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Conjoncture
Les coûts de production explosent

Claudine Pastre, secrétaire générale de la FDSEA de Haute-Loire, réagit sur le contexte de flambée des prix et les conséquences sur les exploitations d’élevage.

Claudine Pastre
Claudine Pastre
© HLP

Claudine Pastre, on entend et on lit partout que les prix des matières premières flambent. Qu’en est-il exactement ?

C’est vrai que nous n’aurions jamais pensé que les prix des matières premières atteindraient de tels niveaux. Certains prix, comme celui du soja, ont doublé depuis le début de l’année. Je ne vais pas vous détailler tous les prix, ce serait fastidieux et on peut les trouver facilement partout dans tous les journaux et sur tous les sites Internet agricoles. Mais cela a des conséquences lourdes sur les exploitations d’élevage.

Quelles sont les conséquences sur les exploitations de Haute-Loire en particulier ?

En Haute-Loire, nous avons des coûts de production souvent plus élevés qu’ailleurs. Et bien là, les coûts de production explosent et certaines exploitations vont être fragilisées malgré une hausse des cours de la viande.
Imaginez-vous : pour une exploitation type de Haute-Loire, en fonction des prix du lait ou de la viande aujourd’hui, on estime que l’augmentation du coût alimentaire peut peser pour moitié dans la baisse du revenu de la structure. Cela est à peu près du même ordre pour les exploitations ovines et c’est encore bien pire pour les élevages de porcs et de volailles pour lesquels cette hausse du coût de l’alimentation impacte la baisse de revenus de l’exploitation à hauteur de 80%.

Face à cette situation, que peut faire la FDSEA de Haute-Loire, et d’une manière plus générale, le syndicalisme ?

Honnêtement, sur l’évolution des prix des matières premières, la FDSEA n’a pas beaucoup de moyens d’actions directs. Nous pouvons sensibiliser sur la situation et faire pression localement sur la grande distribution pour que la hausse des coûts de production soit répercutée sur le prix d’achat des produits agricoles locaux. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait en allant rencontrer les responsables des principaux supermarchés du Puy-en-Velay. Nous pouvons également alerter les politiques, c’est ce que nous allons faire dans les prochaines semaines.
Mais l’action se situe plutôt au niveau national et même européen. Depuis le début de l’envolée des prix, la FNSEA a alerté les pouvoirs publics et a fait monter la pression sur l’aval des filières animales pour qu’une répercussion rapide de l’augmentation du coût de l’aliment se produise sur les prix. La pression sera maintenue jusqu’à ce que les accords du 3 mai soient appliqués. Une réunion s’est d’ailleurs tenue lundi, à l’initiative de la FNSEA, avec tous les signataires de cet accord pour discuter de son application.
Sur le plan européen, la FNSEA demande que des outils de régulation soit à nouveau prévus dans la future PAC, justement pour éviter ce genre de situation d’urgence. Nous espérons être entendus mais ce n’est pas facile car les 27 pays ne sont pas d’accord sur la question.

Quel avenir voyez-vous pour l’agriculture ?

Certaines exploitations pourront passer ce cap difficile mais il est vrai que d’autres vont sans doute se trouver en difficulté si les prix de l’alimentation animale de diminuent pas et la FDSEA fera tout pour soutenir ceux-là. Mais je pense qu’il ne faut pas non plus voir tout en noir. Les cours ne sont pas mauvais en ce moment et c’est à nous aussi, exploitants, chefs d’entreprise, de chercher des solutions pour réduire nos coûts de production. L’idéal aussi bien sûr, pour ceux qui le peuvent, c’est de réduire notre dépendance vis-à-vis des achats extérieurs et notamment vis-à-vis du marché de la protéine.
C’est pour cela que nous demandons avec tant d’insistance des assouplissements de la réglementation sur le retournement des prairies ou sur la création de retenues d’eau par exemple, pour que l’on retrouve la liberté de penser et d’exploiter pour faire face à des situations comme celle que l’on connaît aujourd’hui.

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