«Les machines nous permettent d’intervenir à l’instant T»
Les viticulteurs auvergnats adoptent eux aussi des outils performants alliant efficacité
et confort de travail.
performant.
Le Puy-de-Dôme compte plus de 800 hectares de vigne dont la moitié est cultivée par des professionnels opérant sous AOC ou IGP. Petit vignoble, comparé à ses voisins, il a pour autant tout d’un grand, à commencer par la technicité de ses viticulteurs. Depuis plus de 10 ans, ils se modernisent et sont de plus en plus nombreux à adopter machine à vendanger, effeuilleuse, chariot électrique… Et ce, malgré leurs faibles surfaces. Philippe Heyraud, président de la Fédération Départementale Viticole explique comment ils ont réussi à investir et où ils en sont aujourd’hui.
Quels sont les outils les plus fréquents dans le vignoble puydômois ?
Philippe Heyraud : Les sécateurs et attacheurs électriques sont devenus courants. On trouve de plus en plus de machines à vendanger et des effeuilleuses. Les nouveaux outils de travail du sol commencent également à arriver. Le poste mécanisation est la plus grosse charge des viticulteurs. C’est du matériel spécifique et moderne, il est très cher mais parallèlement, il permet un gain de main-d’œuvre, de confort de travail et de productivité. Ces outils sont loin d’être un surplus surtout les années difficiles comme en 2014. L’ensoleillement était faible cet été là. Nous avons dû arracher les feuilles pour accélérer la maturité des raisins. À la main, ce travail demande 30 à 40 heures/hectare alors qu’avec une effeuilleuse mécanique il faut entre 3 et 4 heures/hectare. Une telle machine nous permet d’intervenir à l’instant T tout comme une vendangeuse.
De plus, dans une vigne, nous travaillons courbé. Le dos est sollicité et cela devient d’autant plus pénible dans les coteaux. Avec un chariot électrique, nous sommes assis à hauteur des plantes. Nous et nos salariés n’avons pas à forcer. Je vous assure, c’est très agréable.
Comment les viticulteurs accèdent-ils à ce matériel coûteux ?
P.H : Nous l’achetons principalement en Cuma. Dans le Puy-de-Dôme, un vigneron conduit entre 6 et 12 hectares. Ces surfaces sont trop faibles pour amortir de tels outils. Pour une machine à vendanger, il faut compter un prix d’achat entre 60 000 et 150 000€ et une effeuilleuse entre 10 000 et 15 000€. L’achat à plusieurs permet d’en diminuer le coût et surtout d’optimiser son utilisation. C’est la meilleure solution que nous avons trouvée. Peu d’entrepreneurs agricoles dans le département proposent une machine à vendanger par exemple.
Tous les outils sont-ils adaptés à l’achat en Cuma ou certains doivent-ils être acquis individuellement pour plus de souplesse d’utilisation ?
P.H : Effectivement, l’achat en Cuma est idéal pour du gros matériel utilisé à des périodes précises. En revanche, il est plus commode de posséder individuellement ses outils de travail du sol, les sécateurs et attacheurs électriques ou encore un chariot électrique dont les utilisations dépendent de la conduite de la vigne.
Ces machines sont-elles adaptées à toutes les vignes ?
P.H : Si j’avais une modernisation à citer en premier dans la viticulture, je dirais : l’aménagement des vignes. C’est la première chose dans laquelle les viticulteurs ont investi. Les vieilles vignes ont des rangs et des pieds trop serrés ne permettant pas l’utilisation de machines. Aujourd’hui, ils adaptent leur vignoble de façon à avoir des parcelles plus grandes, des rangs plus longs et un matériel végétal adapté. Et pour répondre à la question, lorsque la vigne est mécanisable, oui quelle que soit la pente, les machines passeront. Il suffit juste de trouver un bon chauffeur !
Pourrait-on voir arriver de nouvelles innovations dans l’entretien de la vigne ?
P.H : Je crois qu’on est à la pointe. Bien sûr, on parle de plus en plus de cartographie par drone mais je pense qu’il sera difficile de l’adapter chez nous. Nos parcelles et notre vignoble sont trop petits. A ce jour, les grandes innovations se font surtout dans les caves avec de nouveaux outils pour la vinification.