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Orage de grêle, qu'en est-il 15 jours après ?

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© MF

Voici plus d'une quinzaine de jours que les orages de grêle se sont abattus dans le sud-est de la Creuse, endommageant bâtiments, parcelles, matériels, maisons d'habitation... en quelques minutes.

4 000 m² de toitures impactées
Julien Demay, naisseur engraisseur allaitant sur la commune de Dontreix en a fait la malheureusement expérience. « En 10 minutes, ça a fait des dégâts astronomiques, ce sont 4 000 m² de toitures qui ont été détruites, celles de mes bâtiments agricoles ainsi que celle de ma maison » se désole l'agriculteur. Mais les dégâts ne s'arrêtent pas là, car sous les bâtiments, Julien a perdu 30 T de bottes de foin, 5 T de céréales, 1,5 T d'aliment, mais aussi de la paille. Dans les champs, l'herbe a été couchée en plus de ne pas être de bonne qualité à cause de la sécheresse printanière particulièrement précoce. Les céréales ne sont pas vraiment récoltables, les silos sous bâche en extérieur ont été également impactés, 100 % des bâches ont dû être renouvelées avec le prix que l'on connaît aujourd'hui. Julien craint les résultats sur la fermentation mais il sait qu'il n'aura le verdict qu'à l'automne. Ce sont des conséquences économiques à long terme et qu'il va découvrir au fil du temps.

Incidences sur les animaux
Le jour de l'orage, un lot de vaches s'est sauvé et n'a été récupéré que le lendemain, les animaux étaient apeurés, fatigués, traumatisés. L'agriculteur a dû les rentrer en bâtiment pour les calmer mais ensuite, ils n'osaient plus sortir, ils avaient peur et longeaient les clôtures. Deux vaches ont même eu des hématomes sur la tête. « C'était de gros grêlons collés ensemble qui formaient des grêlons asymétriques encore plus gros » explique l'agriculteur qui craint des incidences sur ses vaches pleines.
Il s'inquiète aussi des conséquences sur l'alimentation de ses taurillons qui mangent dans des auges qui ne sont plus à l'abri, il a peur d'une perte de croissance, mais tout cela n'est pas facilement chiffrable. Cet événement remet en question Julien qui se demande si cela vaut le coût de continuer d'engraisser, avec les coûts des intrants qui augmentent plus vite que le prix de la viande, les aléas climatiques qui sont nombreux et s'additionnent.

Des réparations, oui, mais pour quand ?
Pour l'heure, l'agriculteur a encore plus de travail : « on ne sait pas trop par quel bout commencer, entre les assurances, les devis, les artisans, on y passe beaucoup de temps » se désole Julien.  
L'agriculteur a fait passer un expert pour évaluer les dégâts : toutes les toitures sont à changer mais il n'a pas encore d'information sur la vétusté et les premiers devis ne sont toujours pas arrivés. Le doute plane sur le reste à charge. Les travaux ne sont pas près de commencer avec les matériaux plus chers et difficiles à trouver ainsi que le nombre d'interventions importantes qui va y avoir sur le secteur. Il y a également le souci du désamiantage, peu d'artisans sont agréés pour le faire. Sa maison d'habitation a été aussi beaucoup touchée, les murs ont pris l'eau et des taches d'humidité commencent à apparaître. « C'est usant » s'attriste Julien.

2 à 3 ans de travail pour 10 minutes de grêle
Sur la commune de Crocq, Vincent Debay, naisseur limousin, n'a pas non plus échappé à ce terrible orage de grêle. Ses bâtiments ont malheureusement tous été touchés avec des conséquences catastrophiques.
« Il est tombé 50 mm dans la nuit, le vent soufflait tellement fort qu'il a couché une trentaine de gros arbres dans mes parcelles et une quantité importante de branches se sont envolées dans les champs, il a fallu qu'on se charge de les ramasser avant de faucher » explique Vincent.

800 bottes stockées dehors
Ces quelques minutes de grêles ont entraîné de nombreuses heures de travail supplémentaires, en effet, Vincent a dû sortir ses 800 bottes de foin qui étaient stockées dans les bâtiments afin de les bâcher dehors. « J'étais plutôt serein car j'avais du stock de foin et voilà que 30 % des bottes ont pris du mal et maintenant elles chauffent. J'ai une hantise, c'est que ça prenne feu et je ne sais même pas si elles sont assurées puisqu'elles ne sont plus sous les bâtiments » craint l'agriculteur. Lorsque Vincent a sorti toutes ses bottes, même la première de la pile fumait, ce qui montre l'étendu des dégâts et l'infiltration importante de l'eau qui est arrivée jusqu'au sol en traversant toutes les boules de foin. Il sait aussi que le foin de l'année va devoir être stocké à l'extérieur puisque ses bâtiments ne sont pas près d'être réparés. Il attend encore les devis mais il estime à au moins 400 000 euros de travaux rien que de toiture. Il appréhende la somme qu'il devra payer de sa poche car lui non plus n'a pas d'éléments sur la vétusté.

Cette année, tout s'accumule !
Vincent a dû vendre plus rapidement que prévu ses broutards pour éviter qu'ils ne restent les pattes dans l'eau. Ses bottes d'enrubannage ont été également impactées de 15 à 20 fois pour certaines. Malgré le rebouchage des trous, il ne sait pas si elles vont se conserver correctement. « Cette année, tout s'accumule ! C'est la première fois qu'on voit ça » se désole l'agriculteur. Sa cellule à grain contenant 30 T de céréales a également pris l'eau, les grains sont même en train de germer. Les clôtures des champs où les arbres sont tombés sont toutes à refaire mais avant, il va falloir débarrasser tous les arbres couchés dans les parcelles. « Pour les foins, on ramasse un quart de l'herbe, les céréales, se sera 50 % si la maladie ne si met pas » résume l'agriculteur. Il explique qu'un devis de désamiantage qui est signé aujourd'hui, fera débuter les travaux qu'en octobre. Les délais sont longs, les sinistrés vont devoir s'armer de patience et de courage pour faire face aux conséquences de cette soirée du 4 juin.

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