Le syndicat des éleveurs salers du Puy-de-Dôme, 50 ans au service de la belle acajou
Le 22 février 1975, une poignée d'éleveurs a créé le syndicat Salers du Puy-de-Dôme, déterminée à préserver et promouvoir cette race rustique qui répondait peu aux critères de productivisme de l'époque. 50 ans plus tard, la nouvelle garde défend encore le drapeau de la belle acajou.
Le 22 février 1975, une poignée d'éleveurs a créé le syndicat Salers du Puy-de-Dôme, déterminée à préserver et promouvoir cette race rustique qui répondait peu aux critères de productivisme de l'époque. 50 ans plus tard, la nouvelle garde défend encore le drapeau de la belle acajou.

Le syndicat des éleveurs Salers du Puy-de-Dôme ou la détermination des éleveurs à préserver la race bovine
S'il est une chose qui ne fait pas défaut à Jean-Paul Fereyrol, c'est bien la mémoire. Malgré ces 80 printemps, l'éleveur à la retraite se souvient avec précision comment avec Jean Champeix et René Brugière, deux éleveurs salers, et avec le soutien de M. Nugier, technicien à la Chambre d'agriculture, ils ont fondé le syndicat des éleveurs salers du Puy-de-Dôme.
L'ambition de ces « amoureux de la race », comme se définit Jean-Paul Fereyrol, était alors de préserver la présence de la salers dans les fermes puydomoises, à une époque où les éleveurs se tournaient vers les races spécialisées, plus productives.
« On nous a dit de produire. La salers traite plafonnait alors, les éleveurs, et moi aussi, nous avons délaissé la race pour acheter des montbéliardes ou des prim'holstein. »

À la création du syndicat, le Puy-de-Dôme comptait 2 000 vaches Salers pour une cinquantaine d'élevages. « Elle commençait à disparaître. De plus, nous n'avions pas à l'époque toutes les contraintes actuelles pour l'identification des animaux (...) le suivi des troupeaux n'était pas aussi fiable que maintenant. »
Cinq décennies plus tard, le syndicat recensait lors de sa dernière assemblée générale, 17 305 vaches salers pour 91 adhérents. La salers est la deuxième race allaitante la plus représentée dans le Puy-de-Dôme, après la charolaise.
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Le concours départemental salers, le cœur battant du syndicat d'éleveurs
La belle acajou ne doit sa préservation en terres puydomoises tant à ses qualités qu'à la volonté de ses éleveurs. Jean-Paul Fereyrol qui fut président du syndicat pendant 20 ans, se souvient des heures passées à flatter ses mérites tant auprès des consommateurs que des éleveurs.
Nous n'avions pas le choix, il faillait se bouger pour préserver la race ! »
Leur première action a été en 1976 de gagner la capitale parisienne pour le Salon de l'Agriculture, avec Jericho. « C'était le premier taureau du Puy-de-Dôme, toutes races confondues, à aller à Paris. »
Rapidement ensuite, le syndicat a organisé le premier concours départemental de la race. L'événement devenu annuel a comptabilisé sa 48e édition cet été à Picherande. Encore aujourd'hui, ce rendez-vous qui rassemble jusqu'à 300 animaux, est central dans la vie du syndicat.
« En 2024, nous avons eu 350 animaux participants ; 250 cette année. C'est une très belle manifestation dont nous sommes très fiers et pour laquelle les adhérents s'impliquent. Nous voulons tous la voir perdurer tant dans le temps que dans sa qualité » explique Romain Priolet, actuel président du syndicat salers.
Après le concours départemental viennent également les participations au Sommet de l'Élevage. Jean-Paul Fereyrol témoigne de la fierté qu'il a ressenti, lorsque ce modeste rendez-vous de l'élevage du Massif Central a vu sa notoriété et ses frontières s'élargir et les salers en faire partie. « Nous étions aux premières éditions du Sommet, dans la boue à Cournon ! Puis quand le Zénith a été construit, nous sommes montés en haut du puy-de-dôme avec une vache salers, accompagnés d'un éleveur limousin et d'un autre en charolais pour promouvoir nos races. »
Le syndicat salers 63, la sélection génétique de la vache salers comme étendard
Les concours et autres expositions d'animaux ont joué un rôle déterminant dans la préservation de la race salers. Au-delà de tisser des liens entre les éleveurs, ils leur permettent de comparer les animaux et d'aguerrir leur œil de sélectionneur.
« On recherchait une bonne gueule, avec des cornes relevées, pas de nez noir, pas de tache blanche et bien sûr un vêlage facile et un bon pis pour faire téter les veaux. Le syndicat a généré un peu plus de compétition entre nous mais dans le bon sens du terme, en tirant les gens vers le haut » explique Jean-Paul Fereyrol.
Aujourd'hui encore, cet état d'esprit demeure au sein de la jeune garde. Bien que la salers ne soit pas épargnée par la baisse généralisée des effectifs bovins, le syndicat a vu augmenter son nombre d'adhérents d'un tiers ces trois dernières années.
« Tous les ans nous avons de nouveaux jeunes » témoigne Romain Priolet pour qui la raison tient en partie dans le départemental, « les éleveurs ont envie de participer à cette manifestation, et notamment les jeunes, pour se construire une première expérience des concours ».
Bien entendu, en 50 ans, le syndicat salers a certes permis de tisser des liens entre les adhérents mais aussi avec d'autres amoureux de la race. Cantal, Haute-Loire, Ardèche, Bourgogne... La salers est présente dans toute la France et qu'importe sa localisation, ils ont le désir commun de faire progresser la race.
« Entrer au Herd Book Salers a permis de faciliter les échanges avec les éleveurs du Cantal pour améliorer la génétique » relate Jean-Paul Fereyrol. Les éleveurs du Puy-de-Dôme travaillent toujours étroitement avec les éleveurs cantaliens mais aussi avec ceux de la Haute-Loire, de Bourgogne, d'Ardèche et bien d'autres.
Avec sa facilité de vêlage et ses qualités maternelles, la salers conquiert les jeunes éleveurs.
Elle a plus que jamais sa place dans le paysage agricole actuel. »
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