Le puydomois Alexandre Carcouet élu président de la FFCB
Alexandre Carcouet, négociant en bestiaux dans le Puy-de-Dôme a été élu président de la Fédération Française des Commerçants en Bestiaux (FFCB) pour un mandat de trois ans. Il devient ainsi à 41 ans le plus jeune négociant à la tête de la fédération et le premier auvergnat.
Alexandre Carcouet, négociant en bestiaux dans le Puy-de-Dôme a été élu président de la Fédération Française des Commerçants en Bestiaux (FFCB) pour un mandat de trois ans. Il devient ainsi à 41 ans le plus jeune négociant à la tête de la fédération et le premier auvergnat.
Vous prenez la tête de la FFCB à un moment de l'histoire de l'élevage bovin français des plus compliqué…
Alexandre Carcouet : Nous vivons effectivement un moment extrêmement compliqué. Je suis heureux de pouvoir compter sur mon expérience puisque je suis également président de la fédération des commerçants en bestiaux d’Auvergne-Rhône-Alpes et je siège au comité régional d’Interbev (interprofession). J’ai aussi été président de la commission « Jeunes » de la FFCB de 2013 à 2020. Je tiens à porter une vision plus collégiale de la gouvernance de la fédération. Sur cette mandature, 4 vice-présidents ont été élus pour m’épauler dans ma tâche.
Quels sont les rôles et missions de la FFCB ?
A.Carcouet : La FFCB a pour mission de défendre la profession de négociants bestiaux privés. Elle a un rôle d'accompagnement des entreprises et mène des réflexions sur diverses stratégies commerciales et sanitaires pour valoriser au mieux les bêtes des éleveurs, leur assurer un revenu et pérenniser l’élevage.
Les négociants sont face aux enjeux actuels et futurs de l'élevage français. Nous avons pas mal de défis à relever, notamment celui du renouvellement des générations d'éleveurs et des négociants, il ne faut pas l'oublier. Nous commercialisons aujourd'hui des animaux qui ont pris 40 à 100 % de valeur. Les besoins en fonds de roulement de nos entreprises sont démultipliés. Nous devons régulièrement négocier avec nos partenaires bancaires. Notre métier a changé.
Les enjeux économiques sont devenus énormes et demandent encore plus de technicité et une vision beaucoup plus entrepreneuriale (financement, RH…).
Faut-il comprendre que l'augmentation des prix de la viande bovine vous est préjudiciable ?
A.Carcouet : Absolument pas, au contraire, notre profession se félicite de l'augmentation du prix du bétail. S'il n'y a plus d'élevage demain, nous disparaîtrons.
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Quel regard portez-vous sur le marché actuel de la viande bovine ?
A.Carcouet : Le marché est certes porteur mais il reste fragile, notamment sur la partie export. Nous sommes à la merci du contexte sanitaire. Le marché de la viande reste malgré tout plus visible. La décapitalisation occasionne un manque d'offre en France mais aussi dans toute l'Europe. Les industriels doivent toujours faire tourner leurs outils. Nous craignons, comme les éleveurs, de voir arriver de nouveaux concurrents demain, avec des produits beaucoup moins chers. Face à cela, heureusement qu'aujourd'hui nous avons des réseaux de production qualitatifs qui sont mis en avant.
Au sein de la FFCB, notre leitmotiv est de préserver la souveraineté alimentaire de notre pays, en pérennisant l'élevage français et en relevant ses défis.
La DNC est l'un de ces défis. Quelle est la position de la FFCB ?
A.Carcouet : Nous ne prenons pas de position sur la maladie. Quelle que soit la stratégie mise en place pour lutter contre la DNC, notre rôle est de protéger le commerce. Demain, si la vaccination totale du cheptel français est exigée : tout l'export sera bloqué. La FFCB essaie d'être dans la prévision. Nous essayons de construire des stratégies avec nos clients italiens et espagnols pour maintenir le commerce en cas de vaccination. Il faudra fluidifier au maximum les exports pour qu'il n'y ait pas de surstock d'animaux en ferme. L'objectif est de pérenniser le revenu des éleveurs et l'avenir de nos entreprises. Notre préoccupation première est la poursuite du commerce.
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Il semblerait, d'après le ministère de l'Agriculture, que certains cas de DNC se sont déclarés à la suite de transports d'animaux non autorisés. Condamnez-vous ces manquements ?
A.Carcouet : Nous sommes plus que clairs avec nos adhérents : le respect des directives et des restrictions doit être total. Il faut bien être conscient que dans cette crise, les éleveurs sont en très grande difficulté mais nos entreprises aussi.
Nous avons des négociants, sur la zone des Savoies notamment, qui ne travaillent plus, ou très peu, depuis le mois juin. Certaines entreprises sont au bord de la fermeture.
Ma position est donc, encore une fois, très claire : la FFCB condamne fermement les personnes qui n'ont pas respecté et qui ne respecteront pas les restrictions de mouvements des bovins, qu'importe la raison.
Qu'avez-vous à répondre aux accusations des éleveurs envers certains négociants qui profiteraient de la DNC pour tirer les prix vers le bas ?
A.Carcouet : Toutes les négociations en cours avec les autorités sanitaires et les clients sont faites afin d'éviter la baisse des cours des animaux. Alors oui, il y a eu une légère baisse du prix mais au regard de la situation actuelle, il aurait pu baisser encore plus. Le sujet des relations entre les négociants et les éleveurs ont changé. Les éleveurs sont désormais aussi bien informés, voire mieux que nous des cours.
Notre intérêt commun est de maintenir l'élevage dans nos territoires.
En tant que président de la fédération, je veux qu'on sorte de l'image du maquignon. Nous travaillons main dans la main avec les éleveurs parce que chacun a besoin de l'autre. Notre relation va bien plus loin que celle de client /fournisseur.
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