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Faire connaître les vertus des feuillus

Les feuillus seraient-ils les joyaux cachés de la sylviculture moderne ? Des acteurs de la filière en sont convaincus. 

Coupe de bois de feuiillus raisonnée, dans le Cantal
Après une première éclaircie en 2016, une deuxième vient d’avoir lieu sur une parcelle de 5 hectares. Une fois débardé, le meilleur bois sera valorisé par une scierie et l’autre partie servira au bois de chauffage. 
© Renaud Saint-André

Certaines données ne répondent à aucune logique. C’est le cas de la valorisation des bois de feuillus. Dans le Cantal, on connaît surtout la transformation des résineux, qui pourtant ne représentent que 30 % de la surface boisée ; a contrario, les feuillus, très largement majoritaires, sont peu, mal ou pas du tout exploités. Ce constat que déplore le syndicat des forestiers privés Fransylva (voir notre édition du 23 mars) est également partagé par l’interprofession Fibois, le Centre national de la propriété forestière d’Auvergne Rhône-Alpes (CNPF Aura) et Énergies 15, qui se bat pour  des filières complémentaires qui sachent valoriser d’abord le bois d’œuvre, promettant un débouché pour ce qui ne peut pas l’être. Ces acteurs se sont retrouvés jeudi 21 mars, in situ, à Roumégoux en Châtaigneraie, pour démontrer le bien-fondé que devrait susciter les hêtres, les chênes, les peupliers...      

Une économie locale 

Actuellement seule une petite  scierie à Teissières-les-Bouliès, récemment reprise  par Maxime Bonhomme, s’intéresse à la transformation de ce type de matériaux(1). L’idée est de développer ce type de structures, “dimensionnées au territoire”, comme le souligne Isabelle Gibert-Pacault, responsable de l’antenne départe- mentale du CNPF. Pas question de créer un énorme atelier capable d’avaler 400 000 m3 par an - que le Cantal aurait d’ailleurs du mal à fournir... - mais bien de mailler le département de petites unités de transformation. De quoi offrir une autre reconnaissance à cette culture, que seulement celle de la bûche de chauffage.  Un projet jouable au regard de  la ressource... sauf que les propriétaires ne sont souvent pas conscients de la valeur du bois et, de fait, consacrent trop peu de temps et d’argent à la gestion de leurs biens. Christian Lacarrière fait partie de ceux qui ont compris l’intérêt de la sylviculture pour alimenter des filières de valorisation. Il opère des coupes régulièrement programmées dans le temps.        

Le bon exemple 

Dans une forêt restée sans entretien pendant des années, une première éclaircie a été faite en 2016. Une seconde coupe sélective vient d’avoir lieu dans cette même parcelle, avec un marquage des arbres à couper, réalisé par le gestionnaire forestier, David Puyraimond. Le bois, qui est ensuite vendu “bord de route” intéresse la scierie voisine Vermande à Sousceyrac(2) et Aveyron bois pour la partie chauffage. Une véritable économie circulaire.   

“Quand on est propriétaire forestier, on peut trouver un service à la carte, en fonction de ses envies, sa capacité, sa disponibilité, et sa trésorerie”, note le CNPF Aura. 

“Plus on avance en coupe, meilleure est la qualité de produits”, précise Isabelle Gibert-Pacault. Ce que confirme le propriétaire de la parcelle : “En faisant entrer de la lumière les houppiers(3) se sont développés de manière impressionnante ; signe que la croissance est bonne, d’une éclaircie à l’autre.” Pour décider de ces coupes raisonnées, plusieurs solutions existent. Ou bien le propriétaire décide de tout, tout seul ; ou bien il peut garder la main, mais aidé par un gestionnaire indépendant qui l’accompagne après  analyse fine (comme c’est le cas de cet exemple) ; ou encore le propriétaire peut tout déléguer, soit à un expert ou un technicien de coopérative, par exemple. Il peut aussi vendre sur pied à une société d’approvisionnement, un scieur...  

En outre, le Centre de formation des apprentis d’Aurillac peut tenir un rôle dans l’entretien des parcelles boisées. En accord avec le propriétaire, le CNPF oriente d’ailleurs des jeunes vers des chantiers potentiels qui leurs sont utiles dans le cadre de la pratique de la sylviculture sur feuillus.    

(1) L’entreprise ne peut répondre à la  demande exponentielle de voliges en peupliers, par exemple. 

(2) Le bois est transformé en emballage pour le hêtre, planches à cercueil pour le chêne, des traverses paysagères, etc.  

(3) Le houppier, ou la couronne, est la partie supérieure d’un arbre; il est porté par le tronc et comprend les branches avec les feuilles. 

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