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Les tensions des marchés décryptées à l’assemblée générale de la FNSEA Nouvelle‑Aquitaine

Le conflit en Ukraine et la réforme de la PAC se sont pas sans conséquences pour les filières agricoles françaises. Invités par la FNSEA Nouvelle-Aquitaine à l’issue de son assemblée générale, plusieurs experts ont fait le point sur la situation.

© P. Dumont

Le conflit russo-ukrainien fait la une de l’actualité depuis maintenant plusieurs semaines. Ses conséquences économiques viennent aggraver une situation déjà tendue comme l’a rappelé Jean-Christophe Roubin, directeur de l’agriculture et de l’agroalimentaire à Crédit Agricole SA. Avant même le début du conflit, les stocks mondiaux de grains étaient faibles alors que la demande reste soutenue depuis le début de la pandémie en 2020 et que les prix sont élevés. En outre, la Russie et l’Ukraine sont de grands pays exportateurs sur le marché. Par exemple, si ces deux pays ne produisent ensemble que 14 % du blé mondial, ils représentent 30 % des exportations de cette céréale dans le monde. Depuis fin février, le conflit cause de grosses perturbations sur les marchés avec une volatilité des prix, une concurrence accrue et le blocage des ports de la mer Noire. « À l’époque des émeutes de la faim en 2007-2008, le prix du blé était de 270 à 280 € la tonne. Aujourd’hui, ce prix est dépassé et la situation est préoccupante pour demain », rapporte Jean-Christophe Roubin. Pour le marché français, les principales inquiétudes concernent les engrais et les produits oléagineux. Selon l’AGPM, de mauvaises récoltes sont attendues pour 2022 notamment en Chine et on ne sait ce que l’Ukraine sera en mesure de produire ou non. Pour Franck Laborde, secrétaire général de l’AGPM, « L’Union Européenne doit se ressaisir ! Nous devons produire plus et mieux, y compris des énergies comme le biométhane et le bio-éthanol. Nous devons assurer notre souveraineté alimentaire et énergétique ». Les filières animales sont également touchées, comme le souligne Xavier Nicolle, délégué à l’animation de filière à Interbev Nouvelle-Aquitaine. Les fortes tensions sur le gaz et les hydrocarbures pèsent sur celles-ci et viennent faire monter les coûts de production et de transport. Si une grande partie de l’alimentation animale est produite localement, la production est toutefois affectée par la hausse des coûts des engrais. Les filières porcine et avicole sont les premières touchées avec l’arrêt des échanges venus de la mer Noire. En outre, on observe une décapitalisation sur la filière bovine, en particulier sur le cheptel laitier. S’agissant de la réforme de la PAC, le retour de la Commission européenne suite à l’envoi du Plan Stratégique national fait état de nombreuses observations négatives. La France a trois semaines pour répondre. Parmi les sujets qui posent problème, la BCAE 7 et les rotations parcellaires. « Nous ne sommes pas isolés sur cette question, précise Franck Laborde. 14 autres pays demandent le remplacement de la rotation par la diversification des cultures. Nous devons rester mobilisés pour défendre le maïs ». Après cet état des lieux, de nombreuses questions ont été posées : comment accompagner l’agriculture, faut-il se replier sur nous-mêmes ou nourrir la planète ? Peut-on augmenter nos prix ? S’il est aujourd’hui difficile de prédire les évolutions des prochaines semaines, tous s’accordent à dire que les Egalim sont encore plus d’actualité maintenant. Donner de la visibilité à l’agriculture est essentiel. Nos conditions pédoclimatiques nous placent en bonne position pour nourrir d’autres pays aux conditions moins favorables. En outre, l’élevage contribue au stockage du CO2. Dans un contexte de changement climatique et d’attentes sociétales toujours plus élevées, l’agriculture peut apporter sa pierre à l’édifice.

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