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Grand Gibier
Non au projet de lâchers de cerfs dans le Pilat et le Forez

La FDSEA et les JA de Haute-Loire, soutenus par les forestiers privés, s'opposent fermement au projet de lâchers de cerfs dans la Loire, dans les massifs du Pilat et du Forez proches de nos frontières. Ils ont manifesté devant la DDT le 15 décembre alors que se réunissait la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage.

Les forestiers privés se sont associés à cette action syndicale initiée par la FDSEA-JA. Devant la DDT, agriculteurs et forestiers ont expliqué la situation à Bruno Locqueville, directeur de la DDT 43.
Les forestiers privés se sont associés à cette action syndicale initiée par la FDSEA-JA. Devant la DDT, agriculteurs et forestiers ont expliqué la situation à Bruno Locqueville, directeur de la DDT 43.
© HLP

Jeudi 15 décembre, un groupe d’agriculteurs de la FDSEA-JA, de représentants du syndicat des forestiers privés de Haute-Loire et de l’Union régionale des forestiers d’Auvergne, s’est rassemblé au Puy-en-Velay devant la Direction Départementale des Territoires pour manifester son opposition au projet de lâchers de cerfs dans la Loire.

Lâchers de 60 cerfs en projet
Porté par la fédération des chasseurs de la Loire, ce projet vise à introduire 60 cerfs répartis sur deux sites : le canton de Bourg-Argental dans le massif du Pilat et au Nord-Ouest de Montbrison dans le Forez. Deux secteurs qui se localisent aux limites de la Haute-Loire.
Avant de rendre sa décision, le Préfet de la Loire a toutefois souhaité consulter les départements voisins (la Haute-Loire, le Puy-de-Dôme et l’Ardèche). 
Le 15 décembre, la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFC) qui se réunissait en DDT au Puy, devait se prononcer sur le sujet. Quelques minutes avant cette réunion, les agriculteurs et les forestiers manifestaient leurs vives inquiétudes à l’égard de ce projet et évoquaient les lourds dégâts causés par les cerfs.
Concernant l’agriculture, le président et les membres de la section chasse de la FDSEA, ont mentionné l’écrasement des clôtures par les cerfs, l’effarouchement des troupeaux de vaches qui aboutit à des pattes cassées… En broutant les prairies au printemps, les cerfs occasionnent des pertes de fourrages très difficiles à évaluer et surtout non indemnisées (sur prairies).
«Dans certains secteurs, comme à Aubazat, les agriculteurs ont arrêté de cultiver des céréales et du maïs, car cela servait d’aliment aux cerfs», explique Alain Ramain, éleveur laitier à Aubazat.

Le revenu des agriculteurs sacrifié
Les agriculteurs redoutent l’apparition de problèmes sanitaires dans les cheptels au contact des cerfs : «Le cerf est un ruminant qui pourrait être vecteur de maladies telles que la FCO (fièvre catarrhale ovine) ou le Paramphistome, et nous n’avons pas besoin de cela» a indiqué Gilles Tempère, président de la section chasse FDSEA. Les agriculteurs suspectent d’autre part des tentatives d’accouplement entre cerfs et génisses et évoquent les risques accrus d’accidents routiers causés par la prolifération des cerfs.
«Une fois de plus, c’est l’outil de travail et le revenu des agriculteurs qui est sacrifié pour le loisir de quelques personnes» a indiqué Jean-Michel Durand, secrétaire général de la FDSEA.
La présence de cerfs n’impacte pas que l’agriculture. La forêt se trouve également très affectée par ces cervidés. «Les dégâts sur les peuplements forestiers sont sans commune mesure avec les chevreuils» souligne René Roustide, président du syndicat des forestiers privés de Haute-Loire. Il juge les dégâts forestiers causés par les cerfs très préjudiciables pour le devenir de la filière bois : «Herbivore, le cerf se nourrit de bourgeons, de feuilles et de pousses,  tout ce qui est tendre. On parle d’abroutissement. Or, lorsque les bourgeons terminaux sont mangés, l’arbre se met à végéter. Les cerfs mâles causent aussi des dégâts importants en se frottant contre les jeunes arbres, que ce soit pour marquer leur territoire, pour nettoyer leur bois ou encore pendant la période de rut.
Autre action dramatique pour la forêt, l’écorçage. Les cerfs tirent et arrachent des lambeaux d’écorce et lorsque l’arbre est dénudé sur son pourtour, il meurt».
Les agriculteurs et les forestiers présents devant la DDT ont fait exactement le même constat : le cerf prolifère, il sort de son territoire d’introduction puisqu’on le trouve aujourd’hui près de Brioude, Chaniat et en progression vers La Chaise-Dieu. Depuis l’introduction de 2 ou 3 cerfs dans le Haut-Allier et dans la vallée de l’Alagnon dans les années 1960, les cervidés se sont multipliés ; d’après des comptages effectués en 2010, ils seraient aujourd’hui 502 dans le massif de Combeneyre.
«On connaît les conséquences liées à l’introduction du cerf sur le massif de Combeneyre. On ne peut accepter cela aujourd’hui, d’autant que cela vient s’ajouter aux dégâts causés par les sangliers» a indiqué Gilles Tempère. «Nous sommes fermement opposés aux lâchers de cerfs car on sait qu’ils seront très vite sur nos territoires et qu’ils vont proliférer» a insisté René Roustide.
Pour François Duplay, vice-président du syndicat des forestiers privés, «ces lâchers de cerfs vont faire naître des conflits entre agriculteurs, forestiers et chasseurs».

Avis défavorable
A l’issue de la présentation du projet de lâchers de cerfs par la fédération des chasseurs de la Loire jeudi dernier, la commission départementale de la chasse et de la faune sauvage a émis un avis défavorable à la réintroduction du cerf.
Les agriculteurs et les forestiers espèrent que le Préfet de la Loire tiendra compte des consultations des départements voisins dans sa prise de décision.

30 kg de nourriture par jour

Le président du syndicat des forestiers privés de Haute-Loire, René Roustide, nous a apporté quelques précisions sur le cerf.
Cet animal vit dans les zones forestières où il y trouve du calme et une partie de sa nourriture (en partie forestière et en partie agricole). Le cerf est un herbivore, il se nourrit d’herbe et d’herbacées (céréales, maïs). Le cerf trouve une partie de son alimentation en forêt mais broute aussi les prairies agricoles en bordure de forêt.
Notons qu’un cerf a besoin de 30 kg de nourriture par jour, soit 10 tonnes par an.
En forêt, le cerf s’attaque en priorité aux feuillus, en particulier au chêne, et aux feuillus précieux tels que l’érable, le merisier. Parmi les résineux, le plus attaqué et affecté par l’abroutissement est le sapin.
Enfin, l’un des arbres les plus victimes de l’écorçage est l’épicéa. Une fois écorcé par les cerfs, des champignons (auquel l’épicéa se montre particulièrement sensible) pénètrent en son coeur et provoquent le pourrissement de son tronc.

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