Le sous-directeur de l’APCA tord le cou aux discours alarmistes
Devant les élus de la Chambre d’agriculture, Lucien Bourgeois, sous-directeur de l’APCA, a tordu le cou aux discours alarmistes sur l’avenir de l’agriculture.
“L’agriculture dans une situation plutôt favorable”
“Je suis toujours frappé de voir à quel point le milieu agricole a tendance à prendre au pied de la lettre les discours alarmistes ou fatalistes”, souligne Lucien Bourgeois, selon qui il faut bien admettre que l’agriculture française se trouve au contraire aujourd’hui dans une situation plutôt favorable après les “retournements de tendance de 2006”. Il évoque d’abord l’échec des négociations à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en constatant que, même les Etats-Unis, chantre du libre échange, ont jeté l’éponge face à la résistance de l’Union européenne sur les questions agricoles. Ce qui lui paraît être un bon signe. L’ouverture des frontières tant redoutée n’a donc pas eu lieu, et les cours de la viande bovine sont restés bons tout au long de l’année. Tandis que le prix des céréales s’est envolé de 60 % sous l’effet d’une réduction de 5 % de la production mondiale, liée en grande partie à la canicule sur l’Europe, qui reste le premier producteur mondial de blé.
“Il y aura toujours besoin d’une politique agricole”
Lucien Bourgeois se montre d’autre part rassurant sur l’avenir de la Politique agricole commune et des soutiens publics : “Ce n’est pas demain la veille qu’on pourra se passer d’une politique agricole. On pourrait à la limite l’appeler autrement, mais on aura toujours besoin au moins d’une politique alimentaire qui aura des incidences sur la production agricole... Et qu’on ne nous raconte pas que le marché peut résoudre tous les problèmes”. Car l’agriculture est un secteur sensible aux aléas climatiques notamment, qui ne peut se passer d’une régulation par les pouvoirs publics : “Je dis souvent que chacun d’entre nous mange trois fois par jour et qu’il faut un an pour produire un grain de blé... et c’est quelque chose qui n’est pas prêt de changer”. Pour des raisons de sécurité dans l’approvisionnement alimentaire, les gouvernements ne pourront donc jamais, selon lui, laisser tomber les agriculteurs. “C’est pourquoi, quand on me demande dans les écoles si l’agriculture est un secteur d’avenir, je n’ai aucune angoisse à encourager un jeune à rentrer dans une formation agricole ou à s’installer... Je n’en dirai pas autant si on me posait la question pour des secteurs comme l’automobile, le textile ou la sidérurgie”, remarque-t-il.