Conférence
Le syndicalisme agricole dans le Puy-de-Dôme : 45 ans de débats
C’est ce sujet passionné qui était abordé à l’occasion d’une table ronde réunissant historien et acteurs de cette époque.


«Le syndicalisme dans le Puy-de-Dôme, de 1864 à 2011 », est avant tout une exposition organisée par le Conseil général. Mais en parrallèle, la collectivité organise une série de conférences sur des points précis de cette histoire passionnante. Le 17 février 2011, à l’amphithéâtre de l'Ecole de Commerce de Clermont-Ferrand, Fabien Conord, Bernard Favodon et Michel Thouly intervenaient sur le syndicalisme agricole dans le Puy-de-Dôme.
Le Puy-de-Dôme, un département singulier
Fabien Conord, professeur agrégé d’histoire à l’Université Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, le rappellait, « A partir des années 50, le syndicalisme agricole du Puy-de-Dôme ne suit plus le schéma national».
Des premiers barrages routiers organisés par le Comité de Guéret, jusqu’aux oppositions de fonds entre les tenants des « prix » et ceux des «structures », le syndicalisme agricole du Puy-de-Dôme se forge son identité si particulière. Elle se caractérise par la coexistence de deux courants syndicaux également puissants, situation quasi unique en France, qui s’affrontaient vigoureusement à travers leur journal respectif l’Auvergne Agricole et le Paysan d’Auvergne.
De grandes victoires et quelques traumatismes
Bernard Favodon, président de la Fdsea de 1983 à 1998, revenait sur des épisodes historiques marquants, en insistant sur l’âpreté de la lutte syndicale entre la Fdsea et l’Udsea. L’exclusion de la Fdsea et son « isolement » dans le concert des organisations agricoles sont soulignés par le syndicaliste. Il rappelait également la culture d’ouverture de la Fdsea vers le monde ouvrier et la société en général, son rattachement à la Confédération Paysanne et ses luttes aux côtés des partis de gauche pour imposer à la Fnsea le pluralisme syndical.
Les élections à la Chambre d’agriculture de 1983 marque un tournant significatif dans cette histoire syndicale mouvementée. L’Udsea du Puy-de-Dôme remporte les élections en devenant majoritaire au sein du collège des exploitants. Depuis, les agriculteurs du Puy-de-Dôme renouvellent leur confiance à l’Udsea à l’occasion de ce scrutin très disputé. Mais il faudra attendre 2007, pour que l’écart se creuse significativement entre les deux syndicats (+ 12 % en faveur de l’Udsea).
« Le courage de changer »
Michel Thouly, représentant l’Udsea à la table ronde revenait longuement sur les valeurs portées par le syndicat. Confronté à la nécessité de moderniser l’exploitation ou de la voir disparaître, il insistait sur l’esprit qui animait les responsables Udsea des années 60. « On a choisi de se rebeller ! » dit-il. « On a cherché des moyens pour s’en sortir et beaucoup de solutions étaient collectives » rappelait Michel Thouly en insistant sur l’esprit qui animait cette génération autour du développement, de la formation, du mutualisme et de la coopération. Patrick Trillon rappelait également l’émergence de l’agriculteur comme acteur économique à part entière et le rôle du syndicat pour l’aider à y parvenir. Cet esprit de responsabilité est toujours la marque de fabrique de l’Udsea et Jacques Chazalet en rappelait le prix à payer « c’est toujours plus difficile de dire la vérité aux gens ! ».