Les producteurs ne rentrent plus dans leurs frais
Le 2 juillet, il y avait la nuit de la détresse. À l’appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA), tous les agriculteurs ont été invités à sortir de leur ferme en convois avec leurs tracteurs, gyrophares allumés pour exprimer leur détresse et interpeller les pouvoirs publics, les parlementaires et l’opinion publique sur la nécessité de redresser les prix à la production.
En Lozère, Olivier Boulat et Julien Tufféry, respectivement président de la FDSEA et des JA ont privilégié le cas pratique. Rendez-vous a été pris sur une exploitation laitière à Saint-Pierre-le-Vieux. Étaient également sur place d’autres responsables syndicaux, entre autres, Sébastien Durand, président du comité interprofessionnel laitier (CIL) et Vincent Martin en charge du dossier lait pour les JA. Quelques mots sur la conjoncture en introduction, avant que Pierre Brun n’évoque concrètement son cas. Aujourd’hui, il est tout juste payé 300 euros les 1 000 litres de lait. Quelles sont les conséquences sur le fonctionnement son exploitation ? Après la table ronde sur le porc en avril, celle de juin sur la viande bovine, tous les représentants de l’aval de la filière, négociants, transformateurs et grande distribution ont reconnu la situation catastrophique des éleveurs. La baisse des prix à la production observée tout au long de 2014 s’est poursuivie au début de cette année, si bien que les cours étaient inférieurs de 13 à 20 % au mois d’avril, par rapport à la même période l’an passé. Depuis plus de six mois, les prix sont autour de 300 euros les 1 000 litres, soit une baisse de 60 euros les 1 000 litres. Les négociations menées au printemps avaient été conclues sur la base de 340 euros les 1 000 litres. Nous sommes donc bien loin du compte. L’observatoire des prix et des marges indique sans ambiguïté, dans son dernier rapport, que la stabilité des prix à la consommation s’est faite au détriment des producteurs. « La situation ne peut plus durer, détaille Sébastien Durand, président du CIL. Les prix de l’an passé tournant autour de 360 euros les 1 000 litres nous avaient nous redonné de l’espoir. Des investissements ont été faits pour être performants, répondre à la demande et surtout fournir des volumes. Avec la fin des quotas, un embargo n’en finissant plus et des Chinois se retirant du marché, l’embellie n’a pas duré et les prix payés aux producteurs sont à nouveau dramatiquement orientés à la baisse. » Et tout ceci sans compter les excédents des producteurs laitiers se retrouvant bradés sur le marché spot (celui des matières premières) ; « le lait est moins cher, les entreprises y trouvent leur compte et lorsque il n’y a plus rien importent par exemple du lait allemand. Les producteurs sont pris entre le marteau et l’enclume, la majorité ne rentrent plus dans leurs frais, produisant à perte. »
La suite dans le Réveil Lozère, page 4, édition du 9 juillet 2015.