Conseil général
Pas de sens unique pour le partenariat public-privé de la RD120
Chacun s’attendait à un vote consensuel sur ce dossier d’un PPP associant le Département et Eurovia pour l’aménagement de la RD120. Il n’en fut rien vendredi.

“Les bras m’en tombent”, a lâché vendredi Vincent Descœur : on s’attendait lors de cette dernière session du Conseil général pré-estivale à des échanges un peu nourris autour de la question de la péréquation. Finalement, c’est sur un second front que les divergences de vue se sont faites jour entre majorité et opposition départementales. Après l’annonce par Florence Marty de l’abstention du groupe socialiste sur le projet d’aménagement de la RD120 via le recours à un partenariat public-privé, Vincent Descœur n’a pas caché sa consternation. Consternation renforcée par une position identique adoptée dans la foulée - en son seul nom - par Josiane Costes du Groupe du rassemblement démocratique (GRD), dont les autres membres ont voté pour.
“Quand la Région est dans le giron...”
“Nous ne sommes pas opposés au principe du PPP (partenariat public-privé) mais compte tenu des incertitudes sur des arbitrages à venir et du manque de lisibilité, nous nous abstiendrons”, a justifié Florence Marty tandis que Josiane Costes avançait une dette laissée aux générations futures et des doutes quant au philanthropisme du groupe Vinci, retenu via sa filiale Eurovia, au terme de la procédure de mise en concurrence pour ce vaste chantier. Un chantier d’un coût total de 33 M€ pour le Département(1) (soit 1,7 M€/an sur 20 ans) pour l’aménagement de 10,5 km de la RD120 entre Prentegrade et Montvert, dont 7,5 km de tracé neuf avec notamment deux tronçons à double voie de part et d’autre du Pont d’Orgon et un ouvrage pour franchir le Branugues. Les arguments des deux conseillères générales ont laissé cois nombre de leurs collègues dans l’hémicycle, au premier rang desquels le président de la commission d’appel d’offres, Jean-Pierre Delpont, qui, très remonté, a qualifié ce vote d’incompréhensible. “Si ce PPP vous le jugez malvenu, il faut voter contre, contre le désenclavement du Cantal”, a fustigé Vincent Descœur, suspectant une motivation politique. Soupçon qu’il a jugé conforté quand, une heure plus tard, l’opposition apposait son blanc-seing à un autre PPP, celui portant sur l’engagement des quatre Départements d’Auvergne au côté de la Région et d’un opérateur privé(2) pour le déploiement du très haut débit. “Quand la Région est dans le giron, vous êtes plus enthousiaste”, a lancé le président Descœur. Lequel, face à une supposée prise de risque minorée sur ce dossier, a martelé que le PPP très haut débit allait engager le Département sur une durée de 24 ans avec un investissement annuel moyen de 900 000 euros (coût total : 31,87 millions d’euros(3)). “L’incertitude, elle est dans l’environnement de tous les projets”, a enfin déclaré le patron de l’Assemblée départementale, glissant qu’un tel raisonnement pourrait aussi être appliqué à la participation du Conseil général au cinéma d’Aurillac ou encore à la rénovation du collège Jules-Ferry...
Pour la 122, il faudra (encore) attendre
Si les deux PPP ont au final été adoptés, ce vote a laissé des traces et donné du grain à moudre à une majorité qui ne s’est pas privée de mettre en parallèle l’intervention offensive du Conseil général - malgré des ressources de plus en plus incertaines - pour contribuer au désenclavement du Cantal vers l’Ouest, via la Corrèze et l’accès à l’A89, et le rythme sénatorial que prend selon elle le chantier de la RN122. La veille en effet, convié à livrer le bilan annuel de l’activité des services de l’État dans le département, le préfet Combe avait dû concéder que le contournement sud d’Aurillac ferait l’objet d’un phasage, soit, concrètement, d’une seconde tranche reportée dans le cadre du futur PDMI(4) 2015-2020 notamment du fait de probables recours déposés dans le cadre de la déclaration d’utilité publique dont l’arrêté a été signé début avril. “Vos propos ne sont pas de nature à nous rassurer. Nous avons dépensé beaucoup d’énergie dans le précédent PDMI pour décrocher d’importants moyens pour le contournement d’Aurillac. Je n’ose pas croire que le prochain PDMI ne soit constitué que de la réinscription de mesures déjà acquises”, a réagi Vincent Descœur. (1) Contre 36 M€ minimum dans l’hypothèse d’un projet intégralement porté par la collectivité, selon les estimations de cette dernière. (2) Orange, le nom était encore tenu confidentiel vendredi. (3) Un montant qui pourrait évoluer après l’annonce ce lundi par le préfet de Région d’une aide de l’État portée de 35 à 57,3 M€. (4) Programme de modernisation des itinéraires routiers.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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