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Portrait
Pandémie de Covid-19 : vivement que ça finisse !

À Polignac, dans le village de Tressac, le Gaec du Donjon détient 400 brebis laitières dont la majeure partie du lait est transformé en fromages. Rencontre avec l'un des deux associés Florian Bleu.

Florian Bleu jeune agriculteur en ovins lait à Polignac.
Florian Bleu dans sa laiterie.
© HLP

Sur le bassin du Puy et même bien plus loin, les fromages du Gaec du Donjon se sont faits une belle réputation en quelques années.
Qui n'a jamais goûté "Le Petit Polignac", la "Brique de Polignac" ou "le Délice de Tressac"... ? Derrière ces fromages fermiers pur brebis, on trouve une famille d'agriculteurs dynamiques : Florian Bleu et son père André, tous deux associés du Gaec et la maman Martine, salariée. La famille Bleu élève 400 brebis de race Lacaune dont 120 agnelles de renouvellement. En optant pour 2 agnelages par an, l'un au printemps et l'autre à l'automne, l'objectif est de produire du lait toute l'année et de fournir régulièrement leurs clients (en vente directe sur les marchés, à la ferme ou à la livraison, des magasins et grossistes).

Du lait transformé et en laiterie

Après un bac pro au lycée agricole de Bonnefont obtenu en 2006 dans l'optique de s'installer sur la ferme familiale, Florian Bleu a d'abord travaillé comme salarié sur plusieurs fermes (en Lozère, dans l'Yonne et sur la ferme familiale). Après 3 années de salariat très enrichissantes du point de vue des compétences techniques, Florian s'est installé en Gaec avec son père en 2011. "Mon projet d'installation consistait à engraisser une trentaine d'agneaux croisés Lacaune-BMC pour les faire abattre et mettre en caissettes par l'abattoir et les vendre en direct. Mais après quatre années d'expérimentation, nous avons décidé de stopper cette activité par manque de rentabilité par rapport à la charge de travail induite" explique Florian. En 2015, le Gaec a commencé à livrer une partie de son lait à la fromagerie de Jussac (25 000 L sur un total de 100 000L). Un débouché qui fonctionne uniquement sur les périodes de pic de lactation. "Lors de ces pics, nous ne pouvons pas transformer la totalité de notre lait en raison de la surcharge de travail et de la capacité de notre laboratoire. Nous avons aussi été amenés à arrêter des contrats avec certains grossistes qui nous demandaient de leur fournir encore davantage de fromages".

Des choix stratégiques

Les associés du Gaec du Donjon seront bientôt à nouveau contraints de faire des choix stratégiques. Dans 1,5 an, André prendra la retraite. Il va donc falloir trouver une solution pour pallier cette absence. Si Florian a d'emblée éliminé l'option d'accueillir un nouvel associé sur le Gaec, par crainte de mauvaise entente, il préfère opter pour une simplification du travail, une réduction de la production et réfléchit à l'option du salarié. "Même si cela n'est jamais évident de réduire sa production pour une exploitation qui fournit une quinzaine de magasins et grossistes et 2 marchés. Je vais me retrouver seul avec ma mère, donc je vais devoir faire des choix : soit je réduit le litrage transformé et je vend plus de lait en laiterie, soit je décide de réduire le nombre de brebis laitières, d'autant que nous sommes un peu limites en autonomie fourragère. Mais en tout cas je ne veux pas arrêter complètement la fromagerie en prévision d'une future installation de mes garçons " lance-t-il en pleine réflexion. Et toujours dans l'optique de se préparer à l'absence d'André, le Gaec prévoit deux travaux importants : la rénovation de la laiterie en vue de gagner en temps de travail et l'installation d'un nourrisseur sur le tapis d'alimentation.

Grosse surcharge de travail lors du 1er confinement

Si la crise sanitaire n'impacte pas directement le fonctionnement quotidien de l'exploitation, "nous travaillons comme d'habitude. Nous avons simplement installé des protections de comptoir dans la fromagerie et sur notre étal au marché " dit le jeune agriculteur ; en revanche, il a nettement ressenti les effets du tout premier confinement en mars 2020. "Les marchés étant fermés au début, notre laiterie nous a fait savoir qu'elle n'avait plus besoin de lait de brebis, il a donc fallu transformer l'intégralité de notre lait et le vendre ! C'est finalement grâce aux réseaux sociaux que nous avons trouvé comment l'écouler. Sur Facebook, nous avons intégré le groupe "Producteurs de Haute-Loire soutien pendant la Covid-19" créé par Romy Rodier, une JA d'Allègre, et c'est par ce biais-là que nous avons trouvé d'autres débouchés. On gérait les commandes par mail et j'assurais les livraisons d'une centaine de clients par semaine dans un rayon de
25 km autour du Puy". Depuis, la demande en lait de brebis a repris, la laiterie n'a plus jamais stoppé sa collecte, toutefois, la Gaec a conservé ses activités de livraison de fromages pour une trentaine de clients.
Si les confinements se succèdent depuis 2020, Florian, qui est père de 2 jeunes garçons de 4,5 ans et 2 ans, ne rencontre pas de difficultés pour s'occuper de ses enfants étant donné que son épouse est professeur des écoles... Toutefois, comme tous les Français, il attend avec impatience que cette situation de crise appartienne au passé : "Vivement que ça finisse  car on travaille et on vit avec beaucoup d'incertitude".

 

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