Les vautours planent toujours au-dessus des exploitations du Puy-de-Dôme
Deux interactions entre des vautours et des animaux d'élevages ont été signalées à la DDT du Puy-de-Dôme cette année. Les charognards venant des Grandes Causses sont pourtant encore bien présents dans le Massif du Sancy jusqu'aux Combrailles.
Deux interactions entre des vautours et des animaux d'élevages ont été signalées à la DDT du Puy-de-Dôme cette année. Les charognards venant des Grandes Causses sont pourtant encore bien présents dans le Massif du Sancy jusqu'aux Combrailles.

C'est une expérience dont il se serait bien passé. À la Chapelle-Marcousse, Mickaël Reboisson, éleveur de brebis et vaches allaitantes, a observé d'importants rassemblements de vautours dans ses prés. Les charognards auraient dépecé six de ses brebis gestantes, depuis le début de la saison de pâturage. « L'année 2024 avait pourtant été tranquille » souligne l'éleveur, lasse.
Depuis 5 ans maintenant, ces oiseaux pouvant atteindre jusqu'à 1,2 m d'envergure, sont observés tous les étés, du Massif du Sancy aux Combrailles. Leur présence inquiète les éleveurs du secteur autant qu'elle les interroge. L'animal se nourrit essentiellement de cadavres mais, dans certaines circonstances, ils peuvent interagir sur des bêtes faibles et moribondes et accélérer leur passage de vie à trépas.
À la Chapelle-Marcousse, plusieurs brebis attaquées par les vautours
Les causes de la mort des brebis de Mickaël Reboisson sont inconnues. L'éleveur affirme « qu'elles étaient gestantes, en bonne santé (...) je ne fais pas les agnelages dehors ». Depuis le début du mois d'août pourtant, il ne retrouve guère plus que les os de ses brebis. L'éleveur a alerté la DDT 63 et l'OFB pour signaler les faits. Malheureusement, dans de tels cas, les agents de l'état ne se déplacent pas.
Quand il ne reste que des os, aucune analyse ne peut être menée. Il faut qu'il reste des chairs et de la peau pour observer d'éventuels hématomes et déterminer s'ils ont été faits ante ou post mortem » explique Xavier Pineau de la DDT 63.
La direction départementale des territoires a enregistré deux signalements dans le cadre du protocole mis en place. Dans les deux cas, les analyses vétérinaires n'ont pas pu être diligentées. « Dans le premier cas, l'éleveur a refusé que l'OFB et un vétérinaire extérieur se déplacent sur son exploitation et dans le deuxième, les photos envoyées par l'éleveur ont montré que les restes de l'animal ne permettaient pas de réaliser les analyses. »
Les interactions entre vautours et animaux d'élevages en baisse dans le Puy-de-Dôme mais toujours existantes
Deux signalements, c'est peu en comparaison des années précédentes. En 2021, première année de mise en place du protocole, la DDT avait reçu 14 signalements dont 9 ont conduit à des analyses de terrain. Les conclusions du vétérinaire certifient un seul cas d'attaque ante mortem sur « un animal à l'agonie ». L'année suivante, 19 appels et 6 expertises ont été enregistrés. En 2023, les signalements s'effondrent : 5 appels pour 3 expertises dont un cas d'attaque ante mortem. L'année dernière, deux signalements seulement ont été réalisés.
Les vautours tuent les animaux affaiblis
Xavier Pineau interprète cette baisse par la mise en place de la vaccination contre le charbon dans le secteur et donc la réduction du nombre d'animaux affaiblit, proie de choix des vautours.
ls peuvent avoir un rôle dit "d'accompagnants" c'est-à-dire qu'ils vont s'attaquer à l'animal mourant et entraîner sa mort. »
L'habituation des animaux et des éleveurs à la présence du grand charognard aurait également un rôle dans cette réduction. Selon l'agent de la DDT, les bovins se seraient habitués à la présence des vautours générant moins de mouvements de panique et donc de blessures éventuelles.
Surveillance accrue, caméras… Les éleveurs apprennent à vivre avec les vautours
Toujours à la Chapelle-Marcousse, Laurent Barbet, éleveur laitier et allaitant a également été confronté au vautour. En 2022, une vache allaitante et son veau naissant ont été attaqués par les charognards.
Le vétérinaire a confirmé qu'ils avaient été tués par les vautours. »
Cette même année, plus tard dans la saison, il dit avoir observé les oiseaux prêts à s'attaquer à une vache laitière, affaiblie par la fièvre vitulaire ou fièvre de lait. « Je n'aurais pas été là, ils me la tuaient avant que j'aie pu la soigner. »
Depuis Laurent Barbet redouble de vigilance. Il a installé des caméras dans ses prés pour intervenir dès que l'ombre du charognard plane au-dessus de ses vaches. « Je les ai vus faire peur aux animaux et surtout j'ai pu les observer essayer de s'en prendre aux vaches en train de vêler. »
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Les ovins ne sont pas concernés par le plan national d'action du vautour
Lorsque Mickaël Reboisson voit les vautours, il est souvent trop tard. Les élevages ovins ne rentrent d'ailleurs pas dans le plan national d'action.
La petite taille des ovins fait qu'ils sont consommés trop rapidement par les vautours rendant impossible les analyses » explique Xavier Pineau.
Pas d'analyse, pas de conclusion et donc pas d'action. Seule la parole de l'éleveur témoigne de l'interaction entre les vautours et ses brebis. Mickaël Reboisson reste donc sans explication, ni solution.
Je ne demande pas qu'il n'y ait plus de vautours mais au moins des tirs d'effarouchements. Je demande aussi que l'OFB, la DDT ou la LPO ou autres, viennent observer et étudier les vautours sur mon exploitation afin qu'ils constatent par eux-mêmes qu'ils s'attaquent à mes bêtes. »
Le signalement des interactions entre vautours et animaux d'élevages est important dans le suivi du charognard
La déclaration des interactions de vautours avec les animaux d'élevage ne donne pas lieu à indemnisation, ni à un déplacement systématique de l'OFB et du vétérinaire. Toutefois, Xavier Pineau insiste sur l'importance de réaliser ces signalements. « Ils permettent d'enrichir nos connaissances et le suivi de l'espèce. »
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Que faire en cas de découverte d'une carcasse attaquées par les vautours ?
En cas de découverte d'une carcasse attaquée par les vautours, l'agent de la DDT conseille de prendre des photos sous plusieurs angles et de couvrir la carcasse, sans la déplacer. Comme dans une enquête policière, tous les indices ont leur importance pour déterminer la responsabilité du charognard, dans la mort de l'animal.
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