Interview
Pac : des avancées, mais encore trop de points sensibles
Sabine Tholoniat, présidente de la Fnsea 63
Sabine Tholoniat, présidente de la Fnsea 63

Les négociations en trilogue sur les trois règlements qui régiront la PAC à partir de 2023 viennent d’aboutir à un accord. Qu’en pensez-vous ?
Cet accord était nécessaire dès aujourd’hui, pour préparer au mieux la future PAC et réussir dans de bonnes conditions sa mise en œuvre en France, que ce soit au niveau des instructions techniques, de l’information des agriculteurs ou des outils informatiques nécessaires pour payer les aides de la PAC dans les temps pour les exploitations agricoles. Nous n’accepterons pas une fois de plus des décalages d’instruction ou de paiement au motif que les outils ne sont pas prêts !
Etes-vous satisfaite du contenu de cet accord ?
C’est tout sauf un statu quo pour les agriculteurs. En plus des mesures déjà en vigueur, ils appliqueront une nouvelle conditionnalité des aides, des " éco-régimes " qui représentent un quart du budget du premier pilier, et des mesures agro-environnementales et climatiques renforcées. Sur le fond, même si nous devons rester prudents tant que les textes ne sont pas finalisés, l’accord répond à de nombreux points sensibles que nous avions soulevés. Nous avions en effet alerté depuis longtemps les gouvernements et les parlementaires européens, sur les impasses liées à une rotation annuelle stricte à la parcelle, ou sur un pourcentage d’éco-régimes trop important. La réalisation d’une convergence à 85% était aussi une position affirmée par notre syndicat.
Faudra-t-il encore se mobiliser pour obtenir une PAC plus juste ?
Notre mobilisation a déjà permis d’obtenir des avancées, mais l’accord comporte des décisions dont les conséquences seront certainement non négligeables. A commencer par l’obligation qu’au moins 4 % des terres arables au niveau de l’exploitation soient consacrés aux zones et caractéristiques non productives, ou encore la non-éligibilité du secteur du sucre au régime d’intervention. Et la question des aides couplées n’est toujours pas tranchée ! C’est là que vont se faire les différences sur le territoire français. Nous devons réussir à faire acter notre spécificité montagne pour ne pas être lésés ! La France devra utiliser toutes les possibilités envisageables dans le cadre du PSN pour offrir de manière adéquate et réaliste des solutions pour permettre une production agricole compétitive, qui puisse se réaliser dans de bonnes conditions agronomiques et sur l’ensemble du territoire, tout en assurant un niveau de revenu correct pour les agriculteurs.