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Le syndicat de la Propriété Privée Rurale de l’Allier dresse le bilan

Réunis au Montet pour leur assemblée générale, les membres on pu assister notamment aux interventions de Bruno Keller, président national, ainsi qu’à celle de Patrice Bonnin, président de la Chambre d’agriculture de l’Allier, et de Yannick Martinet, président de la Safer.

© AA03

 

Après la présentation du rapport moral et financier présenté par Stephen de Reilhac, président du syndicat pour le département, Bruno Keller, le nouveau président national, a pris la parole pour dresser un bilan plus global. En commençant tout simplement par des chiffres significatifs : 4 millions de propriétaires privés en France, sur 28 millions d’hectares, 168 milliards de capital immobilisé : des chiffres qui prouvent que la propriété privée doit être considérée comme un acteur majeur de l’économie française.

Changer de paradigme

Cependant, pour Bruno Keller, il faut changer de paradigme. L’image du propriétaire, statique, qui possède des hectares et qui encaisse de modestes fermages, doit changer. Le risque est que personne ne veuille reprendre des biens si cette idée perdure. Que ferait un jeune qui aurait le choix entre une propriété de 100 hectares et un portefeuille d’actions d’une valeur de 100 000 euros ?... la réponse laisse peu de doutes. « Le propriétaire privé doit absolument devenir un acteur de la ruralité, un véritable entrepreneur. Il faut multiplier les sources d’actions en dehors du fait d’encaisser des fermages. Il faut être un inventeur d’idées. Mais je crois fondamentalement qu’il faut que l’on change cette vision du propriétaire si nous voulons assurer la transmission de notre patrimoine. Ce qui est pour beaucoup d’entre nous une cause essentielle, et si nous voulons être respectés. » Le propriétaire a en effet une fonction extraordinairement importante, c’est un apporteur de capitaux formidable. Aujourd’hui malheureusement, insiste le président, beaucoup d’exploitants agricoles ont envie d’acheter leurs terres. « C’est louable, dit il, mais économiquement pas forcément justifié ». Effectivement, dans beaucoup d’entreprises, il existe deux types de financements, le financement des biens d’exploitation et le financement du long bilan et du long terme. Aujourd’hui un jeune exploitant agricole qui s’installe doit déjà financer son cheptel, son matériel… il s’endette déjà de plusieurs centaines de milliers d’euros, pourquoi s’endetter en plus avec le foncier… Pour ce faire il faut redonner de l’attractivité à l’investissement foncier. Il faut garder également en tête que 160 000 agriculteurs vont partir à la retraite dans les 10 ans à venir. Avec une surface d’exploitation moyenne de l’ordre de 60 euros, c’est 10 millions d’hectares qui vont se trouver libres. La question est de savoir ce que vont devenir ces hectares. Des friches ? il faut espérer que des personnes aient envie d’être investisseurs.

Une nouvelle dynamique

Bruno Keller a manifestement lancé une belle dynamique, après trois années de présidence. La courbe des adhérents remonte, et le syndicat est présent dans toutes les commissions où il peut les représenter, ce qui n’était pas le cas auparavant : commissions techniques, conseils d’administrations des Safer, discussions dans les PLOA (Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles) en cours, tant au niveau national que régional. Ainsi que dans les commissions biodiversité pour faire valoir le droit à une écologie raisonnable, au service de l’homme et non dogmatique. En ce qui concerne le rapport du CGAAER (Conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux), il y est exactement dit ce que le syndicat propose, en ce qui concerne les statuts du fermage. Toute la question est de savoir maintenant si cela va déboucher ou non. Est-ce que le gouvernement aura envie de présenter une loi foncière, est il capable d’avoir une majorité pour la voter, quel gouvernement la présentera. Le syndicat est aussi présent dans les commissions biodiversité pour faire valoir le droit à une écologie raisonnable, au service de l’homme et non dogmatique.Beaucoup de temps est consacré pour faire bouger et avancer les choses, ainsi que les mentalités.

Une conclusion forte

« Si nous voulons maintenir une France nourricière, compétitive, et garantir la souveraineté alimentaire de la France (nous importons aujourd’hui 50 % des poulets, 40% des légumes, 65 % des fruits, 25 % de la viande). Si nous voulons attirer des jeunes vers l’agriculture (30 % des 390 000 exploitants vont partir à la retraite d’ici 10 ans et ¼ des futurs exploitants viendra du monde non agricole). En leur offrant un niveau de rémunération suffisant, sans qu’ils ne soient face à des investissements à l’installation démesurément lourds notamment liés à l’acquisition du foncier. Si nous voulons encourager un foncier vertueux, capteur de carbone, contribuant au développement de la biodiversité, de l’agroforesterie, du stockage de l’eau. Si nous voulons éviter que le foncier ne trouve pas preneur et se transforme en friche, bien loin de tout concept de biodiversité, en décourageant la génération qui suit de rester comme nous le sommes, investisseurs dans la terre agricole, ou de décourager tout nouvel investisseur : Il faut que nous bâtissions un nouveau partenariat propriétaire-bailleur, basé sur quatre éléments :

- créer les conditions de sécurité du preneur en lui permettant d’investir sereinement, en généralisant le bail de 25 ans.

-garantir l’attractivité de l’investissement dans le foncier, outil indispensable à la ferme France en l’exonérant de l’IFI comme tout outil de production.

- inciter à louer a des jeunes agriculteurs en exonérant les propriétaires des taxes foncières des terres qui leurs sont louées, et par conséquent aussi le preneur qui supporte une partie de la taxe foncière. (cela existe dans de nombreux pays européens).

- assouplir davantage la relation contractuelle, le choix du preneur étant libre à la signature du bail et à chaque fin de bail. Quelle que soit la durée, comme dans toute location.

Alors, si nous réussissons à mettre en place ce nouveau partenariat, nous aurons créé les conditions du renouveau de la Ferme France. »

Intervention du Président de la Chambre d’agriculture de l’Allier

Patrice Bonnin, Président de la Chambre d’agriculture de l’Allier, a été ensuite invité à prendre la parole. Pour lui, il est illogique que la propriété ne soit pas représentée dans les instances d’installation et les commissions. « Quelque part c’est une hérésie ». Or l’Allier est peut être un exemple à prendre. De bonnes choses s’y font, des discussions sont faites en amont. Pointant les quelques sujets qui peuvent être des points de désaccord avec le syndicat, comme par exemple l’agrivoltaïsme, Patrice Bonnin, préfère retenir les dossiers qui avancent. Le travail en bonne intelligence. La discussion fructueuse. Malgré tout il défend ses positions. « Si un président de Chambre d’agriculture ne défend pas ses ressortissants, ceux par qui il a été élu, qui va les défendre ? Je suis là pour défendre l’agriculture, je suis là pour défendre les agriculteurs, et leurs revenus. Mais nous ne sommes pas fermés. Je ne voudrais pas que cela soit le sujet qui nous sépare parce que nous avons tellement de choses qui doivent nous rapprocher. Or le grand sujet qui doit nous rapprocher, c’est celui de la propriété rurale ». Il a bien insisté : « Je vous assure que nous sommes attaqués de tous côtés. Tout le monde le constate, que cela soit votre syndicat, celui des étangs, les forestiers, si nous ne défendons pas notre propriété rurale. Nous devons défendre notre droit, parce que lorsque l’on vient nous dire ce que nous devons faire ou ne pas pas faire sur nos biens, nous sommes quelque part encore chez nous ! Et lorsque l’on classe des zones natura 2000, et autres classements qui s’empilent, lorsque l’on fige les sols, que l’on a plus le droit de labourer, plus rien… quelle valeur le foncier aura-t-il demain ? Alors rassemblons-nous sur ces sujets qui nous concernent tous. Ne nous trompons pas de combat. Parce que nous voulons une France qui investit, qui ose croire en son avenir et qui défend ses intérêts par rapport à l’Europe. »

Intervention de Yannick Martinet, Président de la Safer

Yannick Martinet, Président de la Safer, et élu de la Chambre d’agriculture de l’Allier, est ensuite intervenu pour clarifier certains points. Soulignant qu’il agit toujours avant tout en tant qu’agriculteur, et que lorsqu’il agit, c’est toujours avec une pensée de terrain et de profession. Lui aussi a insisté sur le rôle de la discussion, dans un département où le rapport avec le foncier est très divers. « Il faut mettre les choses en commun, les Jeunes Agriculteurs, la Chambre, les propriétaires. Nous avons toujours eu un bon rapport avec le syndicat. Nous ne sommes pas toujours d’accord, et nous nous le disons toujours franchement et clairement. Mais nous arrivons toujours à discuter et à trouver des solutions. »

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