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Non à la nouvelle proposition de classement en zones vulnérables !

Le 21 octobre, les agriculteurs ont manifesté inquiétude et colère devant la sous-préfecture d'Yssingeaux, arrondissement concerné par un projet de classement de 10 communes supplémentaires en zones vulnérables.

15 tracteurs, 2 remorques pleines et des agriculteurs en colère !

Mardi 21 octobre au matin, une soixantaine d'agriculteurs se sont amassés devant les grilles de la sous-Préfecture à Yssingeaux. Deux remorques remplies d'un mélange d'ensilage, de paille et de bâches, prêtes à décharger et une quinzaine de tracteurs empêchaient toute circulation. Dans le collimateur de cette action syndicale, à l'appel de la FDSEA et des JA de Haute-Loire : le projet d'extension des zones vulnérables à 10 communes supplémentaires dans l'est du département et l'extension d'une zone déjà classée dans l'ouest de la Hte-Loire. Ce projet dévoilé début septembre par la DREAL du bassin Loire Bretagne concerne les communes de Mézères, Rosières, Beaulieu, Chamalières ainsi que celles de Montfaucon, Tence, Lapte, Montregard, Raucoules et de Lubilhac, dans la partie ouest. Les manifestants ont crié à l'injustice en accrochant des slogans forts sur les grilles de la sous-Préfecture : 

 

 

« Qui va payer la facture de ce classement ? 

Non aux zones vulnérables, oui au bon sens ! 

On marche toujours sur la tête ». 

 

Lourdes conséquences économiques

Un classement en zone vulnérable est loin d'être anodin pour les exploitants agricoles, notamment du point de vue économique. Le premier impact concerne le stockage des effluents

« Les bâtiments d'élevage situés en zone classée doivent obligatoirement passer d'un stockage de 4 mois à 6 mois, ce qui veut dire refaire des fosses sur des bâtiments existants, ce qui coûte encore plus cher... Dans certains cas, des exploitations situées en plein cœur de village par exemple, qui ont aujourd'hui l'autorisation d'exploiter mais ne peuvent ni agrandir leurs installations ni les aménager, ne pourront pas se mettre aux normes. Le risque majeur dans ce cas étant l'arrêt ou la baisse d'activité de l'exploitation » explique Julien Duplomb, président des Jeunes Agriculteurs.

 

 

Le classement en zone vulnérable impacte d'autre part les périodes d'épandage, qui n'apparaissent plus adaptées à nos zones de montagne. Par les coûts supplémentaires qu'elle induit, l'entrée en zone vulnérable induira forcément une perte de compétitivité des exploitations concernées ainsi qu'une démotivation des agriculteurs, en particulier de ceux qui viennent d'investir, ou bien ceux qui se rapprochent de la retraite. En somme, cette proposition de classement par la DREAL est vécue comme un véritable coup de massue par les agriculteurs concernés.

Classements infondés

La profession agricole conteste de surcroît « ces classements fondés sur des données qui ne reflètent pas la réalité des bassins-versants concernés. Ainsi la masse d'eau du Ran, dont le classement impacte 19 exploitations, est classée non conforme pour une seule valeur dépassant le seuil de nitrate (19mg/l) alors que toutes les autres analyses depuis 2020 sont inférieures à 18 mg/l. Une seule analyse sur un ruisseau va donc induire le classement de 5 communes, ce qui représente 29 exploitations » explique Nicolas Merle, président de la FDSEA

 

« Lorsqu'un dépassement en nitrates dans l'eau est constaté, c'est toujours la faute de l'agriculture, alors qu'il peut y avoir d'autres origines ; sur le secteur de Beaulieu par exemple, une ancienne décharge pourrait être en cause... Et sur Montfaucon, la station d'épuration rejette 50 mètres au-dessus du point d'analyse. Ajoutons que 2022 (date des analyses d'eau sur laquelle le projet de classement s'appuie) a été une année de sécheresse, propice à la concentration en substances dans l'eau » complète Julien Duplomb. 

« On dénonce l'origine agricole de la pollution, reprend Nicolas Merle, et le problème c'est que l'État et la DREAL ne recherchent pas l'origine de la pollution aux nitrates, et de notre côté, le délai qui nous est donné ne nous permet pas d'entreprendre des recherches approfondies. Classer ces zones-là n'apportera pas forcément une baisse de nitrates dans les analyses. Par contre cela va gravement impacter les agriculteurs et mettre en danger toute l'économie locale » telle est la teneur du message qui a été porté par la délégation d'agriculteurs reçue en sous-préfecture en fin de matinée. 

Quant à la commune de Lubilhac, elle se trouve classée pour 1.3% de son territoire localisé sur le bassin-versant de la Vendage ; une décision contestée avec force par les deux syndicats, d’autant qu’il s’agit d’une surface boisée...

En savoir plus : Deux zones supplémentaires nouvellement classées en zones vulnérables

Encore plus de contraintes

À Montfaucon, les associés d'un Gaec spécialisé en élevage lait (90 vaches, 700 000 litres de lait produits sur une SAU de 170 ha) regardent ce projet de classement d'un mauvais œil. « Lorsque l'on parle nitrate, c'est toujours l'agriculture qui est pointée du doigt alors que d'autres activités (industrie, station d'épuration...) peuvent aussi en rejeter. Passer en zone vulnérable signifiera plus de contraintes pour notre Gaec » souligne l'agriculteur qui ajoute « Notre bâtiment est ancien, il date de 1971. Une mise aux normes a été faite en 1998 et en matière de stockage des effluents, si nous passons en zone vulnérable, nous allons devoir accroître le volume de notre fosse à lisier. Ce sont des investissements très lourds ! Il y a 2 ans, nous avons réfléchi à construire une deuxième fosse à lisier pour accroître nos capacités de stockage et ainsi pouvoir épandre à d'autres moments dans l'année. Mais nous n'avons finalement pas franchi le pas ». L'éleveur redoute également la réglementation restrictive qui s'applique aux zones classées, en particulier sur les dates d'épandage : « ici, on épand habituellement en octobre, au semis des céréales, juste après les récoltes de maïs, et sur l'ensemble de nos prés (une fois que les vaches ont quitté les pâtures). Or, en zones vulnérables, l'épandage de lisier n'est plus possible à partir du 1er octobre. Ce n'est pas du tout adapté à notre secteur   » s'inquiète-t-il. À cette réglementation en matière de stockage des effluents s'ajoute une autre contrainte liée à la proximité du voisinage de ce Gaec, qui se situe tout près d'une zone artisanale. « En 2003, nous avons opté pour l'installation d'une salle de traite rotative avec un projet d'agrandissement de notre bâtiment, or nous n'avons pas obtenu l'autorisation d'agrandir. Si notre commune est classée, il faudra bien que l'on obtienne l'autorisation d'agrandir notre fosse... ».

En savoir plus : Nouvelle concertation sur les zones vulnérables : la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes plaide pour le bon sens

La délégation reçue ce jour en sous-préfecture en présence du Préfet et de représentants de l'administration, a demandé la réévaluation des classements tout en proposant des études complémentaires visant notamment à analyser les sources réelles de pollution ; elle a également appelé à une réflexion concertée sur chacun des territoires visés par la proposition de classement.

 

 

 

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