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Ne négligez plus les prairies humides !

Souvent considérées à tort comme un point noir au sein d’une pâture, les prairies humides offrent pourtant une production herbagère à ne pas négliger, notamment lors des sécheresses.

L’exploitation des prairies humides demande une adaptation au cas par cas suivant l’année.
L’exploitation des prairies humides demande une adaptation au cas par cas suivant l’année.
© Mélodie Comte

Souvent impraticables tant par les animaux que par le matériel, les prairies humides sont considérées comme un point noir au sein d’une vaste pâture. Pourtant, la multiplication des Diagnostics Multifonctionnels du Système Fourrager (DIAM) montre qu’elles sont une ressource fourragère à ne plus négliger surtout les années sèches.

Jusqu’à 6 t MS/ha/an
Chaque année nous voyons les projections climatiques se vérifier. La hausse des températures moyennes et la baisse de la pluviométrie entraînent une augmentation de l’ETP (évapotranspiration) de 10 à 20 mm/mois au printemps et en été. La production d’herbe est impactée de l’ordre de 23% mettant à mal bien des élevages. Plus que jamais, il est temps de reconsidérer l’herbe comme une culture à part entière et de raisonner sa pâture, à commencer par les prairies humides. Ces morceaux de parcelle sont aujourd’hui sous exploités.
Pourtant, selon le type de prairie humide, la pousse de l’herbe est à reconsidérer. En s’appuyant sur les résultats de 45 DIAM (soit plus de 5 000 ha de prairies explorées), Géraldine Dupic, conseillère fourrage à la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme, a établi des estimations de production. Sur les sols frais, le rendement (fauche et pâture) est en moyenne de 6 t MS/ha/an. Sur les sols humides et très humides, il est compris entre 2 et 4 t MS/ha/an. Nous sommes bien loin des valeurs de certaines prairies, y compris permanentes, pourtant cette herbe peut faire toute la différence.

Les années sèches, elles limitent les manques
À Égliseneuve-d’Entraigues dans le massif du Sancy, Anne Chauvet, éleveuse de vaches Salers, en a fait l’expérience. À l’issue du DIAM réalisé en 2021, 14 types de prairies différentes ont été identifiés sur les 100 ha hectares que compte son exploitation. Parmi elles, un peu plus de
13 ha de prairies humides ont été répertoriés. Grâce à une expertise approfondie, appuyée par une bibliographie détaillée, Géraldine Dupic a déterminé la productivité de ces prairies à « 55 t MS / an sur la totalité de la surface ». Cette herbe comblerait à elle seule 13 % des besoins annuels du troupeau. La jeune éleveuse témoigne avoir été surprise par ce résultat. « Je suis rassurée car je sais désormais, de source sûre, que je peux atteindre l’autonomie fourragère ».
Cependant, Anne Chauvet voit mal comment exploiter cette herbe. « Les petites choses simples, comme revoir le découpage des parcelles, sont faciles à mettre en place mais d’autres pratiques plus complexes me paraissent difficilement réalisables.» La récolte mécanique demeure un problème dans ces zones humides mais, là encore, Géraldine Dupic assure que rien n’est impossible « à condition de travailler lentement et tardivement dans la saison, pas avant fin juin-début juillet ».
Quant à la pâture, la méthode du «topping», qui consiste à faucher l’herbe et à la laisser sur place pour que les vaches la consomment, semble « offrir de bons résultats » selon la conseillère mais exige du matériel adapté. Elle recommande donc de privilégier davantage, dans ces zones, « les animaux pas trop lourds comme les génisses ». Bien entendu, « si le sol n’est pas portant, on oublie (...) de toute façon les animaux n’iront pas » !

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