Moderniser et sécuriser le statut du fermage : un enjeu pour l’avenir agricole
80 ans après sa création, le statut du fermage reste un pilier de notre modèle agricole. Les Jeunes Agriculteursappellent aujourd’hui à le rénover pour répondre aux enjeux de souveraineté et de renouvellement des générations.
80 ans après sa création, le statut du fermage reste un pilier de notre modèle agricole. Les Jeunes Agriculteursappellent aujourd’hui à le rénover pour répondre aux enjeux de souveraineté et de renouvellement des générations.
Un cadre fondateur de l’agriculture française
Créé par l’ordonnance du 17 octobre 1945 et la loi du 13 avril 1946, le statut du fermage a marqué une étape historique dans la reconnaissance du travail des agriculteurs. Avant cette réforme, les fermiers et métayers vivaient souvent dans la précarité.
Ce statut a instauré :
- Une durée minimale des baux (9 ans).
- Un encadrement des loyers par arrêté préfectoral.
- Une priorité pour le fermier en cas de vente du bien loué.
Le statut du fermage a profondément transformé le rapport entre fermiers et propriétaires. Il a permis de construire un modèle agricole familial, stable et durable », souligne Maxime Buizard-Blondeau, vice-président des Jeunes Agriculteurs.
Aujourd’hui, plus de 80 % de la SAU française est exploitée sous ce régime.
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Un outil qui doit s’adapter
Après 80 ans, le statut montre des limites :
- Complexité et rigidités qui découragent les propriétaires.
- Manque d’adaptation aux réalités actuelles (travail à façon intégral, sous-location).
- Indice du fermage non territorialisé, ne reflétant pas les différences régionales.
« Ce cadre a fait ses preuves, mais il a besoin d’un coup de jeune », estime Maxime Buizard-Blondeau.
Les Jeunes Agriculteurs proposent :
- Renforcer la formalisation des baux pour éviter les litiges.
- Simplifier les contrats.
- Territorialiser l’indice du fermage pour qu’il reflète le potentiel productif réel des terres.
Une analyse partagée sur le terrain
En Corrèze, Franck Guille (FDSEA 19) confirme : « Le prix du fermage augmente, ce qui pèse sur les exploitants. Il faut revoir certains critères : le montant du fermage ne devrait pas dépasser celui de l’aide à l’hectare. »
Préserver le lien au sol
Les Jeunes Agriculteurs alertent sur les dérives du travail à façon intégral, qui détache l’exploitant de la terre :
Quand celui qui détient le bail n’exploite plus lui-même la terre, c’est tout le sens du statut du fermage qui s’efface. »
Garantir l’installation et la souveraineté alimentaire
Le fermage est un levier essentiel pour l’accès au foncier des jeunes agriculteurs :
Sans accès au foncier, pas d’installation ; sans installation, pas de renouvellement des générations », rappelle Maxime Buizard-Blondeau.
Les syndicats (JA et FNSEA) appellent à un nouveau pacte foncier, fondé sur la confiance, la clarté et l’équité.
« Moderniser ce statut, c’est préparer la terre de demain et affirmer la place centrale des agriculteurs dans la souveraineté alimentaire du pays. »