Les ruches cantaliennes continuent de se désertifier
Le Syndicat des apiculteurs du Cantal s’inquiète de la surmortalité dans les essaims du département.
Chaotique, c’est par ce terme que le Syndicat des apiculteurs cantaliens qualifie la saison 2008. Des pertes importantes au cours de l’hiver ont en effet été constatées : selon une enquête réalisée sur 500 ruches, elles avoisineraient les 25 % (dans d’autres régions de France, elles auraient dépassé les 50 %). Dans certains cas même, l’ensemble des ruches aurait péri. La pression du varroa est donc bien toujours présente, analyse le Syndicat. Selon lui, “les apiculteurs qui n’avaient pas traité ou bien qui l’avaient fait avec des molécules non homologuées ont connu les taux de mortalité les plus élevés”. Mais le parasite n’est pas seul responsable et les causes de ces surmortalités sont multifactorielles ; la proximité de cultures intensives ou de zones de productions fruitières ou maraîchères est ainsi souvent avancée, même si c’est moins vrai dans le département. “Le Cantal n’est cependant pas épargné dans son environnement”, estiment les responsables du Syndicat des apiculteurs cantaliens. Pour contrer ces effets “environnementaux”, les apiculteurs n’ont que peu de moyens à leur disposition. “Ils peuvent déplacer les ruches en fonction du butinage de certaines plantes, reconnues sources de problèmes, le maïs par exemple”, explique le Syndicat. Ils sont aussi amenés à renouveler leurs reines et lutter contre le varroa. La durée de vie des reines se limite désormais à trois années. “Une conséquence de l’évolution de leur environnement qui s’appauvrit et où sont présentes de nombreuses toxines”, juge le Syndicat cantalien. Ce dernier milite pour qu’un nombre croissant d’apiculteurs puisse maîtriser le remplacement des reines et réduire ainsi le coût de cette opération. Pour ce qui est du traitement du parasite varroa - jugé indispensable - plusieurs solutions existent. Le Syndicat conseille des molécules ayant une autorisation de mise sur le marché (AMM) ou des traitements ne nécessitant pas d’ordonnance vétérinaire mais dont l’efficacité est reconnue.
Le rapport Saddier jugé fantaisiste
Au-delà de ces préconisations, le Syndicat se veut particulièrement critique à l’égard du rapport du député Martial Saddier. Si ce dernier ne conteste aucunement le constat concernant la surmortalité des insectes pollinisateurs en général et des abeilles en particulier, l’analyse des causes de la situation interpelle les responsables du Syndicat : “Les pertes importantes du cheptel apicole seraient attribuées à des méconnaissances et des mauvaises pratiques des apiculteurs ! (...) Les problèmes de l’environnement et des OGM étant à peine effleurés dans ce rapport”. Et quant à l’une des solutions préconisées par le rapport, - un seuil compris entre 32 et 75 ruches minimum pour être considéré comme apiculteur - elle est jugée pour le moins hors sujet. Le Syndicat mettant lui au contraire en avant la complémentarité entre les “petits apiculteurs” disséminés sur l’ensemble du territoire qui travaillent sur des souches locales et les professionnels utilisant davantage des reines sélectionnées. “Chacun doit trouver sa place, quel que soit le nombre de ruches entretenues”, conclut le Syndicat.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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