Culture du maïs grain non irrigué : stop ou encore ?
Depuis 2019, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme expérimente la conduite du maïs grain non irrigué. L’essai de cette année testait des variétés à grain denté tolérantes au stress hydrique et à dessication rapide, avec des précocités s’étalant de précoce (G1) à demi tardif (G4).
Depuis 2019, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme expérimente la conduite du maïs grain non irrigué. L’essai de cette année testait des variétés à grain denté tolérantes au stress hydrique et à dessication rapide, avec des précocités s’étalant de précoce (G1) à demi tardif (G4).

Face à l'évolution du climat et la succession des accidents météorologique (excès d'eau, canicule, sécheresse…), les agriculteurs puydomois sont nombreux à s'interroger sur la productivité du maïs grain non irrigué. Cette année a montré, encore une fois, combien les résultats de la culture peuvent varier. Alors qu'en 2024, année particulièrement favorable, les rendements avaient été bons, les premières estimations de la campagne en cours sont peu encourageantes.
Le maïs grain a souffert des canicules
La culture a souffert d'un stress hydrique du stade 15 feuilles au stade 50% d’humidité du grain» précise Alban Mialon, conseiller à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme.
Après un stress thermique fin juin-début juillet avant floraison, la baisse des températures et le retour des pluies autour du 20 juillet ont donné du répit aux plantes. La période de fécondation (floraison à SLAG= Stade Limite d’Avortement des Grains ) a été épargnée (sur l’essai) par les très fortes chaleurs. Le nouvel épisode caniculaire de la première quinzaine d’août a ensuite occasionné une aggravation du stress.
Au total, entre le mois juin et septembre, les 6 variétés* de l'essai ont connu 59 jours de stress hydrique.
Inévitablement, le PMG (poids de mille grains) en a souffert. Les premières estimations donnent une moyenne de 240 g.
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Avec un rendement estimé à 70 q/ha, le maïs grain non irrigué n’est pas rentable
Toutes les variétés ont dépassé le stade 32 % d’humidité du grain. La variété la plus précoce (G1) devrait être à 15% d’humidité au 29 septembre. Du côté du rendement, c’est loin d’être la folie des grandeurs.
Nous prévoyons un rendement moyen de 70 q/ha sur l’ensemble de l’essai (64 à 78 qx/ha estimés selon les variétés) ».

Du maïs grain à 70 q/ha, est-ce toujours rentable ? Le jour de la présentation, pour bon nombre d'agriculteurs, le maïs grain non irrigué est l'équivalent d'un coup de poker : « soit on gagne, soit on perd ».
D'après le calcul des charges réalisé par Alban Mialon pour une exploitation de 150 ha, sans culture de semence et un itinéraire technique «optimisé», le seuil de rentabilité du maïs grain non irrigué (vendu 150€/t) est fixé à 76 q. « Ces chiffres donnent une idée. Les charges fixes et de mécanisation sont très variables suivant les exploitations » précise-t-il. «L’adaptation des charges d’intrants (à la marge) et l’optimisation des charges de mécanisation sont des leviers pour baisser ce seuil de rentabilité.» Il n'empêche que cette année, le compte n'y est pas.
À ceux qui seraient tentés d'abandonner la culture, Frédéric Moigny, conseiller agronomie à la Chambre d'agriculture rappelle que le maïs, culture de printemps, permet la gestion des adventices.
Le vulpin devient problématique dans un certain nombre de parcelles de Limagne et la rotation est un levier pour le gérer. »
Peu de solutions s'offrent aux agriculteurs de Limagne dépourvus d'irrigation.
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