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Portrait
"Pas de syndicat, pas d'agriculteurs !"

Doté d'une fibre syndicale solide, Philippe Defay porte plusieurs casquettes au sein de la FDSEA et il attend 
avec impatience l'arrivée des nouvelles générations pour défendre la profession.

«Si vous attendez après nos politiques et notre administration, les agriculteurs sont appelés à tous disparaître ! » : Philippe Defay.
«Si vous attendez après nos politiques et notre administration, les agriculteurs sont appelés à tous disparaître ! » : Philippe Defay.
© © HLP

Philippe Defay, éleveur de bovins viande installé à Yssingeaux (lieu-dit Les Cayres) et bien connu de ses pairs en raison de ses nombreuses responsabilités professionnelles au sein de la FDSEA de Haute-Loire, n'a pas toujours été agriculteur... Issu d'une famille d'agriculteurs depuis plusieurs générations, Philippe n'a préalablement pas opté pour des études agricoles ; il préfère la mécanique et la serrurerie, domaines dans lesquels il obtient un CAP et un BEP. "À l'époque, je ne voulais pas devenir agriculteur, car j'ai souvent vu galérer mes parents, que ce soit en raison de mauvaises conditions de travail ou de leurs faibles revenus..." explique-t-il. Il devient donc salarié, d'abord dans l'entreprise Gérentes puis en carrosserie pour camion à Ste Sigolène. Après 20 années de salariat et une belle progression de carrière, puisqu'il est devenu chef d'équipe, en 1996, il reprend la ferme de ses parents, partis à la retraite. Il faut dire que Philippe n'était pas totalement étranger à la ferme familiale... "Lorsque j'étais salarié, je travaillais en poste et dès que j'étais disponible, j'allais sur l'exploitation. Au fil du temps, j'ai vu la mentalité de mes collègues de travail évoluer et c'est devenu de plus en plus dur de gérer du personnel. Et après réflexion, j'étais attiré par la liberté qu'offre le métier d'agriculteur et surtout le fait de ne pas subir les décisions prises par des supérieurs".
Ces 20 ans de salariat restent pour lui une belle expérience qui lui sert quotidiennement dans son métier d'éleveur. "J'entretiens moi-même mon matériel et je ne travaille qu'avec des tracteurs anciens que je répare moi-même. Ça permet de faire des économies... Mon ancien métier m'apporte aussi beaucoup en tant que gestionnaire“. Il sait aussi que le monde du travail est compliqué et pas seulement dans l'agriculture : "Certes les agriculteurs travaillent avec du vivant et sont tributaires de la météo, mais tout n'est pas idéal pour les salariés non plus !".
 

"Le foncier c'est la base de notre métier"


Au fil du temps, Philippe a fait évoluer la ferme familiale. Il a conservé les productions de lait et de bovins viande jusqu'en 2003, puis il a vendu le troupeau limousins en raison de la sécheresse avant de stopper le lait en 2005 en raison d'un bâtiment peu fonctionnel. Il a alors produit des veaux de boucheries (achetés en direct par des bouchers) et a progressivement reconstitué un troupeau allaitant en race Aubrac. Aujourd'hui, Philippe est spécialisé en bovins viande (pour la vente de broutards) et il élève 52 Aubracs sur une SAU de 54 ha ; une surface qu'il juge insuffisante alors qu'à 59 ans, il commence à réfléchir à la transmission de son exploitation. "Mon neveu serait intéressé par la reprise mais il faudrait au moins 15 ha supplémentaires ! Quand on transmet un outil, il faudrait qu'il soit viable". Et d'ajouter : "le foncier c'est la base de notre métier. On peut avoir une cathédrale dans son pré, toute la génétique que l'on veut et la moitié de la concession dans sa cour de ferme, sans foncier, ça ne fonctionne pas !"
Dans ce secteur du département, la pression foncière est un vrai problème et cet agriculteur sait de quoi il parle puisqu'il est délégué cantonal "structures" FDSEA. D'ailleurs il veille et milite depuis des années pour que la profession agricole soit confortée et même priorisée dans l'attribution de foncier.
 

"Penser plutôt à ses voisins"


La fibre syndicale, Philippe Defay l'a depuis très jeune, tout comme son père avant lui... "Je crois avoir cotisé au syndicat local avant même mon installation !". Pour lui l'engagement syndical devrait être une priorité car "le syndicat défend tous les agriculteurs. C'est aussi très gratifiant de s'investir dans des responsabilités". Philippe est d'abord devenu membre de la section laitière, puis président du syndicat local d'Yssingeaux, membre des sections "chasse" et "bovine", délégué cantonal d'Yssingeaux, délégué cantonal des structures, autant de responsabilités qu'il occupe encore aujourd'hui. Toutes ces missions l'ont conduit à entrer au conseil d'administration du lycée agricole George Sand. Philippe a une vision bien précise de ce que doit être un responsable professionnel : "Il ne faut pas regarder ses intérêts personnels mais penser plutôt à ses voisins. Le relationnel est très important. On n'est pas là pour donner des coups, mais en tant que responsable on en prend souvent, des coups ! Il faut donc avoir un peu de caractère et assumer ".
Fier de tout le travail accompli par son syndicat, Philippe Defay se souvient tout particulièrement du dossier ICHN "que notre territoire a conservé et a vu revalorisé essentiellement grâce à l'action du syndicalisme". D'ailleurs dès qu'il le peut, il ne rate pas une occasion de rappeler sa devise : "Pas de syndicat, pas d'agriculteurs !" en ajoutant : "Si vous attendez après nos politiques et notre administration, les agriculteurs sont appelés à tous disparaître !". Philippe a également pris quelques engagements dans sa Cuma (de la Garnasse) auquel il adhère depuis son installation.
Lorsqu'il regarde en arrière, il ne regrette aucune période de sa vie professionnelle. "Si j'avais eu 20 hectares de plus, j'aurais ajouté une production supplémentaire et je pense que j'aurais opté pour une reconversion en agriculture biologique. En tout cas, j'ai des pratiques très proches du bio, je n'utilise presque pas de produits phyto ni d'engrais ; d'une part c'est plus économique et ces produits-là ne sont pas adaptés à mes parcelles granitiques sans profondeur..."
À 59 ans, Philippe se dit qu'il faudra bientôt passer la main auprès de jeunes responsables, qui sont malheureusement bien trop rares à franchir la porte du syndicat. "Alors certes ces missions prennent du temps, mais tout est question d'organisation" dit-il.
 

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