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Les distributeurs automatiques, avantageux, mais à sécuriser

Le 21 novembre dernier s’est tenu le forum sur les distributeurs automatiques de produits fermiers organisé par la Chambre d’agriculture, à Moulins.

Les distributeurs automatiques de produits fermiers fleurissent en France. L’Allier est également concerné.
« Pour se faire connaître, toucher une nouvelle clientèle, valoriser les produits locaux ou adapter leur charge de travail, certains agriculteurs jouent la carte de la proximité avec ce nouveau mode de commercialisation. En outre, de plus en plus de consommateurs à la recherche de produits locaux, frais, de saison, de qualité, fermiers, et de flexibilité sont attirés par ce nouveau débouché » a précisé, en introduction de ce forum, Gérard Cognet, élu à la Chambre d’agriculture de l’Allier en charge des dossiers relatifs à l’agrotourisme, les circuits courts et la diversification.
La Chambre d’agriculture a souhaité organiser cet après-midi pour sensibiliser les différents acteurs à ce nouveau mode de commercialisation. Une trentaine de personnes -des producteurs fermiers, des représentants de collectivités et de banques- ont assisté à ce forum.

Gagner du temps
Marc et Alexandrine Pangaud, polyculteurs, éleveurs et transformateurs de viande de porcs à Lalizolle, ont mis en place des distributeurs automatiques à proximité de leur atelier de transformation à Lalizolle en 2016, à Moulins en 2019 et cette année à Gannat. « Nous avons installé des casiers automatiques en premier lieu pour gagner du temps et nous consacrer à la production et à la transformation de nos produits. »
Un gain de temps favorisé par le suivi des ventes et du taux de remplissage des casiers sur le logiciel installé sur leur téléphone portable. « Cette vérification à l’instant T permet d’éviter les casiers vides et de fidéliser la clientèle. Si les casiers sont régulièrement vides les consommateurs ne reviendront pas. »
Un constat partagé par Véronique Bondenat, éleveuse de moutons et volailles sur la commune de Saint-Romain-de-Popey dans le Rhône. En 2020, avec son mari et un maraicher, ils ont mis en place un distributeur automatique dans le bourg de la commune. Un fonctionnement collectif pour gagner là aussi du temps dans la vente de leurs produits. Comme l’a souligné Julien Cosme, conseiller circuits courts à la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc, pour partager le coût des investissements, gagner du temps et capter plus de consommateurs avec une offre alimentaire conséquente et diversifiée, « le collectif prend le pas sur l’individuel ». Même observation dans le département de la Gironde. Pour Marie-Hélène Arquey, conseillère agritourisme à la Chambre d’agriculture de Gironde « le collectif dans le cadre d’une épicerie connectée, c’est l’avenir pour les consommateurs qui souhaitent acheter tous les produits au maximum au même endroit. »

Sécuriser les distributeurs
Mais ce qui réunit les producteurs Marc Pangaud et Véronique Bondenat qui ont témoigné lors de ce forum, ce sont les actes de vandalisme qui se multiplient sur leurs distributeurs automatiques, malgré le paiement par carte et la présence de caméras de vidéosurveillance.  Marc Pangaud a subi deux vols de marchandises au cours des 10 jours précédant le forum. Véronique Bondenat comptabilise quant à elle 10 vols depuis 1,5 an. Face à cette situation, les deux producteurs cherchent des solutions pour sécuriser davantage leurs distributeurs : dans le Rhône, la fermeture du local est en cours, ce qui engendre des coûts supplémentaires et remet en cause l’ouverture 24h/24. « Si rien ne change, le distributeur automatique sera installé à la ferme », a précisé Véronique Bondenat.
Pour mettre en place ce nouveau mode commercialisation, d’autres paramètres sont à prendre en compte : le site d’implantation dans un lieu très fréquenté et avec un parking à proximité ; le nombre, la température, la capacité de stockage et l’approvisionnement des casiers ; la concurrence pour définir le lieu d’implantation, la zone de chalandise et les produits à vendre ; les aspects sanitaires ; le modèle économique ; la communication… Des paramètres sur lesquels les Chambres d’agriculture reviendront avec les porteurs de projet intéressés par ce nouveau mode de vente.

Véronique Bondenat, agricultrice dans le département du Rhône

Pourquoi avez-vous choisi d’installer un distributeur automatique ?
Véronique Bondenat : Avec mon mari, nous élevons des volailles et des moutons. L’idée est venue en 2020 d’en installer un sur notre exploitation. Nous avons ensuite pris contact auprès de notre commune car nous souhaitions également être présents sur des axes de passage en association avec un maraîcher. Nous l’avons installé en 2021. Il est réfrigéré pour l’ensemble, qu’il s’agisse de la viande ou des légumes. Nous disposons de 120 casiers que nous remplissons une fois par jour tout au long de la semaine. Depuis cette année, un producteur de fromages nous a rejoints sous la forme d’un dépôt vente. Nous fonctionnons sous la forme d’une SAS permettant l’achat / revente, sachant que ce n’est pas notre but premier.


Quelles sont les principales contraintes ?
V. B : Chaque producteur gère ses casiers. Il faut être très réactif pour éviter des casiers vides. Heureusement, l’application permet de connaître en temps réels les flux.
Nous avons été surpris par la consommation électrique avec des factures annuelles qui s’élèvent à 1 500, voire 1 600 € par an pour un seul distributeur réfrigéré. Nous nous inquiétons pour l’avenir avec l’augmentation des coûts de l’énergie.
Où nous sommes très vigilants, c’est au niveau des vols qui se multiplient. Nous sommes malheureusement à dix vols en un an et demi avec près de 500 à 600 euros de marchandises ! Nous sommes en train de sécuriser le distributeur avec 4000 € de caméras.


Quelle est votre stratégie de communication ?
V. B : Nous avons mis le paquet sur cet aspect ! Nous disposons d’une page Facebook et nous communiquons régulièrement au sein du journal local pour des dates précises ou lors des périodes de fêtes pour un budget de 3 000 € chaque année. Nous distribuons des flyers et nous avons installé des panneaux présentant notre exploitation. Enfin, nous avons été distingués cette année en devenant « talent du Rhône 2022 » ! Les effets sont là et nous remarquons la venue de clients habitant parfois très loin. La prochaine étape sera le développement de notre site internet présentant l’actualité de nos distributeurs et la disponibilité des produits.


Propos recueillis par Sébastien Joly

Marie-Hélène Arquey, conseillère en agro-tourisme à la Chambre d’agriculture de Gironde

Est-ce que, dans votre département, vous constatez le même engouement pour ce nouveau type de commercialisation ?
Marie-Hélène Arquey : Nous c’est beaucoup plus récent comme démarche et concerne essentiellement des maraîchers. Les agriculteurs avaient du mal à faire venir la population urbaine chez eux. Ils ont alors décidé de sortir de leurs exploitations. Certains ont donc installé des casiers en périphérie de Bordeaux, sur les trajets quotidiens des citadins. D’autres ont contractualisé avec le parc relais du tram de Bordeaux. Des endroits où les gens se garent le matin et repartent le soir. Enfin, deux en ont installés sur place, chez eux, pour allonger leurs créneaux d’ouverture et arrêter les marchés. Nous en avons six sur le département à ce jour. Notre agriculture est principalement composée de viticulteurs donc les motivations ne sont pas forcément les mêmes. La Chambre d’agriculture a cependant mis en place un casier collectif pour voir l’intérêt que cela pourrait susciter chez les producteurs.

La mutualisation de ces distributeurs est-elle une solution d’avenir pour les agriculteurs ?
M.-H. A. : Je pense oui car cela demande moins de temps et d’investissements pour chacun des agriculteurs. Quant aux clients, les études font ressortir qu’ils leurs faut trois à quatre structures pour parvenir à s’approvisionner de façon hebdomadaire. Les casiers collectifs sont, en quelque sorte, des épiceries connectées disponibles 24h/24h, 7jours/7. Pour nous, en Gironde, le collectif fonctionne mieux que l’individuel.

Comment accompagnez-vous les agriculteurs souhaitant entrer dans la démarche ?
M.-H. A. : Nous proposons un appui pour la prise en main de l’outil en fonction de ce qui est choisi, des conseils en termes de marketing et de communication, et nous les accompagnons à trouver des financements. L’accompagnement est réalisé en fonction de l’agriculteur et de sa production. Il est essentiel d’être à leurs côtés, notamment au niveau juridique et urbanisme mais aussi sur la problématique d’accès à l’électricité et à un réseau internet convenable. Nous travaillons avec eux sous la forme de réunions techniques.

Propos recueillis par Sébastien Joly

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