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Découverte
Mongolie, un pays écartelé entre tradition et développement

Du 4 au 7 octobre prochains, le Sommet de l’élevage met à l’honneur la Mongolie, pays étonnant où dans un contexte de développement agricole balbutiant les éleveurs nomades règnent en maître des steppes, au milieu de paysages grandioses.

Une délégation du Sommet de l'élevage  s'est rendue en Mongolie, pays hôte du Sommet de l'élevage 2022
Une délégation du Sommet de l'élevage s'est rendue en Mongolie, pays hôte du Sommet de l'élevage 2022
© C.Rolle

La semaine dernière, une délégation du Sommet de l’élevage s’est rendue en Mongolie afin de remettre officiellement au ministre de l’Agriculture, Zagdjav Mendsaikhan, son invitation au Salon, en octobre prochain. L’occasion pour les participants de découvrir l’agriculture du pays à travers différentes rencontres avec des éleveurs nomades et des investisseurs du secteur de l’élevage.

Terre d’immensité

La première image qu’évoque la Mongolie est celle d’une nature presque vierge dont l’immensité semble nous priver de repères. Tout est démesuré ici, à commencer par l’hyper concentration dans la capitale bruyante, Oulan Bator, qui abrite 1,5 million d’habitants sur les 3 millions que compte le pays. Son architecture très soviétique rappelle une époque révolue de 70 ans de domination russe (1921-1991).
La démesure encore avec les vastes steppes qui couvrent 20% du territoire et abritent plus de 67 millions de têtes de bétails. Situées à l’est et sur une partie nord du pays, ces immenses plaines sont entourées par des chaînes de montagne au nord-ouest qui flirtent avec la frontière Russe avant de se fondre, au sud, dans le désert de Gobi et se répandre sur une partie du territoire de la Chine. Vous l’avez compris, la Mongolie est enserrée entre les deux puissances Russe et Chinoise.
Pas de routes ici ! Les infrastructures sont partielles, en construction voire totalement inexistantes. On se déplace sur des pistes qui saignent la steppe et où se côtoient camions, voitures, 4X4, bus et … animaux ! 31 millions d’ovins, 26 M de caprins, 5 M de bovins, 4,3 M d’équins et un demi-million de chameaux se partagent l’immensité des plaines de pâturages, lieux de prédilection de l’élevage extensif.

Le graal de l’élevage intensif

Avec une superficie 3 fois celle de la France, la Mongolie dispose d’un potentiel agricole considérable, aujourd’hui sous exploité. Les produits issus de l’élevage sont nombreux mais peu valorisés ; seul le cachemire se positionne sur un marché à haute valeur ajoutée. Le gouvernement souhaite donc conduire un programme de développement de son agriculture à travers la mise en place de l’élevage intensif sur 2% de la zone agricole de son territoire, située autour d’Oulan Bator. « Nous voulons créer des produits de valeur ajoutée, développer des exploitations de races performantes, diversifier les productions, intensifier les exportations aux normes et exigences des pays, et nouer des relations avec des partenaires étrangers. Pour cela nous avons besoin de coopérer avec vous » s’est exprimé le directeur du département de l’application de la politique d’élevage. Un projet ambitieux qui englobe aussi le développement des zones céréalières (blé, cultures fourragères, oléagineux) à l’intérieur du pays et leurs usines de transformation, ainsi que l’essor du maraîchage (pomme de terre, carottes oignons étant les principales cultures). 50% de la consommation de légumes est importé aujourd’hui dont 80% de légumes sous serre, « la production reste familiale, concède le directeur départemental. Notre objectif est de la regrouper et de la structurer en coopératives afin qu’elle soit plus rémunératrice et aussi exportable ». Une aide du gouvernement vient appuyer cette stratégie.

Transformer le nomadisme en semi-intensif

Côté élevage, le programme national, ratifié par le parlement, met l’accent sur le développement de races pures. Il prévoit ainsi l’importation de 100 000 têtes de bovins (50 000 bovins viande et 50 000 bovins lait). Dans une interview qu’il nous a accordée, le ministre de l’Agriculture indique que « Le gouvernement est prêt à soutenir les éleveurs mongols qui font le choix d’investir dans des élevages intensifs ovins et bovins, autour d’Oulan Bator » Son ambition : transformer la tradition de l’élevage nomade en semi-intensif avec des semences congelées et des IA de croisement. Le ministre évoque aussi la nécessité d’améliorer la sécurité sanitaire des cheptels, développer les process de traçabilité et renforcer les compétences des personnels de laboratoires. « Nous attendons un accompagnement de la France sur ces points qui sont essentiels au développement de nos exportations de viandes issues de nos pâturages ».
A travers ce plan national agricole, les autorités mongoles entendent « sortir les paysans de leur isolement » en développant « un système coopératif dans toutes les filières ». Pour autant, pas question de mettre un terme au nomadisme. La stratégie vise à rendre les éleveurs plus responsables dans la protection de leurs troupeaux, de l’environnement et dans la lutte contre la désertification des terres liée au surpâturage. « Nous avons besoin de changer de système pour maintenir notre élevage demain. Et pour cela, nous allons donner les moyens aux éleveurs de vivre de leur métier.»   

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