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L’interdiction des néonicotinoïdes aura de lourdes conséquences…

En culture de la betterave sucrière, les néonicotinoïdes sont utilisés en traitement de semences depuis 1922 et généralisés depuis 2002 sans avoir été mis une seule fois en cause pour des mortalités d’abeilles.

La betterave sucrière, prochaine victime de l’interdiction des
néonicotinoïdes.
La betterave sucrière, prochaine victime de l’interdiction des
néonicotinoïdes.
© JC Gutner

On compte parmi les néonicotinoïdes actuels deux molécules utilisées en culture betteravière :

l’imidaclopride et le thiaméthoxam.

Le traitement de semence a permis une avancée technique importante en maitrisant totalement certains parasites souterrains (atomaires) ou apportant un bon niveau d’efficacité sur d’autres parasites (taupins, blaniules, scutigérelles… ) De même, leur très bonne efficacité sur les parasites aériens (pucerons, altises, thrips etc …) conduit à ne pratiquement plus utiliser de traitements insecticides en végétation à l’exception parfois des noctuelles défoliatrices.

La jaunisse virale, maladie transmise par les pucerons verts et noirs de la betterave est responsable de pertes importantes pour la betterave sucrière allant de 5 à 20 t en Auvergne (10 t en moyenne). Cette maladie est totalement maitrisée depuis 2002 grâce à la généralisation des traitements de semence à base de néonicotinoides en éliminant les premiers pucerons ailés, vecteurs du virus et éviter ainsi leur multiplication.

 

Des risques accrus sur la betterave

Le réseau VIGIBET mis en place par l’institut technique de la betterave (ITB) depuis 2010, montre que sans cette protection, le risque jaunisse est prépondérant et systématique chaque année dans toutes les régions betteravières. Il est nécessaire de rappeler que la betterave est connue comme ne produisant pas d’exsudat par guttation et qu’elle ne fleurit pas pendant la période de production, c’est-à-dire qu’elle ne produit pas de pollen.

Les semences de betteraves traitées avec les néonicotinoïdes sont enrobées et les produits appliqués sont protégés par un pelliculage ce qui limite au maximum le risque lié à la production de poussières lors de la manipulation de semences pendant le semis.

L’ensemble de ces arguments montre que l’exposition des pollinisateurs aux néonicotinoïdes est quasi inexistante dans la culture de la betterave. Par contre, leur possible interdiction va avoir des conséquences environnementales et économiques considérables que certains devront assumer.

L’absence de ces traitements de semence va conduire les agriculteurs à réaliser les premiers traitements aériens dès le stade 2 feuilles et à les renouveler si nécessaire jusqu’à la couverture du sol fin mai, début juin soit de 2 à 4 traitements pour maitriser les altises, thrips, pucerons, pégomyies et voir autant de fois des pulvérisateurs dans les parcelles là où on n’en voyait plus.

Des efforts réduits à néant

Les traitements insecticides au semis (10 à 18 kg à l’hectare )qui ont précédé les traitements de semences (90 grammes à l’hectare) sont interdits depuis 2007. Sur près de 17 produits disponibles en végétation avant l’utilisation des traitements de semences, il n’en reste que deux avec des efficacités irrégulières. Le risque environnemental deviendra donc très élevé car la betterave sucrière est cultivée sur plus de 5 000 ha en Auvergne et les parcelles sont à proximité immédiate d’autres cultures mellifères comme le tournesol, le colza mais aussi les arbres, les bandes tampons etc… Économique, car il faudra probablement augmenter la densité de semis pour pallier partiellement les pertes liées au parasitisme souterrain pour lesquels il n’y a plus de solutions. Les pertes de rendement pourront aller de 5 à 20 t / ha selon les années ce qui est susceptible de remettre en cause la filière betteravière en Auvergne mais probablement aussi dans d’autres régions, par manque de rentabilité.

En conclusion, tous les efforts, qui ont été faits jusqu’à maintenant pour réduire le plus possible les produits de protection des cultures (insecticides du sol en grande quantité, insecticides en végétation) tout en ayant une bonne maîtrise sur les parasites de la betterave et un impact quasi inexistant sur la faune auxiliaire, seront réduits à néant.

L’utilisation des néonicotinoïdes en culture de la betterave sucrière, en particulier du fait qu’elle ne produit pas de pollen, n’engendre aucun risque pour les abeilles et les pollinisateurs en général. Leur interdiction aura sans doute de lourdes conséquences sur celles-ci.

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