Les prix des céréales poursuivent, pour le moment, leur repli
Le Conseil International des céréales prévoit une bonne récolte pour le blé et les autres céréales voire une année record, sauf pour le maïs. Les prix des céréales renouent avec la baisse en août. Analyses…

La baisse actuelle des cours des céréales permettra-t-elle aux organisations professionnelles agricoles de faire valoir leurs arguments auprès de Bruxelles sur la nécessité de poursuivre la régulation des marchés ? Effectivement, la Commission européenne et de nombreux états membres ont avancé, qu’avec la hausse des prix agricoles, les mécanismes de gestion des marchés n’étaient plus nécessaires. Certes, si les cours des matières premières agricoles n’ont pas encore atteint les niveaux bas d’il y a quelques années, la volatilité des cours est de mise. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de faire paraître une note de conjoncture qui souligne la baisse des prix : « Les prix des céréales renouent avec la baisse en août (- 6,2 % sur un mois). Après deux campagnes en hausse, ils sont désormais passés en dessous des niveaux d’août 2007 (-19,2 % en glissement annuel) ». Une addition de contextes explique cette tendance à la baisse. La production de céréales, en 2008, s’annonce comme une année record, souligne le Conseil international des céréales (CIC) dans ses analyses de septembre. Et ce, malgré une détérioration des prévisions dans l’hémisphère sud (sécheresse dans une grande partie de l’Australie occidentale et de l’Argentine). Selon les prévisions, la production mondiale de blé atteindrait 676 millions de tonnes contre 672 millions de tonnes l’année dernière, soit une hausse de 1 %. Des résultats dus, en partie, aux bonnes récoltes en Europe et dans la CEI (anciennes républiques appartenant à l’URSS). Dans l’Union européenne, les estimations de production tablent sur 147,6 millions de tonnes grâce à des rendements plus élevés que l’année dernière, notamment dans l’est de l’Union européenne, avec, toutefois, une qualité moindre en protéine. Aux Etats-Unis et au Canada, les mauvaises conditions climatiques ont retardé les moissons, ce qui ne préjuge pas des récoltes, de l’ordre de 25,4 millions pour le Canada et de 67 millions pour les Etats-Unis. Globalement, cette abondante récolte permet aux stocks de blé de se reconstituer à 153 millions de tonnes.
Compétitivité
Ainsi, la planète aurait presque trois mois de stocks devant elle, en fin de campagne prochaine, contre un petit peu plus de deux mois à l’heure actuelle. Ces perspectives de l’offre ont participé au repli des prix du blé à l’exportation et ont eu aussi un impact sur les prix intérieurs de l’Union européenne. Toutefois, la fermeté de la monnaie américaine a érodé une partie de sa compétitivité à l’exportation ce qui a permis d’améliorer celle des blés européens libellés en dollars. En parallèle, les troubles ultérieurs sur les marchés financiers ont aussi gagné les marchés à terme américains du blé. En raison de marchés financiers peu sûrs, les spéculateurs se sont orientés sur les marchés de marchandises.
Si la production de blé atteint des niveaux record, ce n’est pas le cas pour le maïs dont les prix à l’exportation baissent également, selon le CIC. Les prévisions de production mondiale de maïs, en 2008, sont abaissées de trois millions et tombent à 771 millions de tonnes, en baisse de 16 millions par rapport au record de 787 millions enregistré l’an dernier. Ces prévisions font suite à des estimations réduites pour l’Argentine, le Mexique, l’Ukraine et les Philippines. Pour les Etats-Unis, les températures inférieures à la normale continuent de différer la récolte dans le grenier à maïs des Etats-Unis (au nord est des USA). En Europe, au contraire, l’estimation de récolte de cette céréale est majorée pour atteindre 61,6 millions de tonnes versus 43,3 millions de tonnes pour la campagne précédente. Si, selon le CIC, la baisse des prix du pétrole brut a eu une incidence sur la baisse du cours du maïs, « le bioéthanol suivant les cours du pétrole », on peut s’interroger sur sa pertinence dans la mesure où les récoltes de maïs sont loin d’être terminées aux Etats-Unis et que les Américains, soucieux d’alimenter en interne leur production de bioéthanol, ne fourniront, que dans un deuxième temps, les marchés internationaux.
Quant aux stocks, ils sont projetés à leur niveau le plus bas depuis cinq ans, avec 109 millions de tonnes en recul de 18 millions par rapport à la campagne précédente.