National salers : la qualité au rendez-vous, pas le moral
“Calme”, c’est l’adjectif qui est revenu ce week-end pour qualifier le National salers. Les innovations de cette édition n’ont pas ôté l’ombre de la FCO.
Les conditions idéales étaient - presque - réunies pour faire de cette 135e édition un bon cru du concours national salers : ciel limpide, effectif et qualité des animaux au rendez-vous... Pourtant le coeur n’y était qu’à moitié. Si certains ont parlé d’une morosité ambiante, c’est plus le manque d’enthousiasme que chacun, organisateurs, exposants, partenaires et éleveurs a pu ressentir. D’ailleurs, la fréquentation en baisse cette année s’est avérée être un signe supplémentaire d’un climat peu propice à envisager l’avenir avec confiance. “C’est l’inquiétude sur la FCO qui a pris le pas sur tout le reste, explique Laurent Fritz, éleveur sur Pleaux. La préoccupation des charges passe après”. FCO, trois lettres qui pèsent depuis un an maintenant comme une menace sur chaque rassemblement d’animaux mais plus encore sur la santé des cheptels ruminants et le commerce de bétail.
Rumeurs et expectatives
“Le Cantal va être bloqué le 15 octobre, une fois Cournon passé”, c’est la rumeur qui revient au détour des stales du Parc des Rédines. Alors, les acheteurs préfèrent rester prudents : la vente aux enchères a pris des allures poussives avec une tersonne et une génisse pleine invendues et des prix d’achat bien peu élevés par rapport aux mises à prix initiales. “Pourquoi acheter une bête de plus alors qu’on n’est pas sûrs de vendre les nôtres. C’est cette ambiance générale qui fait que l’heure n’est pas à l’euphorie, analyse Michel Tafanel, président du Groupe salers évolution. C’est comme si on nous avait fait prendre un tranquillisant”. Ce que confirme cet éleveur de Giou-de-Mamou, installé il y a dix ans : “2008 est pour moi la pire en termes de trésorerie”. Quant aux acheteurs étrangers, ils ne prendraient pas le risque de les acheter sans avoir l’assurance de pouvoir les exporter. “Vous feriez pareil si la FCO était chez nous”, commente un éleveur d’Irlande du Nord. Mais les responsables de la race ne veulent pas s’arrêter sur cette conjoncture, préférant d’ores et déjà évoquer un dossier qui pourrait bien faire l’actualité dans les mois à venir : “Les broutards salers ne sont pas vendus à leur juste valeur, avance Michel Tafanel. Il a suffi d’un nouveau déboucher à 13 F/kg en Algérie la semaine dernière pour que les marchands rabatteurs s’alignent allant même jusqu’à 13,20 F”. Forcément, certains commencent à se demander si les éleveurs n’ont pas été un peu otages des opérateurs...
Droits de reproduction et de diffusion réservés.