Les producteurs de lait ne décolèrent pas
Malgré les 20 millions d´euros promis par Hervé Gaymard, à partager entre producteurs
et industriels, les agriculteurs restent mobilisés.
et industriels, les agriculteurs restent mobilisés.
Suite à la table ronde avec la filière lait, le 10 février, Hervé Gaymard a annoncé une enveloppe de 20 millions d´euros à répartir entre producteurs et transformateurs. Mais pour les agriculteurs, le compte n´y est pas.
Tous les producteurs de lait de la région Auvergne-Limousin se sont ainsi donné rendez-vous mercredi 18 février sur deux sites (industrie et coopération) de la banlieue clermontoise : les usines Toury de Theix et de Sodiaal à Gerzat pour bloquer ces sites, notamment les camions en sortie d´usine.
150 euros par producteur
Chantal Cor, présidente de la section laitière de la FDSEA du Cantal quantifie et réagit : "Si l´enveloppe n´était destinée qu´aux seuls producteurs, elle ne représenterait que 150 euros par agriculteur, alors que la perte de revenus est estimée à 4 600 euros par exploitation et par an. En résumé, cela n´a rien à voir avec un plan d´envergure d´accompagnement de la filière laitière ; c´est de la poudre aux yeux".
D´autant, explique-t-elle, que cet accompagnement est censé aider à la mise aux normes des bâtiments (une obligation pour 2010) et favoriser une restructuration laitière que le ministre juge "nécessaire", que la transformation estime "indispensable". "Derrière ce vocable de restructuration laitière, se glisse une politique qui vise à inciter les plus petites structures à arrêter la production laitière", corrige Chantal Cor.
Bref, ces 150 euros ne répondent en aucune manière à la demande des producteurs qui ne souhaitent pas une aide compensatrice, mais un prix rémunérateur basé sur la qualité de leurs produits. "A notre désarroi s´ajoute la sensation de n´être pas compris", constate la présidente de la section laitière cantalienne.
Une attitude jugée provocante
Quant à l´attitude intransigeante des industriels face à cette problématique, les producteurs la jugent provocante. C´est la raison des récentes actions conduites sur le terrain, auprès de ceux qui pèsent le plus dans le département : 3A, Lactalis, Ulag.
"Ceux qui peuvent peser sur l´indice national", souligne Chantal Cor, en rappelant au passage à ceux qui estiment que les manifestants se trompent de cible que "ce n´est pas le ministre qui fait la fiche de paie". "Il est trop facile de renvoyer la balle", poursuit-elle. "Le ministre a signé des accords qui jouent sur une baisse de prix effective seulement au mois de juillet. Alors que les transformateurs ne nous fassent pas croire qu´ils subissent. D´autant que ce sont eux qui négocient les prix des produits finis avec la distribution, pas nous".