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L'irrigation, "notre assurance fourrages"

Dans le Cantal, terre d'élevage, on se passerait bien d'irriguer, mais pour les 80 exploitations qui y ont recours, l'irrigation est devenue l'assurance de stocks fourragers pour nourrir les troupeaux.

À l'issue de l'assemblée générale des irrigants du Cantal, visite de l'étang du Sabatier.
À l'issue de l'assemblée générale des irrigants du Cantal, visite de l'étang du Sabatier.
© P. O.

La guerre de l'eau aura-t-elle lieu, comme le titrent de nombreux journaux ? Une chose est sûre, plus les sécheresses passent, plus les irrigants voient leurs pratiques stigmatisées. Mercredi dernier, bien avant l'ultra violence du week-end dans les Deux-Sèvres (lire p. 19), l'intervention de Benjamin Campech, animateur de l'Organisme unique de gestion collective (OUGC) du sous-bassin du Lot, n'a guère rassuré les irrigants du Cantal réunis en assemblée générale sur l'exploitation du Gaec du Sabatier à Marcolès. Ce printemps 2023 s'annonce en effet à enjeux forts avec deux dossiers en négociation avec l'administration : en premier lieu l'AUP, l'autorisation unique pluriannuelle, qui va définir pour les prochaines années les volumes maximaux autorisés pour les prélèvements destinés à l'irrigation à des fins agricoles.

Printemps à enjeux
Charge ensuite à l'organisme unique du sous-bassin de procéder chaque année à la ventilation de ces volumes entre tous les préleveurs des six départements concernés - dont le Cantal -, soit un peu plus de 900 agriculteurs qui irriguent en moyenne annuellement 22 000 ha, majoritairement dans le Lot-et-Garonne. En 2022, ce sont 32 millions de mètres de cubes de prélèvement en cours d'eau et nappe d'accompagnement qui ont été autorisés (dans les faits pas forcément prélevés). L'enjeu de l'AUP est de maintenir les volumes autorisés, malgré une pression des autorités et de certains acteurs en faveur d'un abaissement. L'OUGC, géré par la chambre d'agriculture du Lot, appelle par conséquent tous les irrigants à se manifester lors de la consultation publique qui sera lancée en ligne courant avril.
Autre motif d'inquiétude, l'arrêté d'orientation Adour-Garonne en cours de révision et qui va fixer les grandes lignes en matière notamment de restrictions d'usage pour les années à venir. Cet arrêté encadrera des arrêtés cadres interdépartementaux (ACI) par grands bassins (Lot, Dordogne...) auxquels se réfèreront dorénavant les arrêtés sécheresse départementaux.
Dans sa mouture actuelle, cet ACI prévoit plusieurs dispositions qui vont contraindre encore davantage l'irrigation : interdiction d'irriguer en période de canicule de
13 heures à 20 heures, même depuis un plan d'eau déconnecté, prise en compte de la température de l'eau dans les critères de décision de restrictions,... Autant de dispositions auxquelles les chambres d'agriculture des six départements réunies au sein de l'OUGC entendent s'opposer, d'abord dans le cadre des négociations avec la préfète du Lot, coordinatrice pour ce territoire, puis, si nécessaire, en déposant un recours gracieux voire un recours contentieux le cas échéant.

Pétition
Sans attendre, l'OUGC et l'association des irrigants du Cantal incitent les irrigants et les agriculteurs du département à signer une pétition "pour donner plus de poids à notre opposition", a déclaré Benjamin Campech. "Nous serons très vigilants sur l'AUP et l'accord cadre interdépartemental ; le grand danger, c'est de se voir imposer de nouvelles restrictions que ce soit en termes de volumes et de praticité, a réagi Chantal Cor, présidente  de l'association des irrigants du Cantal. Dans le département,
on est arrivé à faire comprendre à l'administration que nous ne disposons pas d'équipements à déclenchement automatique, avec des pivots... Ce serait dommage que cet arrêté interdépartemental remette cela en cause."


"Sans eau, rien ne pousse "
D'autant, souligne Chantal Cor, que nombre des 80 irrigants du département se passeraient bien d'avoir à recourir à ce qui représente dans le Cantal avant tout une assurance en termes fourragers, qu'il s'agisse de maïs ou luzerne, des plantes qui valorisent d'ailleurs bien mieux l'eau apportée que les céréales. "Notre métier, c'est éleveur avant tout, pas d'arroser, on est heureux quand on n'a pas à le faire !", lance l'élue de la Chambre d'agriculture, qui aimerait aussi voir changer le regard de la société. "Personne ne trouve ça choquant de vouloir laver sa voiture en période d'arrêté sécheresse, mais ça l'est quand on irrigue un maïs... Il faut que les gens aient conscience que sans eau, rien ne pousse !"

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