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Neussargues-en-Pinatelle : vers la défusion ?

L’élection pour les commissions de “défusion” aura lieu le dimanche 7 avril. En attendant l’enquête publique enregistre les avis sur ce qui devrait régler le sort de la commune nouvelle. 

un panneau avec écrit 50 et Neussargues, en arrière plan le village
Les panneaux indiquent toujours les communes historiques et n'auront pas besoin d'être changé en cas de défusion.
© b.parret

Mercredi 27 mars, à la salle polyvalente de Neussargues, des habitants, assez nombreux, viennent s’informer auprès des candidats à la commission de défusion pour la Commune de Neussargues. Il y a une commission à élire par commune historique. Ceux qui sont venus veulent en savoir davantage et surtout sur les conséquences pour les finances communales et leur porte-monnaie s’il existe un risque d’augmentation des impôts. On veut tout simplement comprendre de quoi sera fait l’avenir de leur territoire. Il y a là des Neussarguais mais, aussi, des résidents des autres communes venus chercher un complément d’information. Si un sondage était mené, sur place durant la matinée, la défusion l’emporterait. Mais l’échantillon des présents ne fait pas la majorité. Selon les premiers retours, le divorce des cinq communes formant Neussargues-en-Pinatelle semble très fortement ancré à Chalinargues et Neussargues. C’est moins prononcé sur les plus modestes communes en terme de démographie : Chavagnac, Sainte-Anastasie et Celles qui voient peut-être plus la force dans l’union que les deux autres, “rivales historiques”, s’en amusent certains.
Alors que les démarches pour la défusion sont jugées importantes avec consultation de la population, les reproches visent le manque de concertation à l’époque, lors de la fusion. L’amertume est encore palpable avec des griefs envers les promoteurs de ne pas avoir suffisamment dit les choses ou... écouté.     
 

Retour en arrière
Pour comprendre, il faut revenir quelques années en arrière. 2017,   les nouvelles lois d’organisation des collectivités territoriales avantagent le regroupement de communes et pour cela avancent des moyens financiers pour cela.
Sous l’impulsion du maire de Chalinargues et sénateur du Cantal, Chavagnac, Chalinargues, Sainte-Anastasie, Neussargues et Celles-ci décident de devenir Neussargues-en-Pinatelle. De ce mariage nait l’une des communes les plus étendues du Cantal. Ghislaine Pradel devient maire de cette commune nouvelle. “tout s’est bien passé durant ces trois premières années même si tout n’était pas simple”, confie aujourd’hui Franck Panafieu, un de ses colistiers, élu de cette première mandature. En 2020, la campagne tourne beaucoup autour de cette fusion et du mécontentement croissant au sein de la population. Très vite les choses s’enveniment au sein du conseil municipal désormais présidé par Michel Porteneuve tandis que Ghislaine Pradel anime l’opposition neussarguaise. La commune nouvelle ferait-elle les frais des querelles de personnes et pas seulement au sein du conseil municipal ? C’était sans compter sur les velléités des maires délégués à  défendre les intérêts de leur commune historique. L’intérêt général ne semble pas une priorité pour tous et pour Neussargues-en-Pinatelle, il y a un maire : Michel Porteneuve pour conduire ce qui est commun. “Dès le début en 2017, cela n’a pas marché, pour l’école, le maintien de la mairie déléguée, celui de notre dernier commerce dans le bourg, dénonce Djuwan Armandet, maire déléguée de Chalinargues. Pour moi, il était inacceptable que nos services publics soient supprimés au profit de Neussargues”. Preuve sur le terrain que la sauce ne prenait pas, aucune association n’a réussi à fédérer à l’échelle des cinq communes. 
“Alors qu’on a cherché à me destabiliser, j’ai toujours chercher l’équité dans les services, les équipements pour toutes les communes, se défend Michel Porteneuve qui, sur une carte dans son bureau de maire, compte le nombre de kilomètres de voirie communale, les villages et les hameaux d’une commune dont il faut presque une demi journée pour faire le tour. “Avec des mairies déléguées, les communes ont gardé trop d’indépendance au détriment de la commune nouvelle”, analyse-t-il.
 

Mettre fin à une situation intenable
Bras de fer permanent, et un budget sous tutelle faute d’avoir été voté, la situation devenait intenable mettant la commune quasiment à l’arrêt. 
Il y a un an, le 11 février 2023, le maire présentait au vote une délibération pour la défusion adoptée par dix-neuf pour et quatre contre.
“Cela a permis de ramener le calme de trouver des compromis pour nous remettre au travail et engager des travaux”, reconnait Djuwan Armandet. C’était la dernière solution après avoir tout essayé pour retrouver un contexte apaisé”. Un fait qui n’est toujours pas du goût de Franck Panafieu. Pour lui : “C’est le fait d’un seul homme et des manipulations de quelques-uns en coulisse, toujours sans concertation ni volonté de l’intérêt général et de la population. Toutes les communes perdent des habitants comment vont faire les plus petites pour engager des travaux d’assainissement par exemple et ce sans augmenter les impôts?” Sans vouloir davantage s’exprimer, ghislaine Pradel parle “de gâchis”. Et de résumer : “Mais, si c’est le prix de la démocratie à payer...” 
Le sénateur Bernard Delcros, protagoniste de ce rapprochement communal pour “profiter de la loi NOTRe” voit dans “la réalité  de cet échec, une voie responsable et sécurisante pour retrouver de la sérénité dans l’intérêt du territoire”. Il ajoute aussi : “Il y avait trop de tension, d’animosité entre les élus mais, aussi, dans la population et les associations”.


Première étape : Chacun chez soi ? 
Pour la défusion, plus administrativement appelé modification des limites territoriales de communes, le préfet du Cantal à pris la main comme l’exige l’article L 2112.2 du code général des collectivités territoriales. Il faut d’abord défusionner, revenir aux limites historiques avant d’envisager d’autres formes de fusion notamment espérées sur les petites communes. Après avoir pris actes du vote du 11 février 2023, avoir rencontré les élus, le représentant de l’État attend la position de la population invitée à donner son avis durant l’actuelle enquête publique (du 18 mars au 8 avril) et auprès des commissions communales qui seront élues dans chaque commune le dimanche 7 avril ou le dimanche suivant en cas de deuxième tour. Même, s’il s’est constitué des équipes, le scrutin est nominal et pourrait aboutir à des commissions composées de membres issus de différentes candidatures collectives ou individuelles. Mais, cela sera peu probable car il manque du monde sur certaines communes (les commissions doivent se composer de 7 personnes à Neussargues, 5 à Chalinargues et à Celles, 3 à Chavagnac et à Sainte-Anastasie). Seul Neussargues compte une liste complète affichée pour la défusion, comme sur les autres communes d’ailleurs, et un candidat isolé en faveur, lui, de la fusion. “Nous sommes pour la défusion dans l’intérêt de notre commune, sans prétention de nous présenter aux prochaines municipales et de faire de la politique”, déclare Serge Defix, candidat sur Neussargues pour la commission de défusion. Notre mission est de donner le maximum d’information et de faire signer une pétition (plus de 300 signatures le 27 mars) pour remettre au commissaire enquêteur”. Le conseil départemental doit aussi donner son avis. Ensuite, seulement, le préfet prendra sa décision, que beaucoup souhaitent le plus rapidement possible. 
L’élection du 7 avril donnera la tendance dans une sorte de référendum, si les électeurs se déplacent. 
En attendant, dans son bureau, sous un portrait de lui en pilote moto sur le Paris-Dakar, Michel Porteneuve gère encore les affaires de la commune nouvelle. “Le projet de défusion a le mérite d’avoir ramener le calme mais, ce n’est pas encore fait et l’ambiance de ces dernières années va laisser des traces. J’ai fait le job”. Il est le seul a, d’ores et déjà, vouloir se présenter aux prochaines municipales peut-être en fin d’année. “Pour 15 mois, pour finir mon mandat en 2026 comme prévu parce que je le dois aux électeurs”.            
Cela sera une autre histoire! 
En attendant, ce samedi, il y avait conseil municipal au programme de Neussargues-en-Pinatelle. 

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