Interview
Les acteurs économiques des filières doivent appliquer la loi EGALIM 2 pour faire face à la hausse des charges
Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme.
Sabine Tholoniat, présidente de la FNSEA du Puy-de-Dôme.

Le plan de résilience a été présenté la semaine dernière par Jean Castex, quelle réaction cette présentation vous a-t-elle suscitée ?
Nous saluons le fait d’avoir été intégrés, en tant que secteur économique, à ce plan. Néanmoins, si l’on salue les soutiens directs sur l’alimentation animale, les combustibles, l’énergie, la prise en charge des cotisations sociales, on regrette que les propositions soient insuffisantes face à l’envolée des prix. En cette période de reprise des travaux extérieurs, les besoins des agriculteurs sont massifs et beaucoup d’entre eux doivent faire face à une situation financière extrêmement tendue. Abaisser à son maximum la fiscalité du GNR (gazole non routier) via une mesure de compensation aurait permis un appui utile face à l’envolée des prix. Nous appelons à reconsidérer cette demande légitime au regard de l’évolution de la situation pour éviter des conséquences dramatiques sur les exploitations. Nous pensons que les mesures annoncées auraient même dû aller encore plus loin en mettant notamment en place un bouclier énergétique pour l’agriculture, productrice de notre alimentation.
Le ministre de l’Agriculture a appelé l’ensemble des acteurs économiques des filières agroalimentaires pour qu’ils ouvrent de nouveau les négociations de prix afin de tenir compte des hausses de charges, qu’en pensez-vous ?
Nous y sommes plus que favorables ! La Loi EGALIM 2 doit s’appliquer, y-compris et surtout dans ce contexte historique de hausse des charges. Nous appelons donc l’ensemble des acteurs économiques des filières agroalimentaires pour qu’ils ouvrent de nouveau les négociations de prix afin de tenir compte des hausses de charges des agriculteurs. Nous appelons chacun à la responsabilité face à cette situation qui met des pans entiers de la production agricole et alimentaire en danger de disparition immédiate. La loi EGALIM doit être clairement appliquée en déclenchant immédiatement les clauses de renégociations et les clauses de révisions pour prendre en compte à 100 % les indicateurs de coûts de production en forte hausse. L’Etat doit être le garant de cette bonne application et sanctionner les manquements.
Et plus largement ?
Face à l’enjeu stratégique de répondre à la demande alimentaire mondiale, il est impératif d’assurer et de développer la capacité de production de l’agriculture française en levant également des verrous sur la surtransposition des charges. Avoir des prix des produits agricoles qui couvrent les coûts de production était nécessaire. Aujourd’hui, c’est urgent. Et encore plus en temps de crise, nous ne pouvons plus être, seuls, la variable d'ajustement de filières qui se contentaient de nous laisser les restes !!