Le Président de la Chambre d’agriculture de l’Allier s'exprime.
Communiqué de Patrice Bonnin, Président de la Chambre d’agriculture de l’Allier.
Quand la DDT exprime son soutien …
À l’ouverture du mail adressé, la semaine dernière, à tous les agriculteurs de notre département par la DDT de l’Allier, chacun d’entre nous s’attendait, a minima, à un message ainsi formulé: « En cette période de crise sanitaire que traverse notre pays, et, a fortiori, notre département lui-même très agricole, nous tenions à vous informer que nos services administratifs restent mobilisés à vos côtés pour vous accompagner du mieux possible dans votre activité professionnelle et répondre à vos éventuelles questions.»
Au lieu de cela, nous avons tous découvert un mail circonstancié sur le rappel des règles applicables à la gestion des haies (BCEA7) et les sanctions applicables en cas de non-respect des modalités de maintien ou entretien des haies pouvant « aller jusqu’au non-paiement de l’ensemble des aides PAC pour la campagne contrôlée ».
Je me ferai donc ici le porte-parole et le soutien d’une profession, des présidents des syndicats FNSEA 03 et JA 03 et de tous les agriculteurs du département, choqués par ce mail, pour transcrire, en termes courtois et élégants, les réactions que j’ai pu recueillir et auxquelles je souscris pleinement en tant que président de la Chambre d’agriculture de l’Allier :
- à l’heure où à la fois le Président Macron et le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, n’ont de cesse de répéter que l’alimentation est un secteur prioritaire, stratégique, dont la continuité est plus que jamais nécessaire,
- à l’heure où toute la profession se mobilise pour faire en sorte que les producteurs locaux puissent avoir accès aux marchés locaux pour continuer de nourrir leurs concitoyens au plus près de leurs lieux d’habitation et dans le respect des nouvelles consignes sanitaires,
- à l’heure où les agriculteurs de notre département, poursuivent coûte que coûte leur activité et se demandent quotidiennement si leurs structures partenaires, coopératives ou privées, fournisseurs ou clients de l’agriculture, pourront tenir le choc dans la durée, que ce soit, sanitairement, logistiquement, socialement et économiquement,
-à l’heure où tous ceux qui accompagnent et conseillent les agriculteurs, dans leurs démarches administratives, comptables, sociales et règlementaires se démènent pour s’adapter au contexte et cherchent ensemble des solutions pour que, notamment, la campagne de déclaration PAC ouverte au 1er avril, se réalise dans des conditions les moins dégradées possibles …
À cette heure donc, notre administration de tutelle attaque son « 110 mètres haies » sur la déclaration PAC par un rappel à la règlementation et les lourdes sanctions, consécutives aux contrôles sur place, pouvant être mises en œuvre, sur un sujet jugé, par elle-même, de première importance dans le contexte actuel.
Nous sommes d’autant plus circonspects qu’il est aujourd’hui quasiment certain que nous sommes le seul département de la région AURA à avoir reçu ce type de message. Une exception régionale dont nous nous serions bien passés en ces moments suffisamment laborieux, pour nous, comme pour tous ceux qui continuent à travailler. Nous ne devrions pas avoir à subir, en plus, cette « mise en pression » administrative !
Autant dire que nous sommes plus qu'exaspérés, par cette communication administrative, en forme de rappel à la loi ; une communication déplacée, décalée, limite indécente, dans ce contexte si particulier. Il serait bien que ce confinement soit mis à profit pour établir un agenda administratif, si ce n’est celui de la communication, au moins celui des priorités.
Patrice Bonnin,
Président de la Chambre d’agriculture de l’Allier.