Moutons des Carpates dans le Cézallier pour des couettes et des coussins
Franck Benson élève des moutons des Carpates pour leur laine destinée à la fabrication de couettes et de coussins. Ceci dans un coin du Cézallier avec vue imprenable sur la vallée de la Sianne.
Franck Benson élève des moutons des Carpates pour leur laine destinée à la fabrication de couettes et de coussins. Ceci dans un coin du Cézallier avec vue imprenable sur la vallée de la Sianne.
En attendant
En cette journée d’automne, la route qui se termine au hameau de Fontdevialle conduit tout droit dans un paysage idyllique surplombant la Sianne. La vallée est habillée des couleurs d’automne et rien ne
semble arrêter le regard porté vers l’horizon. Ici, un petit troupeau de moutons est élevé pour sa laine et pour la fabrication de couettes naturelles faites à la main. Franck Benson avait cela ancré en lui. Depuis son plus jeune âge, il voulait élever des moutons. Dans le Tarn-et-Garonne où il a grandi, il avait déjà cette envie de vivre en symbiose avec la nature et avec les animaux. Sur la commune de Molèdes, le voilà servi ! Pour cela, et en attendant de posséder une ferme, il a obtenu un Bac STAV (Sciences et technologie de l’agronomie du vivant) suivi d’un BTS GPN (Gestion et protection de la nature) pour mettre plusieurs cordes à son arc. Le jeune homme devra pourtant ronger son frein encore un temps, celui de trouver la bonne opportunité.
“Ce que je cherchais”
En attendant donc, il s’expatrie dans les Pyrénées-Orientales, comme préparateur sportif à Font-Romeu. C’est bien, mais un peu de sérénité lui ferait du bien ; la foule dans la station touristique
pyrénéenne ne lui convient pas vraiment. Alors, une petite annonce dans un journal spécialisé lui offre en trois lignes le projet idéal d’installation : un petit élevage de brebis des Carpates
(de 80 brebis, le troupeau a été quelque peu réduit) avec atelier de valorisation de la laine. Dans le hameau, il ne reste plus qu’un unique voisin. Franck Benson, 31 ans, débarque dans le Cézallier il y a quatre ans et ses parents s’installent dans le bourg de Molèdes. Pour l’obtention de la dotation jeune agriculteur (DJA), il suit le parcours à l’installation et s’inscrit à la cession d’accueil d’actifs du Département.
Une laine naturelle
Il rachète le bâtiment de ferme et le cheptel de brebis qui reste le même encore quatre ans plus tard.
Cette race ovine importée du sud de la Pologne par l’ancien propriétaire produit une laine épaisse . Les jeunes femelles sont conservées pour le renouvellement et les mâles vendus pour la reproduction ou pour servir de “tondeuses naturelles”. Deux tontes ont lieu chaque année, au printemps et à la fin de l’automne avec environ 12 à 14 kilos annuels par animal. La laine subit ensuite quatre bains afin de la laver à l’eau claire, au fiel de bœuf (un savon naturel) et au bicarbonate. Le séchage de la laine se fait de manière naturelle, au grand air. Franck Benson utilise une cardeuse manuelle qui lui permet d’obtenir des “flocons” de laine ce qui le différencie de ses concurrents. La laine est “enfouie” dans un tissu de lin, bio et naturel, arrivé en rouleaux. Celui-ci est découpé et cousu à la main pour former des couettes, des coussins, des oreillers. “La météo influence beaucoup le marché, indique le jeune agriculteur-artisan. S’il fait froid, les commandes explosent, alors j’ai abandonné de faire les marchés en été.” Et, de sourire : “Le réchauffement climatique, ce n’est pas bon pour moi.”
La clientèle se compose essentiellement de particuliers via le site internet des Moutons des Carpates. Seul moyen commercial, le site présente les différents produits, leur fabrication, les moyens de commande et de paiement en ligne.
Un choix de vie
“J’écoule tout mon stock avec un pic pour le commerce en fin d’année, précise Franck Benson. Il y a beaucoup de travail mais pour moi, c’est un choix de vie d’être venu dans le Cantal pour être avec les animaux, en contact avec la nature. Bien sûr, en habitant ici, il ne faut pas avoir oublié le pain car on est isolé, mais c’est ce que je recherchais.” Franck Benson termine son parcours à l’installation. En dehors de son activité, sa priorité se concentre à terminer la restauration de sa ferme avec une toiture en grande partie à refaire. Une fois achevé ce chantier, l’atelier laine sera rapatrié à la Fontdevialle et les brebis auront un bien meilleur abri.