sont en montagne- piémont pour 8%seulement des plus de 500000litres, alors que ces zones concentrent un quart des exploitations laitières”, analyse l’Idele. En précisant que le contraste plaine-montagne s’est surtout accentué sur les trois dernières années de la décennie (2007-2010) avec des moyennes qui ont progressé à chaque fois de 40000 l en montagne, le double en plaine. Les effectifs suivent ces mêmes tendances : 37vaches laitières en moyenne en montagne contre 52VL en plaine.

L’essor des zones de polyculture-élevage

Second phénomène marquant de cette décennie : le développement des grandes exploitations en plaine : la moitié des 2000plus grands élevages (1 million de litres de moyenne) est située dans les zones de polyculture-élevage (50%en zéro pâturage). Et les 33000 exploitations (soit 4%du total) à plus de 100VL recensées dans l’Hexagone gèrent aujourd’hui 11%des VLfrançaises. Ces zones affichent aujourd’hui une réelle rentabilité avec “des systèmes plus productifs, plus intensifs, souvent efficaces mais plus rigides”, commente l’Institut. L’étude s’est par ailleurs intéressée au remplacement des chefs d’exploitation laitière selon les bassins de production entre 2000et 2010.Les résultats confirment un taux de renouvellement plus élevé dans les massifs : une installation (hors conjoint) pour un peu plus de deux départs dans le Jura, une pour trois départs dans les Alpes du nord et l’Ouest du Massif central, une pour 3,5départs en zone herbagère. Dans l’Ouest et les zones de polyculture-élevage intensif, ce ratio est d’une installation pour près de quatre départs (et plus de six départs dans les autres zones de polyculture-élevage). Ce rapport conditionne directement l’ampleur de la restructuration laitière sur la décennie : le nombre d’exploitations laitières a chuté de près de 5% par an en zone de polyculture-élevage intensif contre - 2,5%/an seulement dans le Jura (- 3,5%/an dans l’Ouest du Massif central). Côté revenus enfin, si au début des années 2000le différentiel entre polyculteurs-éleveurs (21000€/UTA) et éleveurs de plaine et de montagne (lait ou lait+viande, 17500€/UTA) était réduit, les années 2007-2008ont vu les écarts se creuser avec une forte réactivité des exploitations de plaine et de polyculture- élevage dont les revenus sont respectivement montés jusqu’à 28000€ et 40000€ tandis que ceux des producteurs de montagne ont à peine dépassé 15000€. En cause : une période de prix hauts trop courte et un manque de fourrages de qualité pour appuyer sur l’accélérateur de la production montagnarde. L’année 2009 a par contre vu plonger indifféremment les revenus de tous les producteurs de lait à 10000 € avant un redressement encore une fois nettement plus important en polyculture-élevage. Néanmoins, en 2010,l’application du bilan de santé de la Pac a permis de réduire les écarts de revenus entre plaine et montagne. Les producteurs des massifs ont eux aussi amorcé un sursaut de production mais sans que les investissements aient suivi. Une différenciation territoriale qui, pour Christophe Perrot, constitue un véritable défi pour la production française et des constats qui appellent selon lui à renforcer les politiques agricoles et laitières nationales et européennes pour la montagne parallèlement à une démarcation des filières et productions dans ces zones.

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

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