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Les évènements “cantaliens” provoquent une réunion de crise à Matignon

Le congrès de l’Association nationale des élus de la montagne à Saint-Flour et la sous-préfecture de Mauriac ont servi de théâtre à une nouvelle mobilisation des éleveurs.

Scepticisme... puis déception à l’écoute des informations du ministère délivrées par Alain Marleix.
Scepticisme... puis déception à l’écoute des informations du ministère délivrées par Alain Marleix.
© P. O.

La voix du monde rural et des zones de montagne est-elle encore audible et a-t-elle encore une place dans la société du XXIe siècle ? Le doute était grand vendredi à Saint-Flour dans l’esprit d’un demi-millier de personnes rassemblées dans la cité des vents : d’un côté, une centaine d’éleveurs cantaliens, acculés par l’impossibilité de vendre leurs animaux, de l’autre, à une centaine de mètres de là, plus de 400 élus de la montagne, réunis en congrès annuel. Un congrès de l’Anem (Association des élus de la Montagne) dont ont profité  FDSEA et JA pour tenter, une nouvelle fois, d’obtenir la mise en place du plan d’urgence pour l’élevage annoncé  trois semaines plus tôt à Cournon par un autre montagnard, le ministre Barnier, ainsi que des assouplissements au dispositif contraignant les mouvements d’animaux en zone réglementée FCO. La venue de pas moins de quatre ministres du gouvernement Sarkozy et du nouveau président du Sénat en terre cantalienne tombait à point nommé pour les syndicats dont les troupes avaient lancé tout au long de la semaine une salve d’opérations.

Un soutien qui tarde

Mais pas question pour les responsables cantaliens de perturber le rendez-vous de l’Anem : “Ce sont nos élus, nous les soutenons”, a lancé vendredi matin Patrick Escure aux manifestants. Pourtant, si le mouvement débuté la veille - avec une entrevue avec Hubert Falco et Gérard Larcher - et relayé à Mauriac par le siège de la sous-préfecture (voir page 12), se voulait pacifiste, exaspération et tension étaient palpables, surtout après la confirmation que Michel Barnier, tout comme Laurent Wauquiez, ne participeraient finalement pas au congrès. “Nous l’avons dit, rappelait le président de la FDSEA, nous préférons que le ministre obtienne des réponses rapides de l’Élysée, plutôt qu’il vienne ici sans rien.” Pas de ministre donc, mais un préfet, venu à la rencontre des manifestants, pour les informer qu’une réunion interministérielle avait été décidée en urgence, suite aux actions cantaliennes, et se tiendrait l’après-midi même à Matignon. “Vous êtes écoutés, le gouvernement sait que les animaux sont bloqués”, a temporisé le préfet Mourier. Insuffisant pour certains : “Depuis que ça dure, on nous mène en bateau. Le ministre aurait au moins pu venir pour écouter les paysans”, estiment ces éleveurs de Riom et Chalinargues. Du côté des responsables, en contact régulier avec leurs homologues mauriacois, on attend de pied ferme le rendez-vous obtenu pour 16 heures avec le secrétaire d’État Alain Marleix et le conseiller du ministre, Michel Dantin.

Déceptions...

Un peu plus tard, les troupes reçoivent la visite du député ariégeois, Henri Nayrou, élu la veille président de l’Anem. Accompagné d’élus cantaliens, il lit aux éleveurs la motion commune qu’il compte faire voter par son association. “Votre combat est le nôtre et je sais l’état de désespérance qui est le vôtre.” Un soutien apprécié mais dont beaucoup craignent qu’il soit insuffisant : “Ils ont le coeur avec nous mais on sait bien qu’ils n’ont pas les leviers”, confie ce jeune éleveur de Champs-sur-Tarentaine. D’ailleurs, Henri Nayrou concèdera que “Michel Barnier est lui aussi sans doute victime de certains arbitrages.” Les propos d’Alain Marleix, qui fera office de messager ministériel, sonnent comme une confirmation de cette impuissance, malgré les différents points qu’il développera : la confirmation d’un plan de soutien pour la crise FCO de 30 millions d’euros, dont les modalités devaient être soumises aux organisations agricoles dès ce lundi et qui prévoit des aides au maintien des animaux sur les exploitations, à la repousse, à l’engraissement et aux ateliers qui stockent ces animaux. “La mise en oeuvre de ce dispositif fera l’objet d’un arbitrage le 3 novembre  et vous serez reçus mercredi par le ministre”, a précisé A. Marleix ajoutant qu’un versement anticipé des aides de la Pac serait également opéré. Les portes de l’exportation restent par contre fermées, même si les choses pourraient selon lui évoluer favorablement et rapidement avec l’Espagne. Pour le reste, il faudra encore attendre la conférence des revenus agricoles le 12 novembre. Quant au plus long terme, le Président de la République s’est engagé à recevoir les représentants des éleveurs sur la mise en oeuvre du bilan de santé de la Pac fin novembre. “Alors nos animaux restent bloqués ?”, interroge, interdit, un éleveur. La déception se lit sur les visages, elle est présente aussi dans le dernier message des responsables syndicaux avant qu’ils ne lèvent la mobilisation : “Si demain, il n’y a pas de mesures concrètes, il ne pourra plus y avoir de manifestation dans la dignité”, prévient Patrick Escure. Il n’y a avait plus  guère de doute pour les éleveurs vendredi soir : le gouvernement semble devenu sourd à leur détresse et à la cause des montagnards.

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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