Interview
«Nous voulons devenir le laboratoire de l’installation»
Michèle Boudoin, présidente de la FNO.
Michèle Boudoin, présidente de la FNO.
La filière ovine pense déjà à l’après-élection en préparant un projet autour de l’installation. Le point avec la présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), Michèle Boudoin.
Comment se porte le marché ovin ?
Ce que nous voyons actuellement, c’est que la cotation n’a jamais été aussi haute. Alors que les importations et abattages en provenance de Nouvelle-Zélande ou du Royaume-Uni sont en baisse, la filière française ne fournit que 45 % de la consommation, ce qui entraîne une rareté et un renchérissement, aggravé par l’augmentation récente des coûts de production. Mais notre enjeu, sur le long terme, est de conserver la présence de l’agneau dans les linéaires : quand la consommation baisse, on ne retrouve plus jamais ces pourcentages. L’autre priorité est évidemment le renouvellement des générations.
Sur ce dernier point, avant sa réélection, le président a annoncé une grande loi d’orientation sur l’installation. Quelles seront les propositions de la filière ?
Près de 50 % des éleveurs de mouton, comme de ruminants en général, devront céder la main dans les années à venir. Depuis le Covid, nous observons cependant beaucoup de projets d’installation. Un récent sondage de la MSA montre même que pour chaque éleveur qui part, un nouvel éleveur se lance. Mais il s’agit souvent de petites troupes, avec malheureusement de nombreux échecs, et on ne peut plus se permettre de perdre le moindre troupeau. Comme nous l’avons fait avec le programme Inn’ovin, ainsi que les Ovinpiades de jeunes bergers, nous travaillons donc actuellement sur un nouveau projet pour devenir le laboratoire de l’installation. Nous proposerons des choses concrètes, à la fois pour les jeunes générations, mais également pour ce projet de vie qu’est le départ en retraite. En parallèle, nous aurons bien sûr besoin de signaux forts pour le secteur de l’élevage. Il s’agira de ramener de la valeur ajoutée dans le secteur grâce à Egalim, et de saisir l’opportunité de l’élevage ovin dans les écorégimes. Nous serons également très attentifs aux discussions qui reprendront en juillet après les élections en France et ailleurs, autour des accords de libre-échange avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Le loup pourrait-il être selon vous un obstacle à ces installations ?
Si vous avez des loups, vous n’avez pas d’agneaux, et donc pas de transmission. C’est pour cela que nous continuons de le combattre tous les jours, avec l’espoir de lui réapprendre à avoir peur de l’homme. Les différents plans loup sont un gaspillage d’argent public, même si le gouvernement actuel a fait beaucoup de choses, notamment sur le comptage. L’objectif maintenant pour nous est de pousser le dossier au niveau européen pour obtenir le déclassement de l’espèce. Nous espérons en tout cas que le travail ne sera pas détricoté après les élections, face aux engagements pris par les équipes actuelles. L’argument de la souveraineté doit peser.