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Grippe : Histoire, hôtes animaux et menace pour la santé humaine

Influenza aviaire hautement pathogène (IAHP), grippe porcine, grippe saisonnière humaine, ces virus font régulièrement l’actualité. Cet article explore les multiples facettes des influenzas, de leurs origines pandémiques à leur rôle constant dans les écosystèmes animaux.

Pour les éleveurs et les vétérinaires, comprendre les rouages des virus Influenza est plus qu'une nécessité sanitaire, c'est un impératif économique et de santé publique.

Une menace éternelle

Le virus de l'influenza est un agent pathogène respiratoire qui peut infecter les oiseaux, les mammifères, y compris l'homme, et causer des maladies allant d'une grippe saisonnière bénigne à une pandémie dévastatrice. La proximité entre les espèces animales et les humains crée une passerelle unique pour l'évolution virale. L'histoire, la biologie et l'impact de ces virus sur la faune et la santé humaine sont des thèmes interconnectés qui exigent une vigilance constante.

Des virus responsables de grandes pandémies

L'histoire de l'influenza est jalonnée de tragédies. Les pandémies surviennent lorsque de nouvelles souches virales, auxquelles la population humaine n'est pas immunisée, émergent et se propagent rapidement à l'échelle mondiale.

  •  1918 (grippe espagnole) : de loin la plus dévastatrice, cette pandémie causée par une souche H1N1 a infecté environ un tiers de la population mondiale et a fait entre 50 et 100 millions de victimes. Elle a frappé particulièrement les jeunes adultes, un schéma inhabituel pour la grippe.
  • 1957 (grippe asiatique) : causée par une souche H2N2, elle fut moins létale que celle de 1918 mais a néanmoins fait plus d'un million de morts.
  • 1968 (grippe de Hong Kong) : une souche H3N2 a émergé, entraînant environ un million de décès supplémentaires dans le monde.
  • 2009 (grippe porcine) : une nouvelle lignée de H1N1, partie du Mexique et des États-Unis, a provoqué une pandémie modérée, en partie grâce aux progrès de la médecine moderne et peut-être à une certaine immunité croisée dans les populations plus âgées. Ce virus est encore régulièrement retrouvé dans les élevages de porcs.

Ces événements historiques illustrent le risque permanent que ces virus hautement adaptables font courir à la santé humaine et animale.

Une classification globale complexe

Les virus de l'influenza sont des virus à ARN (Acide Ribonucléique) de la famille des Orthomyxoviridae. Ils sont classés en 3 types :

  • Type A : le plus important, il infecte un large éventail d'animaux (oiseaux, porcs, chevaux, humains) et est responsable de toutes les pandémies connues et des grandes épidémies saisonnières.
  • Type B : affecte principalement les humains et les phoques. Il cause des épidémies saisonnières, mais n'est pas associé aux pandémies.
  • Types C et D : moins courants, le type C provoque des maladies légères chez l'homme et le type D affecte principalement les bovins.

Le type A est classé en sous-types selon ses deux protéines de surface :

  • Hémagglutinine (H), qui permet au virus de se fixer et de pénétrer dans les cellules hôtes. Il existe 16 sous-types chez l’oiseau (H1 à H16).
  • Neuraminidase (N) qui permet au virus de se libérer des cellules infectées et de se propager. Il existe 9 sous-types chez l’oiseau (N1 à N9).

Ce sont les combinaisons de ces protéines qui donnent les noms familiers comme H5N1 ou H1N1.

Des virus avec une grande capacité évolutive

L'ARN viral est sujet à deux processus évolutifs majeurs :

  • Glissement antigénique : ce sont de petites mutations progressives qui s'accumulent au fil du temps. Elles sont responsables des épidémies saisonnières car elles modifient légèrement les protéines H et N, permettant au virus d'échapper à l'immunité résiduelle.
  • Saut antigénique (Shift) : c'est un changement majeur et soudain. Il se produit lorsque deux virus différents (par exemple, un humain et un aviaire) infectent la même cellule (souvent chez un porc ou un oiseau) et échangent des segments génétiques, créant une nouvelle souche hybride (processus de réassortiment). C'est le moteur principal des pandémies.

Les oiseaux, principal réservoir des Influenza…

Les oiseaux (principalement canards et oies) sont le réservoir naturel et l'hôte de la majorité des virus Influenza A. Ces virus peuvent s'y multiplier souvent sans causer de maladie, créant un "creuset viral" où différentes souches coexistent et peuvent évoluer. Des souches comme H5N1 et H7N9 sont particulièrement préoccupantes car responsables d’épidémies d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). Elles peuvent provoquer une maladie grave avec un taux de mortalité très élevé, que ce soit sur les palmipèdes ou les volailles domestiques. L'impact économique sur l'élevage est colossal, entraînant des pertes par mortalité, des coûts d'abattage (pour contenir la propagation) et des restrictions commerciales internationales.

… et les porcs hôtes de mélange

Les porcs sont uniques car leurs cellules possèdent des récepteurs à la fois pour les virus aviaires et humains, ce qui en fait des hôtes de mélange idéaux. Les virus peuvent alors franchir la barrière des espèces, pouvant provoquer une zoonose (passage d'un agent infectieux d'un animal à l'homme). Le contact entre la volaille ou les porcs infectés et l'homme (particulièrement en milieu agricole) est la principale voie par laquelle un virus animal peut acquérir la capacité d'infecter l'homme, soit directement (comme avec H5N1), soit par réassortiment. Le danger principal pour l'humanité réside dans le Shift. Lorsqu'une souche animale acquiert la capacité de se transmettre efficacement d'homme à homme, une pandémie est inévitable. Le mélange des souches est le pire scénario car il crée un virus complètement nouveau face auquel l'humanité est naïve immunologiquement.

La vaccination comme meilleure mesure de prévention

Quelle que soit l’espèce, la vaccination est la méthode de prévention la plus efficace. Le processus de développement des vaccins est annuel car il doit être mis à jour chaque année pour correspondre aux souches ayant subi un glissement antigénique. Des vaccins universels sont à l’étude, qui conféreraient une protection plus large et plus durable, ainsi que de meilleures stratégies pour endiguer rapidement toute épidémie animale qui pourrait menacer la santé humaine.

En conclusion, une vigilance nécessaire

Les virus influenza sont un exemple de la complexité des interactions entre l'environnement, les animaux et l'homme (One Health). Leur capacité d'évolution rapide garantit leur omniprésence dans le monde animal, et donc leur dangerosité constante pour l'humanité. Éleveurs et vétérinaires, votre rôle est central dans la première ligne de défense. La vigilance est notre meilleure défense, nécessitant une biosécurité rigoureuse dans les élevages, une surveillance active des signes de maladie chez les animaux et une communication rapide avec les autorités sanitaires en cas de suspicion. Pour plus de renseignements, vous pouvez échanger avec votre vétérinaire ou votre GDS.

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