Le tourisme ne tiendra pas le loup encore longtemps à distance
Richard Randanne, président de la FDO 63 réagit aux chiffres du Comité loup Puy-de-Dôme. Selon l'éleveur de Vernines, il est dangereux de croire que l'activité touristique du département tiendra encore longtemps le loup à distance.
Richard Randanne, président de la FDO 63 réagit aux chiffres du Comité loup Puy-de-Dôme. Selon l'éleveur de Vernines, il est dangereux de croire que l'activité touristique du département tiendra encore longtemps le loup à distance.
Quelle est votre réaction face aux chiffres du dernier Comité loup ?
Richard Randanne : Ces chiffres montrent avant tout une recrudescence des attaques inopinées et inexpliquées. Sur le terrain, nous avons des échanges avec des agriculteurs convaincus que la faune sauvage est responsable de ces attaques. N'oublions pas qu'ils sont les premiers observateurs au quotidien de ce qui se passe dans la nature notamment autour de leurs fermes. L'absence d'explications sur des jeunes bovins de ce qui est à l'origine de leur mort, renforce le sentiment de défiance envers l'OFB. Sur un animal de cette taille, tout laisse à penser que le loup est responsable.
Peut-être, nous éleveurs, devrions-nous nous former à reconnaître les indices pour être présents lors des constatations de l'OFB.
Autrefois, la FDO63 se déplaçait avec les services de l'État pour les attaques de chiens errants. Pourquoi ne pas le faire pour le loup et rétablir ainsi la confiance entre les agriculteurs et l'office ?
À lire aussi : Une première attaque de loup dans le Puy-de-Dôme
Durant tout l'été nos voisins du Cantal, de la Haute-Loire, de la Corrèze et de la Creuse ont été victimes d'attaques de loup de manière régulière. Comment explique-t-on que le Puy-de-Dôme soit encore épargné ?
R.R : Je pense que cette situation ne durera pas. On pourrait croire que l'activité humaine, notamment touristique, tient le loup éloigné. Je pense que c'est faux et dangereux de se reposer là-dessus, d'autant plus au regard de la pression qu'exerce le prédateur chez nos voisins. Le loup est tout proche. Ailleurs en France, il n'hésite plus à se rapprocher des habitations.
Toute la protection mise en place pour préserver l'espèce a fonctionné à double titre : le seuil de viabilité de 500 loups est dépassé depuis longtemps et l'animal se sent dans une situation où il peut se déplacer, prédater et coloniser un territoire sans aucun danger.
Le loup n'est pas plus bête que les autres animaux. Il a appris à ne plus avoir peur de l'Homme puisque nous ne sommes plus une menace. Et quand il arrivera dans le Puy-de-Dôme, notre activité sera bouleversée parce qu'il faudra concilier protection de nos troupeaux et tourisme de masse, dans de petits périmètres (Sancy, chaîne des puys...)
Le déclassement récent du loup est plutôt une bonne nouvelle ?
R.R : C'est une nouvelle qui nous permet d'espérer une régulation plus acceptable. Il faut bien avoir conscience que les éleveurs sont les premiers à subir mais ils n'ont jamais été d'accord pour le retour du loup, ni même consulté. De plus, malgré quelques avancées, plusieurs points essentiels restent bloqués ou menacés. Aujourd’hui, il n’y a aucune évolution envisagée pour modifier le plafond de prélèvement de 19 % et la méthode d’estimation de la population. On continue donc à gérer des prélèvements plutôt que la pression de prédation subie par les éleveurs. De même, les tirs de prélèvements doivent être ouverts à tous les cercles, sans contrainte de date.
À lire aussi : Les attaques pèsent sur les éleveurs du Plateau