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Interview
"Le prix est au cœur de notre combat !"

Thierry Chirol, président de la FDPL63.

Thierry Chirol, président de la FDPL63.
Thierry Chirol, président de la FDPL63.
© Auvergne Agricole

Thierry Chirol, producteur de lait à Cisternes la Forêt en système herbager (320 000 litres de lait collectés par la coopérative Coopal), est le nouveau président de la Fédération départementale des producteurs de lait du Puy-de-Dôme. Hausse des matières premières et prix du lait atone inquiètent les producteurs.

Comment se dessine cette rentrée syndicale pour les producteurs de lait ?
On assiste à une envolée des prix des aliments, de l’énergie, des engrais et des services, sans précédent depuis 2010 et, dans le même temps, à une stagnation du prix du lait. L’indice Ipampa lait de vache est à + 8,1% sur un an quand le prix du lait n’a progressé que de 1,5%. Malgré les espoirs que nous avions sur la loi EGAlim, les coûts de production ne sont toujours pas pris en compte dans la constitution du prix. Les entreprises laitières et la grande distribution se renvoient constamment la balle et les producteurs sont  encore et toujours la variable d'ajustement. Même si cette année nous avons eu du fourrage en quantité, par rapport aux deux années précédentes, sa qualité reste toutefois moyenne. Nous allons devoir le complémenter davantage avec des aliments dont les coûts sont en train d'exploser, je pense particulièrement au tourteau non OGM hors de prix cette année. Cette augmentation des charges non répertoriée sur le prix au producteur impacte significativement les trésoreries, remettant en question la pérennité du métier pour un grand nombre d’éleveurs. Le prix est donc au cœur de notre combat.

Des charges en hausse, un prix qui n'évolue pas... ce n'est pas très engageant pour les jeunes qui souhaiteraient s'installer en production laitière ?
Effectivement c'est un mauvais signal qu'on leur renvoie... Nous sommes très inquiets sur le renouvellement des générations qui va être important d'ici quelques années. Au sein de la Coopal par exemple, nous sommes à 56 ans de moyenne d'âge.
Avec ce contexte économique, comment peut-on donner envie à des jeunes de s'installer en lait ? C'est une production, qui par ailleurs, demande de gros investissements notamment en bâtiments. Or, là aussi, les prix des matières pour la construction sont en train de s'envoler ; on parle de 12 000€ la place de vache laitière aujourd'hui, c'est ahurissant ! Quel jeune pourra faire face à des investissements pareils ? Avec un prix du lait plancher minime et des charges de production et de construction aussi élevées, l'équation est impossible à résoudre. Et je ne sais pas si les banques suivront...

Comment sortir de cette spirale infernale ?
Depuis 2018, date d'entrée en vigueur de la loi Egalim, nous travaillons sans relâche à la FNPL pour la prise en compte du prix de revient dans les formules de prix du lait payé jusqu’aux producteurs. L’année 2019 avait suscité de l’espoir, une première marche ayant été franchie. Mais depuis,  transformateurs et distributeurs freinent des quatre fers, utilisant parfois la crise du Covid comme prétexte... Alors que le président Macron avait fait des Etats généraux de l'alimentation et de la loi qui a suivi un marqueur fort de son quinquennat, on constate aujourd'hui que c'est un échec. On nous promet l'amélioration avec l’entrée en vigueur de la loi EGAlim2, mais les producteurs sont désabusés. On le voit bien, à la veille de l'ouverture des négociations commerciales 2022, les transformateurs et la grande distribution n'ont pas du tout envie de rentrer dans les rangs. Sodiaal, par exemple, qui depuis plusieurs années, pousse les agriculteurs à passer en bio, n'a pas trouver mieux aujourd'hui que de déclasser le lait biologique en lait non OGM et d'appliquer une baisse sur le prix payé au producteur.
Cette explosion des charges met en évidence l'urgente nécessité du respect entier et immédiat de la loi EGAlim de 2018.

 

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