Interview
« L'essentiel est d'arriver à trouver des éléments de conciliation »
Présent au Cros-de-Géorand pour célébrer le Fin Gras du Mézenc, le sénateur de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, est revenu en marge de l’événement sur sa proposition de loi : « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».
Présent au Cros-de-Géorand pour célébrer le Fin Gras du Mézenc, le sénateur de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, est revenu en marge de l’événement sur sa proposition de loi : « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».

Quel regard portez-vous sur la motion de rejet adoptée ?
Laurent Duplomb : « C’est totalement ubuesque. Ceux qui soutiennent la loi votent pour le rejet, et ceux qui y sont opposés votent pour la maintenir. La réalité, c’est l’obstruction : 3 500 amendements, dont 1 200 de réécriture, rendaient l’examen article par article, impossible. Cette motion de rejet visait à éviter un blocage de plusieurs semaines à l’Assemblée. Elle permet de renvoyer le texte en commission mixte paritaire, où un vrai débat démocratique pourra se tenir entre sept sénateurs et sept députés. (Un débat selon la représentation proportionnelle de chaque assemblée N.D.L.R.). Un compromis y sera peut-être trouvé, puis soumis au vote des deux chambres. »
Craigniez-vous une possible dissolution de l'Assemblée nationale avant le vote de ce texte ?
L.D. : « Pas avant le 8 juillet. Mais à l’automne, avec les débats budgétaires et les enjeux liés à l’équilibre financier, le risque pourrait resurgir. J’espère néanmoins que le texte sera voté avant cette date. La commission mixte paritaire est prévue le 30 juin au Sénat, sous la présidence de la commission des affaires économiques. Si elle aboutit, ses conclusions pourraient être votées la semaine suivante. L'essentiel est d'arriver à trouver les éléments de conciliation entre le travail parlementaire de l’Assemblée nationale et de trouver un compromis en s’appuyant sur le travail déjà réalisé, notamment en commissions. Je suis confiant dans notre capacité à dégager des consensus, notamment en commission économique. En revanche, je resterai ferme sur les articles 5 et 6, (sur le stockage de l'eau et la proposition de tutelle préfectorale de l'OFB N.D.L.R.) qui ont été étudiés en commission de développement durable »
Selon vous, quel est le message le plus important à faire passer ?
L.D. : « Il faut arriver à faire comprendre qu'on ne peut pas rester dans un pays qui a, cette naïveté coupable, consistant à ajouter des contraintes supplémentaires aux règles européennes, et qui nous mène petit à petit, à une concurrence déloyale. Les agriculteurs français ne demandent pas de privilèges, seulement d’être traités à égalité avec leurs voisins, sans être désavantagés par des surtranspositions. Le texte vise à rétablir cette équité.
Dans le débat public, les enjeux environnementaux sont au cœur des discussions, notamment autour de la réintroduction de certains phytosanitaires comme l’acétamipride. Ne serait-il pas préférable d’harmoniser la réglementation au niveau européen pour qu’ils soient interdits dans tous les pays ?
L.D. : « La France a effectivement demandé en janvier 2024 à la Commission européenne d’interdire l’acétamipride. Cependant, la Commission estime que, dans les conditions actuelles d’utilisation, ce produit n’a pas d’impact négatif sur l’environnement, la santé publique ou la biodiversité. De plus, les études présentées par la France pour justifier cette interdiction ont été jugées insuffisantes. Aujourd’hui, 26 pays européens autorisent encore l’acétamipride, la France étant la seule à ne pas l’utiliser. »