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Manifestation Millevaches : une démonstration de force contre le loup

Ce jeudi 7 août, le plateau de Millevaches a vibré au rythme d’une colère collective mais déterminée. Près de 700 personnes, réunies à l’appel de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs, de la Chambre d’agriculture, de la Fédération des chasseurs et de l’Association pour la défense des éleveurs de Mille Sources, se sont rassemblées devant la mairie. De nombreux élus locaux, des syndicats agricoles et des représentants des départements voisins – Creuse, Haute-Vienne, Cantal ou encore Puy-de-Dôme – avaient également fait le déplacement, conscients de l’importance de l’enjeu pour l’avenir de l’élevage et des territoires ruraux. 

© JA19

L’objectif était clair : dire NON au loup, exiger des mesures urgentes pour réguler l’espèce, et témoigner de la solidarité de tous envers un monde agricole durement frappé par les attaques

Une situation alarmante 

La Corrèze fait face à une pression prédatrice sans précédent. Ces dernières semaines, les attaques de loups sont quasi quotidiennes, parfois même en plein jour, et de plus en plus proches des habitations et des bâtiments agricoles. La récente naissance de quatre louveteaux dans la région ne fait qu’accentuer l’inquiétude. Emmanuel Lissajoux, président de la FDSEA, résume la situation avec gravité : 

Aujourd’hui, ce ne sont pas les loups qui sont menacés, ce sont nos éleveurs et notre pastoralisme. Nous ne pouvons pas vivre sous cette pression permanente. La cohabitation est impossible. » 

Témoignages poignants d’éleveurs et élus

Parmi les voix fortes du rassemblement, celle de Marjolaine Merens, présidente de l’Association pour la défense des éleveurs de Mille Sources, a particulièrement marqué les esprits. Elle décrit la violence des attaques 

Nous retrouvons nos animaux éventrés, égorgés, parfois la colonne brisée en deux. Les attaques se produisent la nuit comme le jour, le loup saute les clôtures, même celles dites anti-loup. Parfois, ce sont plus d’une trentaine de moutons que l’on retrouve déchiquetés au petit matin. » 

Elle dénonce également l’inaction des autorités et les malveillances de certains militants pro-loups qui s’introduisent sur les parcelles des éleveurs pour empêcher les louvetiers de faire leur travail. 

Sylvie Prabonneau, maire de Millevaches, a quant à elle mis en lumière la souffrance psychologique que subissent les éleveurs et leurs proches : 

 Pour certains, la naissance de ces quatre louveteaux est une réjouissance. Pour nous, c’est l’assurance de nuits blanches, de matins rouge sang et de journées noires d’inquiétude. » 

Le sénateur Chasseing, présent sur place, a rappelé ses multiples interventions auprès des ministres de l’Agriculture et de l’Environnement pour rendre le loup chassable dans nos territoires corréziens non protégeables où les mesures actuelles sont inefficaces. 

Pascal Coste, président du Département, a fustigé : 

Ce n’est pas à l’écologie radicale de nous imposer sa doctrine. Il est temps d’arrêter de raconter n’importe quoi, comme vouloir éduquer les loups. » 

Robert Madupuy, président de la Fédération des chasseurs de la Corrèze, a asséné que 

présenter le loup comme un régulateur du grand gibier est un mensonge », précisant qu’« il préférera toujours une brebis ou un veau dans un champ clôturé plutôt qu’un animal sauvage qui lui demanderait plus d’effort ». 

Il a également dénoncé des règles de gestion visant, selon lui, à faire prospérer le loup

Un cri d’alarme pour sauver l’élevage corrézien 

« Nous resterons mobilisés tant que des mesures concrètes ne seront pas mises en œuvre. Nous ne lâcherons rien pour protéger nos éleveurs et nos animaux. »

Face à cette situation, la profession agricole, soutenue par les élus du territoire, lance un appel pressant à la mise en place immédiate d’une régulation. Sans action rapide, l’élevage corrézien risque de disparaître à très court terme. 

Marie-France Forest, secrétaire générale de la FDSEA et responsable du dossier « Loup » à la Chambre d’agriculture, alerte sur les conséquences : sans intervention immédiate de la brigade loup pour prélever les prédateurs, les prochaines attaques pourraient avoir des effets dramatiques sur des éleveurs déjà épuisés physiquement et psychologiquement. « Il est urgent d’empêcher un drame », prévient-elle. 

Daniel Couderc, président de la Chambre d’agriculture de la Corrèze, rappelle que malgré les moyens de protection déjà déployés — clôtures électrifiées, plus de 90 chiens de protection sur le territoire, surveillance renforcée — les attaques restent quasi quotidiennes : 

En 2024, 153 animaux ont été tués. En 2025, nous en sommes déjà à environ 140, dont des bovins. » 

Marjolaine Merens affirme que, pour de nombreux éleveurs, la présence du loup est tout simplement incompatible avec le mode d’élevage et le territoire local. Selon elle, un changement de la loi est indispensable : « il faut relever les quotas d’abattage et assouplir les règles de tir ». 

Marie-France Forest insiste sur la nécessité d’adopter rapidement une méthode de régulation adaptée, en cohérence avec l’évolution du statut du loup au niveau européen, qui doit se traduire dans le droit national : « Ce quota de loups à prélever n’a plus lieu d’être. » Elle interpelle aussi : 

Les associations environnementales affirment que le loup est une chance, qu’il régule le gibier. Mais qui régule le loup ? La réponse est simple : c’est l’homme ! » 

Enfin, la responsable syndicale dénonce la sous-estimation officielle du nombre de loups en France. 

On nous parle de 1 013 loups, mais la réalité est bien supérieure. Le seuil de préservation est fixé à 500 individus : l’espèce est donc largement préservée. » 

Elle fustige également la désinformation entretenue par certaines associations environnementales, rappelant que « non, deux personnes sur trois ne veulent pas du loup ». Et de conclure : 

Aujourd’hui, le loup menace nos élevages, mais aussi l’ensemble de la vie de nos territoires : l’économie locale, les commerces, les paysages ouverts, les écoles, … » 

Des mesures concrètes pour une régulation immédiate 

La profession agricole, les habitants du plateau et les élus réclament une régulation urgente du loup. Comme l’a rappelé Emmanuel Lissajoux, le président Macron a déclaré il y a quelques semaines, lors d’un déplacement à Roquefort-sur-Soulzon, qu’il fallait empêcher l’implantation du loup dans les zones de pastoralisme, affirmant qu’il convient de ne pas laisser cette espèce se redévelopper dans les zones d’élevage. Il a plaidé pour un prélèvement accru et rapide. « Nous attendons des actes », insistent les responsables agricoles. Ils exigent l’adoption rapide d’une nouvelle loi encadrant cette régulation, notamment après le déclassement de l’espèce de strictement protégée à protégée, et demandent que le loup devienne chassable. Dans l’attente, ils exigent une intervention rapide de la brigade loups en renfort des louvetiers, afin d’assurer un prélèvement efficace sur le territoire. Car, préviennent-ils, demain, c’est l’ensemble du Limousin qui pourrait être touché. Ils demandent également que les éleveurs titulaires du permis de chasse, ainsi que les chasseurs, puissent disposer du même matériel que les louvetiers, et que les autorisations de tir soient délivrées automatiquement, quelle que soit la nature de la production. Ils réclament en outre la suppression de l’obligation d’avoir subi deux attaques avant de pouvoir obtenir l’intervention des louvetiers. 

Par ailleurs, les responsables professionnels attendent la validation par la préfète coordonnatrice de l’étude de vulnérabilité réalisée par la Chambre d’agriculture, afin de permettre aux éleveurs bovins situés en cercle 1 de mieux protéger leurs troupeaux. Ils s’interrogent également : « Quid des élevages bovins en cercle 2 ou 3 ? Pourquoi devraient-ils être exclus du dispositif de protection ? » 

Enfin, la question des chiens de protection a été abordée : ils demandent que ces animaux soient placés sous la responsabilité de l’État

Une mobilisation large et unie pour l’avenir du territoire 

Cette mobilisation exemplaire témoigne de l’attachement profond des ruraux à leur agriculture. Le rassemblement, déterminé mais respectueux des biens et des personnes, a réuni un large panel d’acteurs : agriculteurs, chasseurs, élus, habitants de la Corrèze et alentours. Tous sont unis pour défendre un mode d’élevage extensif garantissant des paysages ouverts, la biodiversité et une activité économique essentielle. 

Emmanuel Lissajoux a conclu ce rassemblement en affirmant que « la Corrèze mérite mieux qu’un zoo à ciel ouvert », un message clair adressé aux autorités pour qu’elles agissent sans tarder. 

Marie-France Forest a elle aussi prévenu : « Nous resterons mobilisés tant que des mesures concrètes ne seront pas mises en œuvre. Nous ne lâcherons rien pour protéger nos éleveurs et nos animaux. »

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