« Les brebis laitières nous donnent plus de marge de manœuvre »
Installé hors-cadre familial sur le causse Méjean, Bastien Persegol a aussitôt rejoint le cercle des producteurs laitiers pour le Fédou. Secondé par sa conjointe Mathilde Richard, installée le 1er avril 2025 dans le Gaec situé à Mas-Saint-Chély, les éleveurs ont trouvé leur équilibre.
Installé hors-cadre familial sur le causse Méjean, Bastien Persegol a aussitôt rejoint le cercle des producteurs laitiers pour le Fédou. Secondé par sa conjointe Mathilde Richard, installée le 1er avril 2025 dans le Gaec situé à Mas-Saint-Chély, les éleveurs ont trouvé leur équilibre.

Se lancer en brebis laitières
Après être passé par un an de parrainage, Bastien Persegol a repris l’exploitation de Jean-Louis Richard au 1er avril 2022, son parrain, qui partait à la retraite. Ils ont alors dû faire face à la perte d’un tiers de la superficie d’exploitation due à des problèmes de fermage. Cette situation les a contraints à vendre leur troupeau initial en brebis viande, pour acheter celui d’un éleveur laitier, ce qui leur a permis de passer à la traite en 2024. « On y songeait, mais disons que ça nous a obligés à aller plus vite ». Pour Bastien Persegol, « la filière laitière offre plus de marge de manœuvre », notamment avec la question de la prédation, présente dans toutes les têtes sur le causse. « C’est très difficile de laisser les brebis dehors », note l’agriculteur.
Si Bastien connaissait l’agriculture, puisque fils de bouchers de la Malène, il a d’abord travaillé quatre ans pour le Fédou, avant de se lancer dans une carrière agricole. « On est venu habiter à Carnac, il y a une dizaine d’années, avec Mathilde. J’allais aider son oncle qui avait une ferme, et ça m’a bien plu, donc j’ai voulu rester dans la filière ». C’est cette première expérience au sein de la laiterie qui lui a donné l’envie de continuer avec le Fédou une fois installé. Et le troupeau que Bastien et Mathilde ont racheté venait déjà du Fédou, ils ont donc continué sur la même lancée. « C’est prendre un risque aussi, quand on s’installe, de partir de zéro ». D’autant plus qu’ils ont dû transformer une partie de la bergerie pour y aménager une salle de traite.
Avant de devenir associée au sein du Gaec Mas-de-Val, Mathilde Richard a travaillé une dizaine d’années dans le secteur des soins à la personne, dans une maison de retraite. Son papa est agriculteur à Meyrueix, en bovin viande. « Depuis que Bastien travaille au Mas-de-Val, j’y allais mes jours de repos, et les enfants réclamaient aussi d’y aller. Donc on y était souvent, mais l’an dernier, quand il est passé à la traite, j’étais plus à l’aise avec ça ». L’agricultrice avouant dans un sourire qu’elle a toujours préféré le lait à la filière allaitante.
Un troupeau en amélioration constante
Désormais, Bastien et Mathilde s’occupent de 340 brebis et prévoient de monter à 350, pour améliorer leur productivité. Les deux associés cultivent 75 hectares de terres, dont 15 hectares de céréales et 6 à 7 hectares de pâturage. Ils ont dans leur visée d’être autosuffisant en fourrage. Si leur première campagne n’a pas atteint les objectifs fixés, Bastien et Mathilde espèrent se rattraper rapidement. « Cette première saison, on est passé un peu à côté. Entre l’arrivée du nouveau troupeau, le changement, l’agnelage a été compliqué et on a eu de la casse ».
Cette deuxième année s’est mieux déroulée : « on réfléchit à comment améliorer la préparation, pour que les brebis soient en pleine forme pour la mise bas. Il faut savoir les rentrer au bon moment pour qu’elles produisent correctement ». Autre piste de réflexion suivie par les associés : l’amélioration de la production de lait par brebis (actuellement à 2,5 litres) et la qualité du fourrage, en passant de l’enrubannage à l’ensilage. Pratiquant une agriculture respectueuse de l’environnement, même s’ils ne sont pas en bio, avec un usage très limité de produits phytosanitaires, Bastien et Mathilde sont fiers de ce qu’ils réussissent à créer chaque jour. « Le fait d’avoir moins d’hectares, ça nous oblige aussi à être plus minutieux ».
Les associés reconnaissent l’avantage d’avoir une laiterie locale qui valorise le lait du Causse. Ils apprécient que la laiterie soit passée à la thermisation, offrant une plus grande sécurité sanitaire. Les associés ont déjà de nombreux projets pour continuer de s’améliorer, techniquement, sur leur exploitation. Mais celui dans lequel ils sont actuellement investis a une importance capitale pour des brebis en bonne santé : l’eau. Ils participent donc au projet mené par la chambre d’agriculture de Lozère, en collaboration avec la communauté de communes et l’agence de l’eau Adour-Garonne, entre autres, pour de la récupération d’eau de pluie. Un chantier qui devrait être terminé d’ici l’an prochain et leur apporter plus de souplesse dans leur organisation.