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Louis-Jacques Liandier : la solitude pour inspirer des romans

L'homme politique, s'efface pour laisser place au romancier pudique retiré en Haute-Loire.

Louis-Jacques Liandier, serpette en main, dans le petit village de Bousselargues près de Blesles (43) où il passe le plus clair de son temps.
Louis-Jacques Liandier, serpette en main, dans le petit village de Bousselargues près de Blesles (43) où il passe le plus clair de son temps.
© R.Saint-André

Qui est Louis-Jacques Liandier ? L'homme politique vicois au costume classique et aux cheveux d'agent impeccablement coiffés... l'écrivain discret malgré des prix littéraires remarqués... ou encore l'habitant quasi-solitaire d'un hameau déserté de Haute-Loire, qui enfile ses bottes pour partir couper son bois, cultiver des pommes de terre plus qu'il ne lui en faut et produire son propre vin ? Une chose est sûre, il ne sera plus l'homme public qu'il fut. Il attend fin mars que s'achève son mandat de conseiller général pour goûter à temps plein à la nouvelle vie qu'il a choisie. "Je redécouvre ce que j'avais fini par oublier : la liberté", révèle-t-il. Pour arriver à Bousselargue, il faut emprunter des petites routes étroites qui surplombent Blesle. C'est là le berceau de la famille de Louis-Jacques Liandier depuis au moins la période du Premier Empire ; là que son père - résistant de la seconde guerre qui a refusé tous les honneurs - est enterré ; là qu'il occupe désormais le plus clair de son temps, dans ce village petit à petit abandonné et qui a servi de décor à un de ses romans : "Les racines de l'espérance".

 

Des mains pour travailler


"Le travail manuel n'empêche pas de réfléchir : ça alimente la réflexion", constate celui qui vient de retaper un corps de ferme, qui n'hésite pas à refaire un bout de toiture de grange, qui vient d'abattre deux ou trois vieux arbres et que l'on croise à pied une serpette à la main, ou dans sa vieille Citroën Acadyane chargée de fagots ou de légumes. Autour d'une discussion, Louis-Jacques Liandier ne manque pas d'évoquer  la  "méthode  bordelaise ancienne" qui prévaut à la vinification du fruit de ses vignes. Le breuvage est en quantité très réduite, mais le résultat remarquable. Il faut dire que le vigneron  amateur s'y  adonne avec enthousiasme : "La vigne, vous savez, c'est un peu ma danseuse." Voilà l'homme de Bousselargue, bien loin de l'image que donnait celui qui a passé 25 ans à la mairie de Vic-sur-Cère et qui a accepté de nombreuses missions politiques départementales (voir son parcours en encadré). Pour autant, il se défend d'un quelconque regret ni du sentiment d'amertume, suite à la défaite électorale de 2014. D'autant qu'il se doutait du résultat, ayant prévenu ses colistiers du risque après un mandat sans opposition.Il se souvient juste de quelques moments forts, comme cette fois où il fut menotté et menacé d'un pistolet sur la tempe par un forcené(1) ; sa plaidoirie face à la commission nationale des casinos pour qu'un établissement voit le jour à Vic ; des heurts avec un préfet, justement à propos de l'implantation d'un casino ; de son ambition pour servir la cause intergénérationnelle, comme un fil rouge, en débutant par des travaux dans l'école maternelle, puis la maison de la jeunesse, la réfection du parc de loisirs, la création de promenades pédestres, jusqu'à la construction de la maison de retraite. Mais si on lui demande ce dont l'élu est le plus fier, après un long silence, il répondra : "Je ne sais pas."

 

Avant tout, un écrivain


Quant au visage du département qui se profile depuis la réforme territoriale, il ne le reconnaît plus : "On veut s'en séparer. Je pars avant." En fait, le conseiller général est déjà plongé dans son autre passion. Celle qu'il cultive depuis toujours : la littérature. Sidéré qu'il est par la culture du président Pompidou qu'il a côtoyé   lors   de   l'entrée   en politique de Pierre Raynal, son ami de Chaudes-Aigues ; ému aux larmes d'avoir pu entretenir une correspondance avec André Malraux(2). L'écriture, à un bureau installé dans une des chambres de la maison de son grand-père, où il vit plus de la moitié de la semaine, sans télévision, sans téléphone, ni fixe ni mobile. Il écrit au crayon à papier dont il "aime la sensualité", avant de retranscrire le manuscrit sur un clavier. "Pour écrire, j'ai besoin d'être seul, dans le silence. Les mots m'emportent. C'est une récréation, pendant le temps où j'écris, je voyage", confie-t-il en livrant quelques éléments de son prochain roman. "Cela se passe en Amérique du Nord, c'est un "thriller" pour employer un anglicisme. La cavale d'un jeune Français suspecté de faire partie d'une cellule terroriste ; son père, haut-fonctionnaire, part à sa recherche, retrace son parcours sur la côte Ouest, surveillé par la CIA. Il recueille des témoignages de ceux qui ont croisé son chemin. Notamment un vieil Indien et une jeune femme... L'inspiration, je la trouve dans des rencontres personnelles." Sa bonne étoile aussi, entre l'écrivaine Claire Gallois qui l'a "coaché" à ses début et Yves Berger, l'éditeur qui l'a pris sous l'aile de chez Grasset. Quant à la suite de l'histoire américaine, elle est derrière le regard bleu de Louis-Jacques Liandier qui prévient dans un sourire : "Vous n'en saurez pas plus."


(1) Ce qui lui a valu une médaille dans l'ordre national du Mérite, attribuée par Jacques Chirac, que le récipiendaire a souhaité recevoir en toute discrétion.


(2) La dernière lettre lue à l'écrivain sur son lit de mort par Sophie de Vilmorin, dernière compagne de Malraux, était probablement signée de Louis-Jacques Liandier.

 


Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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