Les organisations agricoles débattent sur la politique d’installation
Lors du comité départemental à l’installation qu’ils président, les JA du Cantal ont détaillé les orientations qu’ils souhaitent voir se mettre en place.
Deux analyses différentes
Constatant avec humour que “les agriculteurs ne se reproduisent pas suffisamment”, l’idée du président est “d’introduire du sang neuf pour développer son troupeau”. Autrement dit, séduire des hors cadre familiaux, y compris extérieurs au département. À cet égard, des outils existent déjà, tels ceux mis en place avec le concours de l’Adasea, comme l’inscription à un réseau national du répertoire départemental à l’installation ou la programmation de sessions
d’accueil d’actifs. Le président de la Chambre d’agriculture, Louis-François Fontant, ne veut pas que cette recherche extérieure soit perçue comme une remise en cause du potentiel local. “Nos jeunes ne sont pas forcément moins dynamiques que ceux de l’extérieur”, lâche-t-il. Il remarque en outre que si le taux d’installation de hors cadre familial (HCF) est assez faible dans le Cantal par rapport à d’autres départements, c’est peut-être aussi parce qu’ici, mieux qu’ailleurs, on réussit... les transmissions familiales. Et si toutes les exploitations ne sont pas cédées, c’est aussi selon lui que certaines, trop petites, sont “intransmissibles”. “En tout cas, on ne peut pas être suspecté de ne pas souhaiter maintenir ces agriculteurs”, plaide le président Fontant.
Une “révolution agricole” ?
Julien Fau juge de son côté que “dans le cadre d’un Gaec père-fils qui compte 100 vaches, il n’y aura plus que 80 têtes après un départ en retraite. C’est la ferme Cantal qui en pâtit”. Laurent Decadi, technicien à MC-porc, abonde dans ce sens : “Quand un papa part en retraite, on garde les vaches et l’activité hors sol saute”… Le président du groupe Altitude, Jean-Pierre Château, se demande si finalement on ne vit pas aujourd’hui une “révolution agricole aussi forte que lorsque la mécanisation est arrivée”. Il rappelle qu’à ce moment là, le fils produisait deux fois plus que son père avant lui. “Et pourquoi ce ne serait pas la même chose demain ?”, s’interroge-t-il. Sans nier qu’il y aura plus de travail et que le métier doit cependant rester attractif, il propose de chercher de nouvelles pistes. Selon M. Chateau, la forme sociétaire entre tiers -prônée par les JA- n’est pas l’unique moyen pour passer ce cap difficile. N’hésitant pas à sortir un peu du cadre du Comité départemental à l’installation, il propose de multiplier les emplois salariés sur les fermes. Michel Bessat, animateur de la FDCuma, pose à son tour un bémol au Gaec entre tiers. Tous ceux qu’il connait ont enregistré une diminution d’activité. “Par exemple, si on ensilait 25 ha sur chacune des deux fermes, soit 50 ha, on ne fait plus que 40 ha d’ensilage dans la nouvelle structure”. Et bien sûr, la Cuma n’enregistre plus qu’une cotisation au lieu de deux... Il faut cependant trouver des solutions pour continuer à installer... tout en limitant les charges. Jean-Pierre Chateau réclame que l’on intègre davantage les filières dans le cadre d’une installation. “Car, dans notre département, on a la chance d’avoir des outils et des filières organisées”.
Le profil des jeunes installés et de leurs exploitations
Avec 115 dja (dotations jeune agriculteur) accordées depuis début janvier -alors que l’année n’est pas encore terminée- 2006 devrait encore être un assez bon cru en terme d’installations. L’âge moyen des candidats est de 28 ans, ce qui explique un niveau moyen d’étude assez élevé. Un quart sont des femmes (notamment dans le cadre de projets en société). L’an dernier, 21 installations concernent des “hors cadre successoral”, dont 14 “hors cadre strict” (parents non-issus du milieu agricole). Quant au profil des exploitations, il est assez différent suivant le mode d’exploitation retenu : 46 ha pour une exploitation individuelle, 80 ha dans le cadre d’une EARL, 108 ha lorsqu’il s’agit d’un Gaec. C’est d’ailleurs cette forme juridique qu’intègrent majoritairement les jeunes installés (55 %). En outre, il est souligné que sur les cinq Gaec entre tiers constitués l’an dernier, deux ont permis l’installation d’un jeune. Les projets restent très majoritairement autour de la production bovine (lait ou viande) : seulement 10 sans vaches. Toutefois, 31 % des dossiers prévoient un atelier de diversification. Quant aux investissements, ils représentent (toutes productions confondues) une moyenne de 66 700 euros par dossier (dont 21 plans d’amélioration matérielle).