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Manifestation
Le projet communal enflamme les agriculteurs

Les jeunes agriculteurs du Puy-de-Dôme se sont regroupés à Saint-Clément-de-Régnat pour dénoncer l’implantation d’un parc photovoltaïque au sol.

«Oui à l’agriculture, non au solaire dans les champs. » Le slogan des JA annonce la couleur. Le 27 septembre dernier à Saint-Clément-de-Régnat, en Limagne Nord, ils ont dit non au parc photovoltaïque au sol. Initié par le conseil municipal de la commune, ce projet est envisagé sur une parcelle en friche de 3,5 ha. Une terre qui pourrait être exploitée par un jeune agriculteur d’où la grogne du syndicat.

 

Energie solaire en pleine terre

Ils étaient une vingtaine de jeunes agriculteurs de l’inter canton de Limagne Nord à s’être déplacés. Ils ont été alertés par Rémy Petoton en cours d’installation sur la commune. Dans 3 mois, il sera officiellement chef de sa propre exploitation agricole. Bien que sa famille ait des terres sur la zone, il ne connaît que trop bien les difficultés et les coûts que représente leur acquisition. Alors quand il a su qu’un parc photovoltaïque, sur une surface de 3,5 ha de terres arables, allait être construit il a donné l’alerte. « L’empiètement sur les terres agricoles est déjà très fort. Nous subissons, et ce dans toute la Limagne, au nord comme au sud, la concurrence de l’urbanisation. Si en plus, maintenant, nous devons subir également la pression des projets de photovoltaïque au sol, la situation deviendra vite insoutenable. Certes, la parcelle est communale mais cela n’empêche pas qu’elle peut être exploitable une fois défrichée. J’ai alerté le syndicat des JA afin qu’il dénonce ce genre de décision qui met notre métier en péril. » Les JA, soutenus par l’UDSEA, ont vite pris l’affaire en main non pas pour protester contre les énergies renouvelables mais contre l’utilisation détournée des terres agricoles. Bien que la commune ait affirmé que cette parcelle était inexploitable, les jeunes agriculteurs persuadés du contraire, l’ont prouvé. Le 27 septembre dernier, c’est avec leurs tracteurs et leurs outils qu’ils manifestaient leur mécontentement sur la parcelle destinée à l’énergie solaire.

 

Une terre cultivable

«Nous nous opposons au projet en labourant cette parcelle. Nous voulons prouver aux élus locaux que cette terre, dont ils sont propriétaires, pourrait un jour accueillir du blé ! Nous défendons à 100% les énergies renouvelables mais sur les toits des bâtiments et non sur des terres arables » scande Damien Valleix, président des JA du Puy-de-Dôme. Alors, armés de leurs tracteurs, les JA du Puy-de-Dôme ont labouré, non pas pour rassembler les foules, mais faire changer les choses. Curieusement, sous l’épaisse couche d’herbe, ils ont mis à nu une terre limoneuse. Certes, pas l’une des meilleures mais capable d’accueillir des céréales avec un rendement plus que satisfaisant. Etienne Faure, jeune agriculteur du village en sait quelque chose. Depuis son installation en 2011, il cultive la parcelle juste à côté de celle destinée au parc photovoltaïque. « La parcelle que je travaille était aussi en friche au moment de l’achat. Chaque année, j’utilise du gasoil pour la travailler. Si ce n’était pas une bonne terre, je ne gaspillerais pas mon argent à le faire ! Sur cette parcelle, mon blé pousse très bien et m’apporte un revenu. Alors pourquoi celle du parc photovoltaïque ne pourrait-elle pas en faire autant ? Les personnes qui ont dit qu’elle était inexploitable ne sont pas du métier et n’ont demandé l’avis d’aucun professionnel. »

 

Stop au gaspillage

Dans trois semaines, l’enquête publique du projet sera rendue. Les JA du Puy-de-Dôme espèrent que leur mobilisation sera entendue et que le projet sera abandonné. « Nous craignons qu’avec la construction de ce parc photovoltaïque il y ait des précédents sur l’ensemble du département. La pression foncière est déjà suffisamment élevée, les jeunes agriculteurs n’ont pas besoin de cette concurrence en plus. Nous ne voulons pas que la réalisation de ce parc donne des idées à d’autres propriétaires. J’espère que notre manifestation permettra d’éveiller les consciences et de tout arrêter » explique Damien Valleix, président des JA.

La manifestation s’est poursuivie jusqu’en fin de matinée. Les jeunes agriculteurs ont attendu les conseillers municipaux, cordialement invités à les rejoindre sur la parcelle pour ouvrir le débat. Malheureusement, ces derniers ne se sont pas déplacés. Pourtant, Damien Valleix avait des propositions à leur faire. « Ils peuvent très bien renoncer en partie à ce projet. Leurs panneaux photovoltaïques, ils peuvent les installer sur les toits de la mairie, de l’école et de la salle des fêtes.»

 

« Les agriculteurs n’ont pas besoin de cette concurrence supplémentaire »

Christian Liabeuf, président de la SAFER Auvergne, réagit aux projets de parcs photovoltaïques au sol sur le département. En effet, il n’y a pas qu’à St-Clément-de-Régnat que des terres arables sont détournées de leur utilisation.

 

« La pression foncière sur l’ensemble du département du Puy-de-Dôme est de plus en plus importante. A la SAFER, nous avons des dossiers sur lesquels il y a 10 à 15 candidats, et souvent pour une seule parcelle. Alors non, non et non à ces projets de parcs photovoltaïques au sol ! Il ne faut pas aggraver ce phénomène de pression foncière. Nous ne devons pas mettre le doigt dans cet engrenage. Je peux comprendre les propriétaires privés qui sont attirés par le gain, mais de la part d’une commune c’est scandaleux. Une collectivité doit réfléchir au-delà de l’économique et penser plutôt aux biens de ses habitants et de ses agriculteurs. Alors que la plupart des communes du département ont pris conscience qu’elles pouvaient se développer en consommant moitié moins de surface, c’est une grosse responsabilité de la part de cette commune de réaliser un tel projet. A la SAFER Auvergne, nous défendons la terre aux agriculteurs et le développement rural réfléchi et contenu. Je le redis, autoriser un tel projet c’est, de nouveau, ouvrir la porte au gaspillage des terres agricoles.»

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